Constructeurs auto : vive le télétravail généralisé ?
par Thibaut Emme

Constructeurs auto : vive le télétravail généralisé ?

Le groupe PSA ne se cache pas de vouloir faire télétravailler un maximum de salariés hors production. Le mouvement peut-il faire tâche d'huile avec un télétravail généralisé ?

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Le groupe PSA ne se cache pas de vouloir faire télétravailler un maximum de salariés hors production. Le mouvement peut-il faire tâche d'huile avec un télétravail généralisé ?

Le télétravail n'est pas une nouveauté en soi chez les constructeurs. Comme d'autres grosses entreprises, le phénomène existe mais restait jusqu'à présent l'exception. Surtout que tous les emplois ne sont pas "télétraillables". De plus, il a fallu attendre que l'informatique et l'ADSL se diffusent presque partout dans la société pour que cela soit facilement possible.

Chez PSA, depuis 2017, le télétravail est envisageable pour près de 18000 personnes en France. Sauf qu'à priori, selon un sondage CFE-CGC, 51% des salariés qui peuvent télétravailler le font 1 jour par semaine. Cela tombe à 7% seulement dès qu'il s'agit de travailler 3 jours par semaine de chez soi comme les contrats le leur permettent.

Le télétravail est suspect pour certains managers

En France, il y a une réticence encore au télétravail. C'est entre autres du fait des encadrants qui pensent en majorité qu'en télétravail on travaille moins car on n'est pas surveillé. Mais, cela change. Déjà avec le recul il apparaît que le travail est toujours fait, et qu'en plus il y a moins de "pauses" diverses dans la journée.

Surtout, que ce soit en région Parisienne ou ailleurs, on évite l'écueil du temps de transport domicile-bureau qui peut aller de quelques dizaines de minutes à plus de 2h perdues en transport par jour ! Nombreux sont ceux qui, après y avoir goûté, ne veulent plus s'en passer. A l'inverse, certains ne souhaitent pas que ce soit généralisé. Ce sont souvent des personnes qui habitent dans un petit appartement, ou qui ont besoin d'être stimulés par la présence d'autres personnes et pour qui, les réunions à distance ne conviennent pas.

PSA songe fortement à passer à 3,5 ou 4 jours de télétravail pour les collaborateurs qui ne sont pas directement liés à la production. Sauf que cela ne peut se faire contre les salariés.

Le "grand confinement" a été une répétition grandeur nature de ce que pourraient être des entreprises avec un fort taux de télétravail. Les syndicats semblent s'accorder sur le chiffre de 3 jours par semaine qui serait un juste équilibre. Selon eux, un peu plus de la moitié des salariés seraient défavorables à la généralisation du dispositif. Cela laisse tout de même l'autre moitié qui y est favorable.

Et chez Renault ?

Chez le concurrent Français de PSA, Renault, le télétravail a débuté il y a plus de 15 ans. Au début, il s'agissait d'exception avec avenant au contrat de travail et jours fixes pour le travail à distance (souvent 1 jour par semaine). Depuis, les choses ont évoluées puisque les jours ne sont plus fixes ni imposés et que le télétravail est prévu dans le contrat de travail dès sa signature.

Evidemment, le télétravail impose quelques changements pour les entreprises et Renault n'y échappe pas. On ne travaille pas de chez soi avec son ordinateur personnel. Aussi, il faut donc équiper les salariés en ordinateurs portables. Mais, il est de plus en plus rare d'avoir des ordinateurs de bureau. Certains accordent - et ils ont raison - une grande importance à la sécurité en imposant le passage par un VPN (réseau privé virtuel) sécurisé. Il ne faut pas que le télétravail crée des trous de sécurité.

Et cela impose également de mettre en place des mesures et des alertes en fonction de l'absentéisme, du décrochage, de la productivité, mais aussi des accidents du travail (oui de chez soi cela existe aussi). Bref, un télétravail généralisé serein ne s'improvise pas. Espérons que nos constructeurs en aient bien conscience.

