La fin d’une époque !
Une page se tourne chez Red Bull. En l’espace d’un an, le socle historique de Red Bull Racing a changé. Le directeur technique Adrian Newey est parti fin 2024 chez Aston Martin, dont il sera team manager dès 2026. Christian Horner, affaibli par l’affaire ayant éclaboussé sa réputation début 2024, a sauté cet été et maintenant c’est le vétéran Helmut Marko qui tire sa révérence.
L’avenir de l’Autrichien de 82 ans chez Red Bull était incertain depuis quelques temps, selon certaines rumeurs, dans le paddock d’Abu Dhabi, malgré son contrat en vigueur jusqu’en 2026.
« Je suis impliqué dans le sport automobile depuis six décennies, et ces vingt dernières années chez Red Bull ont été une aventure extraordinaire et couronnée de succès », a déclaré Marko dans un communiqué de presse de Red Bull. « Ce fut une période formidable que j’ai eu la chance de contribuer à façonner et de partager avec tant de personnes talentueuses. Tout ce que nous avons construit et accompli ensemble me remplit de fierté. »
« Le fait d’avoir manqué de peu le championnat du monde cette saison m’a profondément touché et m’a fait comprendre que le moment était venu pour moi de mettre un terme à ce chapitre très long, intense et couronné de succès. »
Un départ pas si volontaire que ça
Oliver Mintzlaff a ajouté : « Helmut m’a fait part de son souhait de mettre fin à son rôle de conseiller en sport automobile à la fin de l’année. Je regrette profondément sa décision, car il a été une figure influente pendant plus de deux décennies, et son départ marque la fin d’une ère extraordinaire. »
L’Allemand a salué la « passion » de Marko, son « courage à prendre des décisions claires » et sa « capacité à repérer le potentiel ».
Cependant, les bruits de couloir affirment que Mintzlaff a orchestré ce départ, afin de tourner la page du duo Horner-Marko qui a eu la main sur l’écurie pendant 20 ans. Marko a visiblement accumulé les « écarts” ayant eu le don d’exaspérer la présidence, comme d’avoir imposé des signatures de pilotes sans validation hiérarchique : c’est le cas de Arvid Lindblad, engagé en Formule 1 « de manière arbitraire » chez Racing Bulls, et l’Irlandais Alex Dunne, débauché secrètement de McLaren, via un contrat envoyé par courrier sans passer par les procédures. Résultat : Red Bull a dû annuler l’accord Dunne, au prix de centaines de milliers d’euros en compensation.
L’homme de la filière Red Bull
Ancien pilote de F1 et vainqueur des 24 Heures du Mans 1971 sur Porsche 917, avant de subir une blessure à l’œil mettant fin à sa carrière lors du Grand Prix de France de 1972, Helmut Marko s’est tourné vers le management en fondant l’écurie RSM Marko qui a participé aux championnats DTM, Formule 3 allemande et F3000.
L’écurie est rebaptisée Red Bull Junior Team en 1999 avant de devenir le véritable programme de développement des pilotes de la marque, qui a produit pas moins de 18 pilotes de F1 sous la direction de Marko – dont les quadruples champions du monde Sebastian Vettel et Max Verstappen , bien que ce dernier ait rejoint l’académie tardivement avant ses débuts en F1.
Une partie non négligeable du plateau F1 actuel est sorti dans rangs de la filière, comme Pierre Gasly, Carlos Sainz ou Alexander Albon. Depuis 2005, Marko a également agi en tant que conseiller auprès des activités de la marque en Formule 1, auprès de l’ écurie Red Bull de Milton Keynes et de l’équipe Racing Bulls basée à Faenza, initialement baptisée Toro Rosso.
Un personnage retors mais indéniablement efficace
Helmut Marko laissera l’image d’un conseiller pragmatique, au flair indéniable pour dénicher des talents, mais aussi très dur et facilement porté sur la polémique. On se souvient de ses saillies contre Renault, à l’époque où le partenariat moteur battait de l’aile, les destitutions froides de plusieurs pilotes “lessivés” par la machine Red Bull, ses piques “limites” contre Sergio Perez ou encore sa dernière sortie complotiste contre Kimi Antonelli au Qatar. Marko a aussi été un homme de l’ombre, influent dans la machine Red Bull au sein de la “faction autrichienne”, liée aussi au clan Verstappen, qui s’est déchirée avec le clan Horner à partir de 2024 pour le leadership.
