Ferrari sous pression : ventes décevantes et tarifs douaniers américains freinent la dynamique

Ferrari voit ses actions chuter après des ventes décevantes au T2, impactée par des tarifs US malgré un carnet de commandes solide.

La marque italienne traverse une période d’incertitude après avoir dévoilé des résultats jugés décevants pour le deuxième trimestre 2025. Malgré une légère progression de son chiffre d’affaires, les attentes des analystes n’ont pas été pleinement satisfaites, ce qui a entraîné une chute significative de l’action en bourse.

Résultats financiers en demi-teinte

Au deuxième trimestre, Ferrari a vu son chiffre d’affaires augmenter de 4 % par rapport à l’année précédente. Une performance certes positive, mais en deçà des prévisions des analystes, qui anticipaient un rythme de croissance plus soutenu. De plus, les expéditions sont restées stables, ce qui signifie que la hausse du chiffre d’affaires ne s’est pas accompagnée d’une augmentation notable des volumes vendus.

Les analystes de Jefferies ont souligné que les résultats étaient « un peu en deçà » des attentes, bien que le bénéfice net ait légèrement dépassé les prévisions. L’action de Ferrari a ainsi chuté jusqu’à 6,9 % à la Bourse de Milan, effaçant les gains réalisés au cours des deux semaines précédentes.

Une stratégie prudente malgré un contexte favorable

Alors que certains espéraient que Ferrari rehausserait ses perspectives annuelles, l’entreprise s’est contentée d’exprimer une « confiance accrue » dans sa capacité à atteindre ses objectifs pour 2025. Cette prudence est en partie liée au contexte commercial mondial : un nouvel accord entre les États-Unis et l’Union européenne prévoit une baisse des droits de douane sur les véhicules européens importés aux États-Unis, principal marché de Ferrari.

Concrètement, les droits passeront de 27,5 % à 15 %, un allègement notable, mais toujours bien au-dessus du taux de 2,5 % qui prévalait avant les politiques protectionnistes mises en place sous l’administration Trump. Cette nouvelle donne douanière reste donc un fardeau important pour Ferrari, qui fabrique tous ses véhicules en Italie.

Le défi des tarifs américains

Contrairement à certains concurrents qui peuvent délocaliser une partie de leur production pour contourner les barrières douanières, Ferrari ne dispose pas de cette marge de manœuvre. Tous ses véhicules sont fabriqués à Maranello, ce qui signifie que chaque exportation vers les États-Unis est soumise aux droits de douane.

Pour compenser, le constructeur a annoncé en mars dernier son intention d’augmenter les prix de certains modèles jusqu’à 10 % sur le marché américain. Un pari risqué, mais calculé : la marque au cheval cabré bénéficie d’une clientèle fidèle, capable d’absorber ces hausses sans affecter significativement la demande.

Une clientèle haut de gamme toujours au rendez-vous

Malgré ces vents contraires, Ferrari peut s’appuyer sur un carnet de commandes solide et des annulations rares. Cette dynamique est essentielle pour préserver la marge brute de près de 40 %, un chiffre enviable dans l’industrie automobile.

Le PDG Benedetto Vigna devra néanmoins prouver qu’il est capable de maintenir cette performance en répercutant les hausses de coûts sans éroder la valeur perçue de la marque. Cela inclut le maintien de délais d’attente allant jusqu’à deux ans, qui renforcent l’exclusivité des modèles Ferrari.

Une marque légendaire face aux défis de la mondialisation

Alors que Porsche et d’autres marques concurrentes révisent à la baisse leurs prévisions en raison de la guerre commerciale et du ralentissement de la demande mondiale, Ferrari semble vouloir jouer la carte de la stabilité. Toutefois, les investisseurs espéraient une posture plus offensive et une révision haussière des objectifs 2025.

La légende Ferrari reste intacte, mais le constructeur italien est désormais contraint de naviguer dans un environnement commercial plus complexe. Sa capacité à adapter ses prix tout en conservant son aura d’exclusivité sera déterminante pour préserver ses performances financières dans les mois à venir.

Crédit illustration : Ferrari.

(6 commentaires)

  1. Qui ne boit pas la tasse en ce moment !?
    Peut-être Toyota ? Mais ils ne sont pas tirés d’affaire dans l’avenir.

  2. Peut-être que prendre les clients pour des cons finit par lasser ceux-ci ?

    Prendre les clients pour des cons est une stratégie marketing : cela leur donne l’impression d’accéder à un privilège que vous consentiez avec dédain à leur vendre un de vos merveilleux produits (Enzo Ferrari avait bien regardé les méthodes d’Ettorre Bugatti et s’en était inspiré : on ne vend pas un produit de luxe totalement inutile et surcoté comme un produit de consommation courante. Personne n’achète une voiture pour 400 000 €. Si vous payez une voiture 400 000 €, vous achetez autre chose que la voiture. D’ailleurs, les clients n’achètent pas les Ferrari pour rouler, voyez les kilométrages ridicules).

    Mais c’est une question de dosage : 20 000 € l’option de peinture rouge sur la Roma, même quand on ne compte pas, ça finit par vexer et on va voir ailleurs. C’est peut-être un phénomène marginal, mais le capitalisme est ainsi fait que les bénéfices se font à la marge.

    Ferrari est une marque forte, quelques ajustements et elle s’en remettra.

    Dommage que l’expérience de la California n’ait pas été renouvelée : une Ferrari presque (faut le dire vite) abordable.

    1. Bof. Déjà il y a deux catégories d’acheteurs de Ferrari : ceux qui roulent avec et qui font parfois plus de 150 000 km avec, et ceux qui veulent se la péter comme les stars de football ou les influenceurs.
      Les premiers sont bien plus exigeants. Les seconds achètent sur stock – oui il y a du stock chez Ferrari et revendent rapidement.

      1. Je ne discuterai pas plus avant du marketing de Ferrari parce que je manque d’éléments, je répète ce que j’ai lu ici ou là.

        Digression : je vous recommande l’excellente (et vraiment non autorisée !) biographie d’Enzo Ferrari par Brock Yates (elle existe en français).

        Brock Yates était un des co-créateurs/co-organisateurs de Cannonball. il ne peut donc être entièrement mauvais. 🙂

  3. Bien évidemment la clientèle peut absorber l’augmentation des tarifs mais certains vont attendre que Trump change d’avis – TAC n’est-ce pas !
    Et en Chine ça devient difficile de s’afficher aussi ostensiblement occidentalisé ces temps-ci.
    Ferrai est toujours super rentable. Pas de quoi s’inquiéter pour la marque à long terme. En revanche, ça peut impacter le cours de bourse mais là c’est une autre histoire.

  4. Bon les marchés financiers sont bons a jeter! Sincèrement … ils plombent toute l’économie depuis 30 ans.

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