Le Congo restreint ses exportations de cobalt, déclenchant un bond des prix et des inquiétudes sur l’approvisionnement des batteries électriques.
Le premier producteur mondial resserre l’accès au cobalt
Le marché mondial du cobalt traverse une période d’intense volatilité après la décision de la République démocratique du Congo (RDC), principal pays producteur, de restreindre ses exportations. En février, le gouvernement congolais a imposé une interdiction temporaire des expéditions de cobalt, perturbant sévèrement les chaînes d’approvisionnement mondiales. Cette mesure a été suivie d’un système de quotas, effectif à partir de ce jeudi, qui pourrait encore aggraver la tension sur le marché dès l’année prochaine.
Depuis l’annonce du plan de quotas le mois dernier, les prix de l’hydroxyde de cobalt et du métal raffiné ont bondi de plus de 20 %, atteignant leur plus haut niveau depuis trois ans. Lundi, le métal a progressé de 2 % sur le Wuxi Stainless Steel Exchange. Cette flambée des cours s’inscrit dans un contexte où la demande en cobalt — en particulier dans le secteur des batteries pour véhicules électriques — ne cesse de croître, alors que l’offre devient de plus en plus incertaine.
La RDC représente à elle seule environ 75 % de la production mondiale de cobalt. Le nouveau système de quotas mis en place par le gouvernement attribue à chaque entreprise une limite d’exportation basée sur ses performances entre 2022 et 2024. Ce système pourrait ramener les volumes autorisés à l’exportation pour les deux prochaines années à moins de la moitié de la production de 2024.
CMOC Group Ltd., principal opérateur, n’est autorisé à exporter que 31 200 tonnes en 2026 — soit à peine 27 % de la production totale issue de ses mines congolaises en 2024. Glencore Plc et Eurasian Resources Group Sarl, les deux autres grands producteurs, se partagent respectivement 22 % et 12 % des quotas jusqu’à fin 2025.
Les analystes de Citigroup notent que les quotas alloués à CMOC sont inférieurs aux attentes, bien que le groupe devrait bénéficier à court terme de la hausse des prix générée par la restriction. Du côté des marchés, les réactions sont contrastées : CMOC a chuté de 7,2 % à la Bourse de Shanghai, tandis que d’autres producteurs comme Zhejiang Huayou Cobalt Co. ont vu leurs actions progresser.
Menace sur l’approvisionnement en cobalt pour les batteries
Le cobalt est un composant stratégique dans l’industrie automobile, notamment pour la fabrication de batteries lithium-ion utilisées dans les véhicules électriques (VE). Outre son rôle dans les alliages résistants à la chaleur ou les pigments, la plus grande partie de la demande mondiale en cobalt provient aujourd’hui du secteur de la mobilité électrique.
La Chine, premier marché mondial pour les VE, est également le principal raffineur du cobalt. L’interdiction d’exportation décidée par la RDC intervient après une hausse rapide de la production conjointe de cuivre et de cobalt, ayant conduit à une surabondance temporaire et à une chute brutale des prix. Juste avant la mise en place de l’interdiction, le prix du cobalt était tombé sous les 10 dollars la livre, un niveau jamais vu depuis 2015. Il a depuis presque doublé, tandis que le prix de l’hydroxyde de cobalt a plus que triplé.
Selon une note de Macquarie Group, si les quotas actuels sont maintenus, le marché pourrait manquer de matière première d’ici la mi-2026. Le groupe place même le cobalt parmi les trois matières premières les plus stratégiques pour les mois à venir.
Cette situation a déjà de profondes répercussions sur les flux commerciaux. Les importations chinoises d’hydroxyde de cobalt ont chuté de plus de 90 % en août par rapport à l’année précédente. Les raffineurs, confrontés à la rareté de cette matière intermédiaire, ajustent leurs méthodes de production. Certains privilégient désormais l’achat de métal raffiné, qu’ils dissolvent pour produire du sulfate de cobalt directement utilisable dans les batteries.
Selon Roman Aubry, analyste chez Benchmark Mineral Intelligence, cette stratégie vise à contourner les goulets d’étranglement liés à l’hydroxyde congolais. Le cabinet CRU Group note par ailleurs que la production de cobalt raffiné en Chine atteint désormais des niveaux historiquement bas, dans un effort de préservation des stocks disponibles.
Un enjeu stratégique pour la RDC et les marchés automobiles
Du point de vue de Kinshasa, ces restrictions visent à mieux aligner l’offre sur la demande mondiale et à renforcer la valeur ajoutée locale. À l’instar d’autres pays riches en ressources minières, la RDC cherche à développer des capacités nationales de traitement pour capter davantage de revenus issus de ses minerais stratégiques.
Cependant, cette politique de contrôle strict inquiète les investisseurs et les opérateurs industriels. Selon Darton Commodities, l’approche réglementaire de la RDC, perçue comme punitive et imprévisible, risque de décourager les investissements à long terme dans le secteur. L’accumulation de stocks invendus pourrait aussi exercer une pression financière sur les producteurs, avec un risque accru de contournement informel des quotas.
De son côté, le président Félix Tshisekedi défend une vision souveraine du développement des ressources naturelles. Il a rappelé que le système de quotas est un levier pour influencer un marché stratégique, augmenter les revenus de l’État et améliorer les conditions de vie de la population. Le gouvernement prévoit également des sanctions sévères contre toute tentative de fraude ou d’évasion des quotas, incluant l’exclusion définitive du système.
Notre avis, par leblogauto.com
La décision de la RDC bouleverse un marché déjà sous tension, avec des conséquences directes sur la filière batterie pour les véhicules électriques. Les constructeurs automobiles pourraient faire face à une nouvelle flambée des coûts des matériaux critiques. La dépendance mondiale vis-à-vis du cobalt congolais souligne l’urgence de diversifier les approvisionnements. À court terme, cette situation pourrait accentuer la pression sur les chaînes de production, notamment en Chine et en Europe.
Crédit illustration : Earth.

Bientôt un coup d’état… réussi cette fois.
80% des mines sont maintenant opéré par la Chine… Le Congo serait il de main mise avec la Chine ??
Un peu d’histoire…
« Comment la Chine a battu la France en Afrique »
https://www.youtube.com/watch?v=NBU83AnqBlc