Le Canada et les États-Unis ouvriront en janvier des discussions pour revoir l’ACEUM, avec des enjeux clés pour l’industrie automobile.
Le Canada et les États-Unis s’apprêtent à rouvrir officiellement le dossier de leur accord de libre-échange. Selon le bureau du Premier ministre canadien Mark Carney, des discussions formelles débuteront à la mi-janvier afin de revoir l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), pilier des échanges commerciaux nord-américains. Cette initiative s’inscrit dans un contexte économique et industriel sensible, marqué par des tensions tarifaires passées et par l’importance stratégique de secteurs clés, dont l’automobile, l’acier et l’aluminium.
Des discussions formelles attendues dès la mi-janvier
Le Premier ministre canadien a confirmé aux dirigeants provinciaux que Dominic LeBlanc, principal interlocuteur du Canada pour les relations commerciales avec les États-Unis, rencontrera ses homologues américains à la mi-janvier. L’objectif affiché est clair : lancer officiellement des pourparlers en amont de la clause de révision de l’ACEUM prévue pour 2026. Cet accord, négocié durant le premier mandat de Donald Trump, encadre aujourd’hui l’essentiel des flux commerciaux entre le Canada, les États-Unis et le Mexique, notamment pour les chaînes d’approvisionnement industrielles et automobiles.
Cette annonce a été faite à l’issue d’une réunion entre Mark Carney et les premiers ministres provinciaux, destinée à faire le point sur l’état des relations commerciales bilatérales. Le Canada figure parmi les économies les plus dépendantes du commerce international, avec plus de 75 % de ses exportations dirigées vers les États-Unis. Une large part de ces échanges bénéficie actuellement d’exemptions tarifaires grâce à l’ACEUM, ce qui concerne directement l’industrie automobile nord-américaine, fortement intégrée de part et d’autre de la frontière.
Des secteurs industriels stratégiques sous tension
Les négociations à venir interviennent après une période de crispation. En octobre, Donald Trump avait interrompu des discussions visant à réduire certains droits de douane sectoriels, à la suite de la diffusion par le gouvernement de l’Ontario d’une publicité anti-tarifs aux États-Unis. Cet épisode faisait suite à un printemps marqué par des tensions politiques, depuis apaisées.
Mark Carney a rappelé que les deux pays étaient proches de conclure un accord sur l’allègement tarifaire dans plusieurs secteurs clés, dont l’acier et l’aluminium. Ces matériaux sont essentiels pour l’industrie automobile, tant pour la fabrication des véhicules que pour l’ensemble de la chaîne de production, des châssis aux composants mécaniques. Les droits de douane continuent d’affecter certains pans de l’économie canadienne, notamment l’automobile, le bois d’œuvre, l’acier et l’aluminium, des secteurs fortement exposés aux échanges transfrontaliers.
Par ailleurs, le représentant américain au commerce, Jamieson Greer, a récemment évoqué plusieurs irritants commerciaux. Ceux-ci concernent notamment les politiques canadiennes sur les produits laitiers, l’alcool et les services numériques, autant de sujets qui, selon Mark Carney, s’inscrivent dans une discussion plus large sur l’avenir du commerce continental.
Une relation commerciale vitale pour l’Amérique du Nord
Les chiffres illustrent l’ampleur de l’interdépendance économique entre les deux pays. Le Canada est la première destination d’exportation pour 36 États américains, et près de 3,6 milliards de dollars canadiens de biens et services traversent la frontière chaque jour. Les États-Unis dépendent également largement du Canada pour leurs approvisionnements énergétiques et industriels : environ 60 % de leurs importations de pétrole brut et 85 % de leurs importations d’électricité proviennent du territoire canadien.
Le Canada est aussi le principal fournisseur étranger d’acier, d’aluminium et d’uranium des États-Unis. Il dispose par ailleurs de 34 minéraux et métaux critiques, jugés stratégiques pour la sécurité nationale américaine et faisant l’objet d’investissements du Pentagone. Ces ressources sont indispensables à de nombreux secteurs industriels, y compris l’automobile, en particulier dans le contexte de transition technologique et de modernisation des chaînes de production.
Mark Carney a toutefois tenu à souligner que l’accès privilégié des États-Unis aux décideurs canadiens n’est pas acquis. Le Canada dispose d’autres partenaires commerciaux, notamment en Europe, intéressés par un renforcement des échanges. Les discussions à venir s’annoncent donc déterminantes pour l’équilibre futur des relations commerciales nord-américaines.
Notre avis, par leblogauto.com
La relance des discussions sur l’ACEUM intervient à un moment clé pour l’industrie automobile nord-américaine, fortement dépendante de chaînes d’approvisionnement intégrées. Les enjeux liés aux droits de douane sur l’acier et l’aluminium restent centraux pour les constructeurs et équipementiers. La position du Canada, conscient de son poids stratégique, montre une volonté de négocier sans exclusivité. L’issue de ces pourparlers pourrait avoir un impact direct sur la compétitivité et la stabilité du marché automobile continental.
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