Des locaux moins grands

L'un des avantages pour les entreprises à avoir un taux de télétravail important, c'est qu'en moyenne, cela fait baisser le besoin en locaux. Pour cela, il faut s'organiser pour que tout le monde ne vienne pas au travail le même jour. Mais, il faut surtout imposer que les bureaux individuels disparaissent peu à peu au profit de bureaux partagés. En clair, le lundi c'est Monique qui est là, mais le mardi c'est Robert.

C'est ce que l'on appelle le "flex office" ou "desk sharing", soit bureau flexible en bon français. Fini le bureau décoré de la photo des enfants, du dessin du petit dernier ou de la carte postale des dernières vacances.

Attention, le desk sharing impose un emploi du temps cadré au cordeau. En effet, vu que le nombre de places est plus limité, impossible d'arriver le matin au bureau à l'improviste. Les entreprises s'organisent donc avec des agendas. Un cadrage qui peut être contraignant pour certains. L'absence de "son" bureau est aussi mal vécue par de nombreuses personnes qui se sentent encore plus anonymisées dans l'entreprise : un numéro parmi d'autres.

Pour les entreprises, outre des frais fixes qui baissent, des locaux moins grands permettent de se mettre en avant. En communication, on appelle cela la "réduction de l'empreinte immobilière" que l'on dérive très vite en "réduction de l'empreinte carbone". Vraiment ? Pas certain.

Des inconvénients et coûts pour les salariés

En effet, un salarié qui part au travail a tendance à baisser son chauffage en journée. Il n'allume pas la lumière et ne consomme pas l'électricité de son ordinateur. A l'inverse, un salarié en télétravail a tous ces coûts à supporter. Il dépense toutefois moins en transport. Certaines entreprises prévoient des compensations financières par jour à distance. Cela prend souvent en charge l'électricité, le chauffage, une partie de l'abonnement à internet, etc.

Mais, ce chauffage ou cette électricité qui sont consommés par le salarié à distance, ils sortent du cadre pour l'entreprise. Ainsi, la réduction de l'empreinte carbone est en trompe-l’œil. Cela ne prend pas en compte cet ajout d'empreinte carbone du salarié à domicile. En revanche, il est certain que ce sont des millions de kilomètres de transport qui seront économisés (et donc de l'énergie et donc de la pollution) si la proportion de télétravailleurs augmente. Et si la nouvelle mobilité du quotidien était de rester chez soi ? Pas très vendeur pour de nouveaux véhicules si ?

Pour les constructeurs automobiles, le télétravail est déjà effectif. La crise de la Covid-19 aura été un accélérateur pour augmenter la part de travail hors du bureau. C'est un gain financier appréciable en ces temps de crise automobile. Mais, les gains par cette voie ne seront pas suffisants pour éviter la casse sociale qui s'annonce dans les usines en France (et dans le monde). Pour les constructeurs, les emplois "télétravaillables" vont vite être limités, les salariés étant surtout dans les usines, physiquement présents. De plus, la sécurité informatique à renforcer pour certains va être un coût. Il faudra voir sur le long terme.

Le télétravail, oui mais...

Philosophiquement, le télétravail creuse encore plus le fossé entre les cols bleus et les cols blancs. En effet, les ouvriers ou salariés en rapport direct avec la production ne peuvent pas travailler à distance. Les cadres, eux, le peuvent et ainsi bénéficient d'un cadre de vie encore plus agréable avec la souplesse du travail à distance, l'absence de temps de transport, etc.

Mais, toute médaille à son revers. Et les syndicats de rester en alerte. Il ne faudrait pas que le télétravail soit la première étape à un travail délocalisé. Après tout si vous pouvez travailler de chez vous, rien n'empêche de délocaliser votre travail dans un autre pays.

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Pour résumer

Le groupe PSA ne se cache pas de vouloir faire télétravailler un maximum de salariés hors production. Le mouvement peut-il faire tâche d'huile avec un télétravail généralisé ?

Thibaut Emme
Rédacteur
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