Trump rejette l’idée d’aider les constructeurs à compenser les coûts liés aux véhicules électriques, tout en défendant de nouvelles normes de consommation.
Des normes CAFE revues et une ligne rouge pour les remboursements
L’administration Trump a réaffirmé son intention de revoir profondément les normes américaines de consommation de carburant, tout en écartant toute forme de compensation financière pour les constructeurs automobiles ayant investi massivement dans les véhicules électriques. Le 3 décembre, le président Donald Trump a présenté de nouvelles normes de miles per gallon (mpg) nettement moins strictes que celles établies en 2024 par l’administration Biden. Selon Trump et le secrétaire aux Transports, Sean Duffy, les règles précédentes ne respectaient pas la loi de 50 ans exigeant que les normes tiennent compte de l’impact des véhicules électriques dans leur calcul.
Depuis plusieurs années, les Républicains, Trump en tête, considèrent ces normes comme si exigeantes qu’elles créeraient de facto un « mandat pour les véhicules électriques ». Plus les exigences de consommation sont ambitieuses, plus les constructeurs doivent intégrer de modèles électriques dans leurs gammes, ce qui les a poussés à investir des milliards dans le développement de nouvelles plateformes électrifiées.
Interrogé par le Free Press sur la possibilité d’indemniser les constructeurs pour ces investissements massifs réalisés sous l’ère Biden, Trump s’est montré catégorique. Entouré de dirigeants de General Motors, Ford et Stellantis dans le Bureau ovale, il a répondu sans ambiguïté : « Non, je ne le fais pas. » Le président a insisté : « Je ne les laisse pas récupérer, ils vont très bien s’en sortir. » Pour Trump, les constructeurs trouveront leur équilibre grâce au nouveau cadre réglementaire, plus favorable aux motorisations essence.
L’industrie automobile accueillant favorablement l’assouplissement réglementaire
Malgré la fermeté du président sur les remboursements, les dirigeants des constructeurs présents semblaient satisfaits des annonces. Les nouvelles propositions de l’administration encouragent davantage la production de véhicules thermiques plutôt que de véhicules électriques, un changement notable par rapport à la politique précédente.
Jim Farley, PDG de Ford, et Antonio Filosa, PDG de Stellantis, ont tous deux salué des normes plus en adéquation avec la demande des consommateurs. Pour eux, la politique Biden avait entraîné un décalage entre les attentes du marché automobile nord-américain — encore largement orienté vers les SUV, les pick-up et les véhicules à combustion interne — et l’offre imposée par des contraintes réglementaires strictes.
Les constructeurs peuvent ainsi revoir leur stratégie industrielle, rééquilibrer leur mix énergétique et réduire la pression qui pesait sur l’accélération forcée de l’électrification. Le secteur automobile y voit l’opportunité de mieux ajuster ses investissements, ses capacités de production et ses lancements de modèles en fonction des tendances réelles du marché, plutôt que d’un cadre réglementaire perçu comme trop ambitieux.
Les tarifs douaniers comme levier de politique industrielle américaine
Au-delà des normes CAFE, Trump a profité de cette séquence politique pour rappeler l’impact de ses droits de douane sur l’industrie automobile. Lors d’une réunion du Cabinet le 2 décembre, le secrétaire au Commerce Howard Lutnick a souligné la hausse significative des actions des entreprises nationales depuis l’arrivée de Trump au pouvoir.
Le président a interprété cette dynamique comme une victoire de sa politique commerciale. Il a affirmé que les constructeurs présents — Stellantis, Ford et General Motors — n’auraient pas maintenu leurs activités aux États-Unis sans ces tarifs. Selon lui, les mesures douanières ont permis de ramener une partie de la production sur le territoire américain en décourageant les délocalisations vers le Mexique ou le Canada.
Trump a déclaré : « Ils construiraient leurs usines au Mexique et ailleurs. Ils quittent le Mexique et ils quittent le Canada. Ils partent parce qu’ils ont pillé notre pays (…) Et maintenant, à cause des tarifs, ils reviennent tous. » Pour le président, ces décisions renforcent l’industrie manufacturière automobile américaine et protègent les emplois nationaux.
Cette vision met en lumière une logique industrielle centrée sur le protectionnisme économique et la souveraineté manufacturière. Elle s’inscrit dans un contexte où les constructeurs cherchent à maximiser leur rentabilité tout en minimisant les coûts de conformité réglementaire.
Notre avis, par leblogauto.com
Les annonces de Trump soulignent l’importance des choix politiques dans l’orientation du marché automobile américain. L’assouplissement des normes CAFE offre une marge de manœuvre aux constructeurs, mais pourrait ralentir l’électrification du parc. Le refus catégorique d’aider financièrement l’industrie pour les investissements déjà consentis confirme une stratégie axée sur la dérégulation plutôt que le soutien public. Le positionnement des constructeurs montre qu’ils adaptent leur discours en fonction du cadre réglementaire, mais que la transition énergétique demeure un défi stratégique majeur.
Crédit illustration : White House.
