Électrique chinois : rentabilité en berne et 2026 sous tension

Le marché chinois du véhicule électrique fait face à une rentabilité fragile et à une année 2026 annoncée difficile, entre coûts en hausse et demande affaiblie.

Le marché chinois du véhicule électrique, longtemps considéré comme l’un des moteurs les plus dynamiques de l’industrie automobile mondiale, traverse désormais une phase de turbulences. Alors que les investisseurs espéraient une saison de résultats solide pour conforter l’optimisme retrouvé autour des valeurs technologiques et automobiles chinoises, les annonces financières publiées ces dernières semaines ont au contraire ravivé l’inquiétude. La question de la rentabilité, centrale dans un secteur marqué par une croissance fulgurante et une intensification de la concurrence, ressurgit avec force à l’approche d’une année 2026 jugée critique par les analystes.

Premiers signes d’essoufflement dans un marché pourtant en plein essor

Jusqu’à récemment, le secteur du véhicule électrique en Chine bénéficiait d’un environnement boursier porteur. L’action Xpeng, par exemple, avait progressé de plus de 130 % depuis le début de l’année, portée par un regain d’appétit pour le risque et par des perspectives jugées plus favorables pour les actifs chinois. Mais les publications trimestrielles ont mis en lumière des faiblesses structurelles : même les acteurs les plus établis, tels que BYD, n’échappent plus aux pressions sur leurs marges.

Les préoccupations se concentrent désormais sur l’année 2026, période à partir de laquelle plusieurs soutiens publics devraient s’atténuer. La demande intérieure pourrait alors se contracter davantage, après près de deux ans de mesures de relance et de politiques de renouvellement matériel. Ce cycle favorable, qui avait soutenu les achats de véhicules électriques, touche progressivement à sa fin. Selon Bing Yuan, gestionnaire de fonds chez Edmond de Rothschild Asset Management, le premier trimestre 2026 pourrait s’avérer particulièrement difficile, tant la concurrence s’accentue et pèse sur les marges.

Résultats décevants et réactions brutales des investisseurs

La déception a rapidement gagné les marchés après la publication des résultats. Xpeng a subi une chute de 10 % à Hong Kong à la suite de pertes persistantes accompagnées de prévisions jugées faibles. Zhejiang Leapmotor Technology a également vu son cours plonger, atteignant son plus bas niveau depuis avril, son bénéfice ayant été inférieur de 65 % aux estimations des analystes malgré un quasi-doublement des ventes.

Li Auto et Nio, autres acteurs majeurs du véhicule électrique en Chine, n’ont pas été épargnés. Les deux constructeurs ont dévoilé des prévisions de revenus et de livraisons pour le quatrième trimestre inférieures aux attentes du marché. Ces chiffres fragilisent davantage le secteur, à un moment stratégique où les constructeurs automobiles cherchent à atteindre leurs objectifs de ventes annuelles.

Les analystes anticipaient pourtant une hausse des livraisons en fin d’année, notamment en raison du retour progressif des taxes sur les achats de véhicules électriques à partir de 2026, après plusieurs années d’exemptions. Selon Bloomberg Intelligence, la croissance des véhicules à énergie nouvelle devrait ralentir à 13 % en 2026, contre 27 % cette année, signe d’un refroidissement durable de la demande.

Prix, coûts et stratégie : un secteur forcé de se réinventer

Pour contrer la diminution des avantages fiscaux, plusieurs constructeurs automobiles ont multiplié les remises. Geely a lancé une réduction allant jusqu’à 15 000 yuans, suivie par d’autres fabricants tels que Li Auto et Xiaomi. Toutefois, ces promotions, combinées à l’augmentation des coûts des batteries, représentent des « vents contraires » pour les marges, selon Daisy Li d’EFG Asset Management. Même si les entreprises tentent désormais de s’éloigner des guerres de prix — encouragées par la campagne « anti-involution » menée à Pékin — la pression sur les bénéfices reste significative.

Dans ce contexte tendu, certains constructeurs semblent mieux positionnés. Les fabricants de véhicules à bas prix comme BYD, Geely ou Leapmotor pourraient tirer avantage d’une tendance croissante au déclassage observée chez les acheteurs. Les consommateurs, qui privilégiaient autrefois des modèles de milieu ou haut de gamme, se tournent désormais vers des voitures plus abordables. Cette dynamique dépasse même les frontières chinoises : ces modèles d’entrée ou de milieu de gamme se vendent aussi très bien sur les marchés étrangers.

L’international joue en effet un rôle croissant dans la stratégie des constructeurs. BYD a vu ses ventes hors de Chine plus que doubler au troisième trimestre, stimulées par la demande européenne et latino-américaine. Geely prévoit quant à elle une hausse pouvant atteindre 80 % de ses ventes à l’étranger l’an prochain.

Enfin, certains groupes cherchent à diversifier leurs activités au-delà du marché des véhicules électriques. Xpeng ambitionne de produire en masse des humanoïdes d’ici fin 2026, et Li Auto souhaite transformer ses véhicules en robots d’« IA incarnée ». Toutefois, ces innovations relèvent d’une stratégie de long terme et ne constituent pas une réponse immédiate aux difficultés actuelles.

Un horizon 2026 toujours flou

À court terme, les analystes reconnaissent que le manque de visibilité demeure le principal frein aux investissements. Selon UBS Securities Asia, les investisseurs resteront prudents tant qu’aucune clarté politique ne sera apportée concernant les orientations gouvernementales pour 2026. La prudence prévaut donc, en particulier à l’égard des titres ayant surperformé durant la période de relance.

Notre avis, par leblogauto.com

Les signaux envoyés par le marché chinois du véhicule électrique confirment une transition vers une phase de maturité plus compétitive. Les marges demeurent sous pression entre coûts en hausse et promotions nécessaires pour soutenir la demande. Les constructeurs les mieux positionnés seront probablement ceux capables de s’adapter rapidement, notamment via l’export ou des modèles plus accessibles. L’enjeu principal reste la visibilité politique, déterminante pour anticiper la trajectoire 2026 du secteur.

Crédit illustration : leblogauto.

Un commentaire

  1. « BYD a vu ses ventes hors de Chine plus que doubler au troisième trimestre, stimulées par la demande européenne et latino-américaine »

    BYD compte beaucoup sur l’export car leurs ventes en Chine se sont effondrées de 40% en octobre ! Pendant ce temps, Geely est à +50% et vient pour la première fois de dépasser les 200 000 ventes mensuelles en octobre sur le seul sol chinois.

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