Ford retire son programme de crédit d’impôt de 7 500 $ pour les véhicules électriques loués, misant sur d’autres incitations commerciales.
Ford change de cap sur les incitations fiscales aux États-Unis
Ford Motor Company a confirmé, le 9 octobre, qu’elle ne poursuivrait pas son programme permettant d’appliquer le crédit d’impôt fédéral de 7 500 dollars aux véhicules électriques (VE) loués. Cette mesure avait initialement pour objectif de compenser la disparition de la subvention fédérale directe, expirée le 30 septembre. Le constructeur américain comptait s’appuyer sur sa filiale financière, Ford Credit, pour acheter les véhicules dans les stocks des concessionnaires, réclamer le crédit d’impôt, puis l’intégrer dans des offres de location plus attractives.
Mais Ford a finalement décidé de renoncer à cette stratégie. Un porte-parole du groupe a précisé : « Ford ne réclamera pas le crédit d’impôt pour les véhicules électriques, mais maintiendra les paiements de location compétitifs que nous avons sur le marché aujourd’hui. » La marque entend ainsi rester présente dans la course au véhicule électrique tout en évitant les risques associés aux évolutions réglementaires incertaines.
Cette décision intervient dans un contexte délicat pour l’industrie automobile électrique, confrontée à un ralentissement relatif de la demande et à une pression croissante sur les marges. Pour Ford, il s’agit d’un repositionnement tactique visant à préserver la rentabilité tout en continuant à soutenir la demande via d’autres leviers commerciaux.
Maintien des offres commerciales pour l’achat de véhicules
Si le constructeur renonce à exploiter l’avantage fiscal pour ses locations, il conserve en revanche un ensemble d’offres incitatives à l’achat, en particulier pour les particuliers souhaitant financer un véhicule électrique. Ford Credit continue de proposer un financement à taux zéro sur 72 mois, accompagné d’autres promotions destinées à faciliter l’acquisition de modèles électriques.
Ce choix met en lumière les deux axes que Ford privilégie désormais pour soutenir les ventes de ses VE : des conditions de financement compétitives pour l’achat direct, et un positionnement tarifaire ajusté pour les locations, sans s’appuyer sur le crédit d’impôt fédéral.
Cette nouvelle orientation contraste avec les déclarations passées de certains dirigeants du groupe. Jim Farley, PDG de Ford, avait en effet mis en garde contre un possible ralentissement des ventes de véhicules électriques en l’absence de subventions fiscales. Ce risque reste présent, d’autant que les coûts de production des VE restent élevés, notamment en raison des prix des matières premières et des investissements massifs nécessaires à l’électrification de la gamme.
Ford doit également composer avec un environnement réglementaire mouvant. L’interprétation des règles fiscales par l’Internal Revenue Service (IRS), l’agence américaine chargée des impôts, a contribué à alimenter l’incertitude autour de l’éligibilité des constructeurs au crédit d’impôt. Dans ce contexte, renoncer au programme peut être vu comme une mesure de prudence visant à éviter tout litige ou redressement fiscal ultérieur.
Une approche indépendante qui marque un repli stratégique
En abandonnant l’idée d’intégrer le crédit d’impôt aux offres de location, Ford prend ses distances avec une stratégie adoptée par plusieurs concurrents du secteur. Des constructeurs comme Hyundai ou Stellantis ont préféré compenser la perte du crédit d’impôt par des remises en espèces directes ou des promotions ciblées, notamment sur des modèles spécifiques.
Ford avait opté pour une voie différente, misant sur la location pour élargir l’accès à ses véhicules électriques, tout en utilisant une structure financière pour maintenir l’avantage fiscal indirectement. Cette méthode, désormais écartée, montre les limites des montages financiers face aux incertitudes réglementaires.
Le retrait du programme pourrait affecter la compétitivité de Ford sur le segment de la location, qui représente une part importante des immatriculations de VE sur certains marchés. Les clients qui privilégient la flexibilité ou qui hésitent encore à s’engager dans l’achat d’un véhicule électrique risquent de se tourner vers des offres concurrentes bénéficiant encore d’un avantage prix.
Enfin, bien que Ford affirme vouloir rester compétitif, l’absence du crédit d’impôt appliqué aux locations pourrait ralentir temporairement l’élan commercial de ses modèles électriques, dans un contexte de transition technologique sensible.
À noter que General Motors a également choisi de mettre fin à son propre programme de crédit d’impôt sur les locations de VE, peu avant Ford. Dans ce cas, la décision aurait été influencée par des préoccupations exprimées par le sénateur républicain Bernie Moreno, un ancien concessionnaire automobile actif sur les questions liées au secteur. Les deux constructeurs avaient consulté l’IRS avant d’établir, puis de retirer, ces programmes.
Notre avis, par leblogauto.com
La décision de Ford de se retirer du dispositif de crédit d’impôt sur les locations de véhicules électriques révèle une prudence face à la complexité du cadre réglementaire américain. Ce retrait pourrait limiter l’accessibilité des VE pour certains clients, malgré le maintien de conditions attractives à l’achat. L’efficacité de cette nouvelle stratégie dépendra de la capacité du constructeur à rester compétitif sans cet avantage fiscal. Le revirement de Ford, comme celui de GM, souligne les défis qui attendent les marques dans une industrie encore largement soutenue par les politiques publiques.
Crédit illustration : Ford.
