Stellantis à Poissy : peur sur la ville

L'usine automobile Stellantis de Poissy dans les Yvelines
Crédit Stellantis, l'usine de Poissy

Le mois d’octobre à l’usine automobile Stellantis de Poissy sera très calme avec 2 000 salariés au chômage partiel et en congés ! Une première pour l’usine des Yvelines qui n’augure rien de bon pour la suite. A Poissy, on tremble déjà de voir l’usine fermer à plus ou moins long terme.

Il est loin le temps des usines automobiles florissantes en Île-de-France ! Poissy est la dernière du genre et si elle a été sauvée il y a plusieurs années (époque PSA), elle pourrait bien ne pas survivre aux difficultés du groupe Stellantis. Ces difficultés se traduisent en Europe par des ventes en berne. Officiellement le marché est difficile. C’est vrai. Mais Stellantis n’a pas fait les choses pour y résister mieux que la concurrence.

Quel avenir après 2028 ?

Ainsi, Stellantis prévoie « l’arrêt de la production sur 15 journées de travail, du 13 au 31 octobre, ceci afin d’adapter son rythme de production à un marché difficile en Europe, en pilotant au mieux ses stocks avant la fin de l’année » dans une communication à l’AFP. On a beau être le quatrième groupe automobile mondial, on a les difficultés de n’importe quel constructeur : la surcapacité et des usines non optimisées.

Pour Jean-Pierre Mercier, représentant de SUD, c’est « du jamais-vu à Poissy » ! Stellantis va tout de même mettre à profit ces périodes pour réaliser des travaux dans l’usine, et faire des formations à certains salariés pour « continuer à travailler sur la performance industrielle du site » selon le groupe.

Evidemment, côté syndicats on préfère tirer la sonnette d’alarme car on craint que la direction du groupe ne cherche à fermer Poissy. Pour le moment, il y a la Mokka d’Opel et la DS 3 E-Tense. Mais l’usine ne sort que 420 véhicules par jour. Largement insuffisant pour un tel site.

Le PSG à la place de Stellantis ?

Le Paris Saint Germain est à l’étroit au Parc des Princes. Surtout, la mairie de Paris refuse de vendre l’enceinte. Résultat, le PSG cherche officiellement un endroit pour construire son propre stade. Deux candidates restent en lice : Massy en Essonne et Poissy dans les Yvelines. Les deux ont des atouts niveaux transports en commun et dessertes par la route. Mais, Poissy a l’avantage de proposer un immense terrain, celui de l’usine de l’ex-PSA.

La Présidente de Région, Valérie Pécresse a beau dire que l’avenir de Poissy c’est PSG et Stellantis, tout le monde craint que ce soit PSG sans PSA avec l’usine qui ferme. Pour Poissy et la zone d’attractivité, ce serait un événement économique d’ampleur.

Notre avis, par leblogauto.com

On a l’impression de revivre La Janais, ou Aulnay-sous-Bois. Cette dernière a été fermée en 2014 après des années de conflit larvé, de réduction de production, de démentis, etc. Les salariés d’Aulnay sont partis pour beaucoup à Poissy. 10 ans plus tard, ils revivent la même histoire. Quant à La Janais, elle a sauvé sa tête à plusieurs reprises, mais pour combien de temps ?

On peut aussi évoquer Douvrin (1969) qui va arrêter la production d’un bloc diesel, en novembre prochain. Le moteur à essence devrait suivre en 2026. Après, cela en sera fini pour Douvrin. Les salariés sont en train de basculer vers le site ACC, une gigafactory voisine. Sauf que l’électrique ce n’est pas magique et que la casse sociale aura lieu.

Globalement, groupe Renault comme l’ex-PSA produisent bien moins qu’avant en France. On peut mettre cela sur le dos du marché, ou autre. Il n’en reste pas moins que le coût d’un véhicule produit en France est plus élevé que dans bien d’autres pays européens. Et comme on ne regarde plus vraiment où sont produits les voitures que l’on achètent (ou qu’on loue via LOA/LLD), il ne faut pas s’étonner des fermetures, même en chômage partiel.

L’usine de Poissy, une histoire chaotique

Naissance sous Ford

L’usine de Poissy, située dans les Yvelines, est l’un des sites industriels historiques majeurs de l’automobile en France. Sa construction débute en 1937 sous l’impulsion de Ford SAF. La Seconde Guerre mondiale interrompt rapidement les travaux et endommage les infrastructures, mais la production reprend après le conflit. En 1946, sort de ses chaînes la première voiture produite sur place, une Ford dérivée d’un modèle d’avant-guerre.

En 1954, Ford cède ses parts à Simca, qui développe fortement le site. L’usine passe ensuite sous le contrôle de Chrysler en 1963, puis, en 1978, sous celui de PSA, qui rachète les activités européennes de Chrysler. À partir de cette époque, Poissy devient un site stratégique pour la production de modèles Simca, Talbot et, plus tard, Peugeot, Citroën et DS.

Dans la corbeille de la mariée Simca-Chrysler

Spécialisée dans les petites voitures, l’usine s’adapte au fil des décennies aux besoins du marché. Dans les années 2010, elle bénéficie d’un investissement majeur avec l’introduction de la plateforme CMP, permettant d’assembler sur une même ligne des véhicules thermiques et électriques. Parmi les modèles produits figurent la Peugeot 208, la DS 3, le DS 3 Crossback ainsi que l’Opel Mokka.

