Plan Renault : objectif 2 milliards d'euros d'économies
par Thibaut Emme

Plan Renault : objectif 2 milliards d'euros d'économies

Le groupe Renault dévoile ce 29 mai son plan de réduction des coûts fixes de plus de 2 milliards d’euros sur 3 ans. Corollaire social, 15 000 suppressions de postes dont 4 600 en France.

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C'est la compétitivité du groupe Renault au sein de l'Alliance qui est en jeu. Pour ne pas rester à la traîne de Nissan ou Mitsubishi, Renault a décidé d'appliquer un plan que certains qualifieront de drastique. Objectif efficacité "en simplifiant les processus, en réduisant la diversité des composants au sein des véhicules et en ajustant les capacités industrielles".

Trois axes : simplification, standardisation et ajustement

On l'a déjà appris, Renault envisage de sabrer certains modèles à la rentabilité en berne. Il s'agit de l'Espace, de la Talisman et vraisemblablement du Scenic. Le but est de tout miser sur les véhicules à la mode et dont le mix-produit est plus intéressant : les SUV.

La simplification de la gamme s'accompagnera par une plus grande standardisation des véhicules au sein de l'Alliance comme le groupe Renault l'a déjà annoncé cette semaine. Selon le processus "leader-follower" (meneur-suiveur), l'un des trois constructeurs de l'Alliance se voit désigner comme le meneur sur un segment, un type de voiture, mais aussi une région du monde. Les autres constructeurs de l'Alliance se calent alors sur son pas et suivent ses décisions. Cela doit permettre d'atteindre un niveau de pièces communes bien plus important que maintenant et de réduire de façon importante les coûts de R&D d'un véhicule.

Mais, Renault annonce aussi ce que beaucoup de monde redoutait : la suppression de 15 000 postes dans le monde, dont 4 600 en France. Cela s'accompagnera vraisemblablement par la fermeture de certains sites, même si ce terme n'est jamais officiellement évoqué.

"ajustements d'effectifs", pas de licenciement sec

Cela avait déjà été annoncé, l'usine de Flins-sur-Seine devrait bientôt cesser de produire. L'usine ne fermera pas, mais son activité sera réorientée. Le Technocentre est aussi concerné : "A Flins et Guyancourt, le Groupe réorganiserait ses activités." selon le communiqué officiel.

La production en France va être recentrée sur le véhicule électrique, le véhicule utilitaire, mais aussi "l’économie circulaire et l’innovation à forte valeur ajoutée". Ces "ajustements d'effectifs", Renault s'engage à les faire au travers d'un dialogue qualifié d'exemplaire avec les syndicats ouvriers et cadres, mais aussi les collectivités locales touchées par ces baisses d'effectifs. Surtout, Renault veut éviter, et c'est tout à son honneur, les licenciements secs.

Au menu, mesures de reconversion, mobilité interne, et surtout départs volontaires. Ces suppressions de postes "s’étalerai[en]t sur 3 ans et concernerai[en]t en France près de 4 600 postes auxquels s’ajouterait la réduction de plus de 10 000 autres postes dans le reste du monde".

Renault annonce des "capacités mondiales de production revues de 4 millions de véhicules en 2019 à 3,3 millions d’ici à 2024 (référence Harbour)". Mais également la "suspension des projets d’augmentation de capacités prévus au Maroc et en Roumanie". (Dacia)

Concrètement, qui est menacé ?

Pour le moment, le Groupe Renault parle d'hypothèses de travail, et l'avenir de certains sites est conditionné aux discussions mais aussi aux résultats.

La crainte pour Maubeuge

Renault évoque la création "d’un pôle d’excellence optimisé des véhicules électriques et utilitaires légers dans le nord de la France". Concrètement, il y a deux usines Douai et Maubeuge, et Renault devrait regrouper tout cela sur un seul site, celui de Douai. Douai va déjà récupérer la production de la future Renault Zoe électrique.

Maubeuge assemble le Renault Kangoo et ses clones de l'Alliance (Nissan NV250 par exemple). Visiblement, la réflexion est donc ouverte pour que Maubeuge soit absorbée par Douai. Les deux usines sont distantes de 75 km environ. Cela rappelle un peu le cas de la fermeture de l'usine PSA de Aulnay-sous-Bois au profit de Poissy en 2014. Douai assemblant le Scenic, la probable fin de ce dernier laisse de la place pour récupérer un autre véhicule.

La fin de Dieppe à la fin de l'A110 ?

Pour l'usine Alpine de Dieppe, la fermeture n'est pas encore actée. Elle est conditionnée à l'avenir de la marque et à la production de l'Alpine A110. Cette petite usine de 350 salariés environ est le symbole de la ville et de Alpine. Mais, l'avenir de la marque est pour le moment en pointillé et d'aucuns craignent que pour faire des coupes dans les coûts, la marques soit remise en sommeil et l'usine fermée.

