La Zambie veut être un acteur de la transition électrique. Le pays compte attirer les constructeurs pour produire des composants de véhicules électriques près de ses mines de cuivre, richesse clé du pays. Certains pays ne veulent plus être qu’uniquement des mines, mais raffiner les minerais et produire certains éléments. Un développement économique est en jeu.
La Zambie veut séduire les constructeurs automobiles du monde entier
La Zambie ambitionne de devenir un acteur incontournable dans la chaîne de valeur mondiale des véhicules électriques (VE). Le pays, deuxième producteur africain de cuivre, entend tirer parti de cette richesse naturelle pour attirer les fabricants automobiles. L’objectif est clair : transformer le cuivre local en valeur ajoutée, en implantant des usines de composants pour VE à proximité des sites miniers.
Le ministre des Finances, Situmbeko Musokotwane, a confirmé que des discussions étaient en cours avec plusieurs constructeurs internationaux, notamment en Allemagne, afin de les convaincre d’investir localement dans l’assemblage ou la production de pièces pour voitures électriques. Cette stratégie viserait également à alimenter les usines existantes situées en Afrique du Sud, qui sont déjà bien intégrées aux circuits d’exportation mondiaux.
Le cuivre : au cœur de la transition énergétique mondiale
Le cuivre est un matériau essentiel pour les véhicules électriques, notamment pour les moteurs, les câbles de batteries, les bornes de recharge et les systèmes de transmission. La demande mondiale explose sous l’effet de l’électrification des transports et de la croissance des énergies renouvelables. La Zambie, riche en gisements de cuivre, cherche ainsi à passer du statut de simple exportateur de matières premières à celui d’un acteur industriel à forte valeur ajoutée.
« Ces composants peuvent ensuite être expédiés à vos usines en Afrique du Sud, qui exportent maintenant vers le reste du monde. C’est une manière puissante d’ajouter de la valeur », a souligné Musokotwane.
Une stratégie industrielle adossée à une politique budgétaire prudente
La volonté d’industrialiser l’économie zambienne autour de l’électromobilité ne remet pas en question la ligne budgétaire prudente défendue par le gouvernement. Le ministre a rappelé que la Zambie continuerait à appliquer une gestion fiscale rigoureuse, même après la fin du programme actuel avec le Fonds monétaire international (FMI) en octobre. Le cabinet n’a cependant pas encore pris de décision concernant une éventuelle reconduction de l’aide financière internationale via un nouveau prêt.
Défis géopolitiques et repositionnement africain
Lors de la conférence annuelle des Innovateurs des Médias d’Affaires en Afrique organisée par Bloomberg, Musokotwane a également critiqué la récente décision des États-Unis de réduire brusquement certains programmes d’aide destinés à la Zambie et plus largement à l’Afrique. Il a toutefois reconnu que cette assistance avait toujours été conçue pour diminuer progressivement.
Ce retrait partiel de la coopération américaine pourrait renforcer la volonté du gouvernement zambien de diversifier ses partenariats économiques, notamment en Europe et en Asie. L’Allemagne, visitée récemment par le ministre, figure ainsi parmi les cibles privilégiées pour établir de nouveaux liens industriels autour du secteur automobile électrique.
Une opportunité pour l’Afrique dans la révolution électrique
L’initiative zambienne s’inscrit dans une dynamique plus large qui vise à repositionner l’Afrique dans les chaînes de valeur mondiales. En misant sur les ressources naturelles locales (cuivre, cobalt, lithium) et en attirant des investissements étrangers industriels, le continent a une carte à jouer pour devenir une plateforme stratégique de l’électromobilité mondiale.
La Zambie pourrait ainsi devenir un modèle en matière de transformation locale des matières premières, tout en créant des emplois qualifiés, des infrastructures modernes et en réduisant sa dépendance aux exportations brutes de minerais.
Avec : Bloomberg.
Crédit illustration : Energyconnects.