Depuis 2021, le site est intégré au groupe Stellantis, né de la fusion entre PSA et Fiat-Chrysler. Outre la production automobile, un projet de transformation baptisé « Green Campus » vise à accueillir sur le site des activités tertiaires et de recherche dans des bâtiments modernisés. Malgré des perspectives de production confirmées au moins jusqu’en 2028, l’usine reste confrontée à des incertitudes sur son avenir industriel à long terme, reflet des mutations profondes du secteur automobile.

(11 commentaires)

  1. Pécresse peut dire ce qu’elle veut, je doute que les footeux veuillent aller à Massy: Coincé entre A10/N20, lignes RER (+bientôt tram ligne 18) et TGV, quasiment en bout de piste d’Orly… et quasiment plus de terrain dispo sauf le parc Georges Brassens qui n’accueille actuellement et ponctuellement que le festival international du cirque (avec N188 bloquée/transformée en parking en épi lors de l’évènement tellement la place manque!!!), à force de densifier à tout va. Et bonjour les nuisances.

    Cette ville modèle du concept Grand-Pourri (densifier à tout va autour des TC-c’est-bon-mangez-en, incroyable en 10/15 ans tout ce qui s’est construit… et vendu à des tarifs délirants avé tous les labels éco-trucs attire bobo-gogo qui se sont fait ouvrir le fion en achetant ces merdes, avec la vue sur ce que bouffe le voisin en bonus vu les vis à vis!) qui n’avait déjà avant pas grand chose pour plaire est tout simplement devenue un véritable enfer. Et comme toutes les voies ont été retaillées en largeur avec les différents chantiers, no way: Les supercars de footeux y seraient retaillées de tous côtés en qq semaines de trajet pour aller à l’entrainement… quand ils y arriveront vu le foutoir!

  2. Le centre d’entrainement du PSG est à Poissy. Ce serait bien pratique pour les joueurs de ne pas faire beaucoup de transport les jours de match. Et pour les supporters, ce serait bien pratique de pouvoir visiter le stade et d’aller jeter un oeil de l’extérieur au centre d’entrainement.
    Il reste que le site de production de PSA Poissy est en sursis depuis bien longtemps. De restructurations en réductions de taille. Le site n’a plus grand chose à voir avec les années 60 et 70.
    Sa fermeture est dans les cartons depuis plus de 10 ans.

  3. c’est terrifiant que l’on ne retienne rien des cinq décennies passées à délocaliser à peu près tout ce nous fabriquions, afin de gaver ceux qui ont déja bien trop de pognon, les financiers. et ce capitalisme à l’agonie, vire à l’obscene avec les usa et le barré orange. pour celui qui avait des doutes sur les outrances de ce système sans garde fou, cette vue à la loupe du capitalisme ,m’horrifie toujours autant. mais bon je suis à peu près le seul.

    1. Quand un client vient en concession, il demande beaucoup plus souvent « Que faites vous comme réduction » que « où est fabriquée la voiture que vous me proposez? Quel est la part de contenu français ou Européen ».

      Effectivement, les constructeurs s’intéressent aux préoccupations de clients.

      1. Et dans le même temps, les constructeurs communiquent sur « made in France ».
        La Toyota Yaris en a fait un argument de vente quand elle était plus onéreuse que certaines concurrentes.
        Renault a communiqué avec un logo bleu blanc rouge par exemple.
        Peugeot aussi joue le « origine France garantie ». Comme quoi cela doit jouer dans les décisions 😉

  4. Beaucoup vont perdre leur boulot, hélas.
    Tout le monde pourra continuer à aller à Poissy mais pour y regarder s’ébrouer leur idoles jouer au ballon sur des installations toutes neuves. Le rêve …Est ce que Poissy sera vendu aussi au Qatar ?
    Bien sûr certains spectateurs s’interrogeront sur la pertinence de leur achat de la belle auto chinoise qui était en promo.

  5. Tout est dit dans l’article, on ne regarde plus vraiment, pour ne pas dire jamais d’où viennent les voitures que l’on achètent. Il est temps que les gens soit plus vigilants sur la provenance des véhicules européens. Sinon le savoir faire n’existera plus sur le continent.

  6. Poissy est en sursis depuis des années. Je dirais même depuis que son activité est « garantie » jusqu’en 2028. Date à laquelle la Mokka terminera sa carrière. Façon gentillette de dire qu’a cette date il n’y aura plus rien sur les lignes de montage.

    Bref. La suivante c’est la Jannais qui n’ira pas plus loin que la production du nouveau C5 Aircross. Et qui survit économiquement grâce à une reduction drastique de son effectif et d’ancien robots d’assemblage récupéré à Melfi à l’occasion de sa modernisation.

    C’est bien triste évidement. Mais Stellantis à beaucoup trop d’usines. Forcément à cause de doublons en rapport avec la fusion. Ca va casser partout en Europe. En France, en Italie aussi, mê^em en Espagne Madrid n’est pas sereine pour son avenir.

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