Pour le moment, Renault parle de "réflexion ouverte". Mais, Renault a dévitalisé l'usine au fil des années en lui retirant la transformation des Megane en Megane R.S. (envoyé à Palencia en Espagne), puis celle des Clio R.S. dont la déclinaison s'est arrêtée avec la Clio 5. Cet atelier d'excellence sportive est donc en sursis.

La fin pour Fonderie de Bretagne ?

Dans le Morbihan, le site de la Fonderie de Bretagne, à Caudan (Lorient) retient son souffle. En effet, le groupe annonce officiellement "une revue stratégique". Concrètement, rien n'est clair, et c'est ce qui inquiète sur place salariés, syndicats et collectivités locales.

Le site de Fonderie de Bretagne a été créé en 1965 et la production lancée en 1966, sur les cendres de la fonderie de Hennebont. Celle qui est alors la Société bretonne de fonderie et mécanique (SBFM) a pour actionnaire principal Renault, et pour client principal...Renault. En 1998, Renault décide de céder l'entreprise à la FIAT via Teksid.

A peine 8 ans plus tard, la fonderie est lâchée par Fiat et vit des années noires. De 1600 au plus haut de l'activité, il ne reste plus qu'un peu plus de 500 salariés à la SBFM. Tout le monde va se mobiliser, et des aides locales sont décidées pour convaincre Renault de racheter le tout en 2009. La SBFM a vécu, la Fonderie de Bretagne naît.

11 ans après, l'usine qui est rentable selon différents acteurs sur place, vit peut-être ces derniers mois en tant que filiale Renault.

Economie circulaire pour Flins

L'usine de Flins-sur-Seine, qui assemble la Renault Zoe et la Nissan Micra, va cesser d'être une usine d'assemblage. Renault veut la transformer en un "écosystème d’économie circulaire". Cela implique le transfert à Flins des activités de Choisy-le-Roi (56 km de distance environ).

L'usine a vu son activité baisser drastiquement depuis que la production de la Clio est partie intégralement en Turquie et en Slovénie. Flins reste théoriquement en secours du secours si jamais la demande était trop forte pour les deux usines de Bursa et Novo Mesto. Vu les capacités de production de ces deux usines, autant dire qu'il n'y a plus de Clio 5 assemblées à Flins.

Les cadres touchés aussi

Parmi toutes les pistes de réduction d'effectifs, certaines sont plus sous-entendues comme lorsqu'il est évoqué une digitalisation plus importante du marketting (moins de salon, d'événements en réel donc) et une "réduction des coûts corrélés aux fonctions support".

Cette efficience accrue des fonctions de support devrait permettre selon le plan préliminaire une économie de 700 M€ contre 650 M€ pour l'optimisation de l'appareil industriel.

Ce plan vise donc les 2 milliards d'euros d'économie sur 3 ans et devrait coûter selon Renault 1,2 milliard d'euros. En 2023, le groupe Renault devra avoir "les bases d’une nouvelle compétitivité".

Notre avis par leblogauto.com

Un plan plutôt ambitieux dans un contexte social tendu. Certains estiment que Renault pourrait aller plus loin dans la rationalisation des effectifs de production, en France comme à l'étranger. Mais, cela ne passerait sans doute pas. Déjà, là, il faudra déployer des talents de négociateurs comme Jean-Dominique Senard en a (et l'a démontré chez Michelin). Pour le bientôt nouveau patron de Renault, Luca de Meo, la voie est tracée : faire appliquer le plan et sortir Renault de l'ornière. On attend désormais le plan produit.

Certains trouveront dommage d'arrêter la Talisman ou l'Espace (non encore officiellement confirmé mais presque). Mais après tout, pour paraphraser (en inversion) Coluche : il suffirait que les gens achètent pour que cela se vende ! Idem pour l'excellent Alpine A110 qui passé le boost du lancement peine à trouver un second souffle.

L'annonce du passage de capacité de production de 4 millions de véhicules par an à 3,3 millions en 2024 semble indiquer que Renault vise moins de véhicules vendus, mais mieux et plus chers (le fameux mix-produit). En 2019, Renault a produit 3 818 411 véhicules particuliers et utilitaires dans le monde. Une partie sera aussi sans doute compensée par une production chez l'un des partenaire de l'Alliance.

Pour rappel, le groupe Renault en 2019 c'est un petit peu moins de 180 000 collaborateurs dans le monde dont environ un quart en France. Ces baisse d'effectifs représentent donc une baisse d'environ 8,33% du nombre de salariés.

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Pour résumer

Le groupe Renault dévoile ce 29 mai son plan de réduction des coûts fixes de plus de 2 milliards d’euros sur 3 ans. Corollaire social, 15 000 suppressions de postes dont 4 600 en France.

Thibaut Emme
Rédacteur
Thibaut Emme

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