Branle-bas de combat dans le secteur des batteries en perspective ? Le vice-président de la Commission européenne chargé de l’énergie a appelé cette semaine à une collaboration des constructeurs européens dans le domaine. Objectif affiché : concurrencer les Etats-Unis et la Chine dans le domaine de la voiture électrique.
S’exprimant en début de semaine dans le cadre d’un entretien accordé au Süddeutsche Zeitung, Maros Sefcovic a ainsi proposé la création d’un consortium européen pour la fabrication de batteries.
Un Airbus des batteries en ligne de mire
Maros Sefcovic a de manière encore plus claire exhorté à la mise en place d’un véritable « Airbus des batteries », via une alliance des constructeurs européens. Selon lui, la situation du secteur serait comparable à celle observée lors des années 1970 lorsque les Européens ne parvenaient pas à surmonter leur retard industriel face à Boeing dans l’aéronautique.
Il estime ainsi que le défi ne pourra être relevé que via l’union des savoirs et capitaux comme cela a été fait dans le cadre de la transnationale Airbus. La question d’échelle est en effet déterminante pour rentabiliser la production de batteries, et l’atomisation des acteurs européens serait l’une des faiblesses du secteur.
Eviter que l’Europe ne soit à la traîne … et dépendante
Sa volonté première est de tout faire en sorte que l’Europe ne soit pas à la traîne dans un secteur qui se veut fort prometteur et qui pourrait détenir une formidable part de marchés dans les années à venir. De plus, la batterie constituant un des éléments clés des voitures électriques, une maigre présence des européens dans le domaine pourrait à terme impliquer une trop grande dépendance.
Or, le vice-président de la Commission le concède : « concernant la voiture électrique, nous devons reconnaître que les États-Unis et la Chine avancent plus vite que nous. »
A l’heure actuelle, les constructeurs automobiles européens ne se lancent pas dans la production de cellules de batteries lithium-ion, baissant en quelque sorte les bras devant une rude concurrence asiatique en la matière, en terme de prix, cela va de soi.
Une technologie trop importante pour être importée
Reste que selon Maros Sefcovic, les batteries constituant une part importante du coût final d’un véhicule électrique (jusqu’à 40 %), elles ne doivent pas être importées. Qui dit importation dit en effet impossibilité de maîtriser les coûts, tout en mettant en quelque sorte le loup dans la bergerie, la marge réalisée sur le véhicule et la rentabilité de la production étant trop fortement dépendantes d’éléments difficilement contrôlables … voire même contrôlés par la concurrence telle que Chine et Etats-Unis.
Des moyens disponibles
Le vice-président de la Commission a par ailleurs ajouté que l’UE disposait de moyens « pour soutenir la recherche, l’infrastructure et le marché de manière générale ».
Maros Sefcovic a par ailleurs précisé que l’objectif de l’Union européenne était « d’emmener des véhicules utilisant des énergies alternatives le plus rapidement possible dans les rues. » Promettant par la même occasion un fonds public d’aide à la recherche et au développement de 2,4 milliards d’euros. Selon le Süddeutsche Zeitung , 2 milliards d’euros seraient potentiellement utilisables pour développer les batteries et les motorisations alternatives en Europe.
Plus encore, de nouveaux textes législatifs pourraient être mis en vigueur dans le domaine pouvant aller jusqu’à instaurer d’une part obligatoire de véhicules électriques au sein de la production globale des constructeurs. Une réglementation potentielle qui serait alors vu comme un « signal » pour Sefcovic. Le cas échéant, les mesures d’incitation seraient proches de celles mises en œuvre en Chine.
Sources : AFP, Süddeutsche Zeitung, Numerama
Crédit Photo : Renault
Egalement disponible via leblogfinance.com
Poster un Commentaire
24 Commentaires sur "L’Union européenne plaide en faveur d’un Airbus des batteries"
Initiative tardive ; tous les constructeurs européens ont passé des marchés de fournitures avec le Chinois CATL ou le Sud Coréen LG pour être prêts en 2020 à affronter avec de l’électrique ou de l’hybridation, les rigueurs de la norme EURO 7 en 2021; POURQUOI ne pas y avoir pensé lorsque l’Europe a durci les normes de rejets des polluants ????
Pourquoi avoir parsemé des crédits sur 50 labos européens pour cette recherche au lieu d’avoir financé seulement trois gros labos ??
aussi parce que les constructeurs n’en voulaient pas. Chacun fait sa cuisine dans son coin. Il suffit de voir l’épisode des connecteurs pour le comprendre alors que l’électricité est la même sur toute l’Europe…
La position de l’Alliance est engagée en Asie, je ne sais pas si Renault et Nissan se désengageraient volontiers de leurs accords actuels là bas. On constate que Nissan se désengage de la co entreprise avec nec et AESC (n°2 mondial en 2015) pour se tourner vers LG chem (batterie Renault) n°5 2015. Sachant que Mitsubishi/GS yuasa est n°4 et qu’il est dorénavant dans le giron de l’Alliance… Bref comme dit Lenastor, ça semble arriver tardivement, surtout face au n°1 Panasonic (Tesla, Toyota…).
Certes mais c’est surtout parce que rien n’existait en Europe, de cette volonté affichée aujourd’hui, qu’ils ont été contraints de se tourner vers l’Asie.
A Total avec sa marque Saft ( 800 millions d’euro de chiffre d’affaires annuel avec Airbus, Ferrari, etc …etc …. ) de se bouger le cul .
Saft n’est pas du tout dans ce secteur de batterie, me semble-t-il !!! D’autre part Panasonic est un géant de l’électronique, 56 milliards € de CA en 2016 (tous secteurs confondus). Mais qui sait, en se regroupant avec d’autres acteurs Européens… Mais je doute qu’il en soit encore temps. Beaucoup critiquent l’Europe mais de nombreux secteurs ont besoin de cette union, on en voit une nette illustration ici; les dix premiers groupes de batteries automobiles sont en Asie et c’est sans appel !
Si si 🙂
(ils fournissent les buggys du Trophée Andors, feu l’Exagon GT, des stationnaires, etc.).
Ici la question est de savoir si 10 entreprises et 10 budgets valent mieux ou moins bien que ces 10 entreprises réunies et les budgets mis ensembles.
Et aussi de « faire le poids » face aux mastodontes en face.
Il est grand temps que les géants mondiaux du pétrole pour se reconvertir imposent la norme des batteries interchangeables en station…… adieu Tesla devenu « has been » entre autre ……
Oh oui, et qu’on interdise l’autoproduction d’electricité, comme ca les geants mondiaux du petroles auront toujours quelqiechose a nous vendre.
Sceller les batteries avec la voiture est une idée obsolète, Musk est un arriéré.
Tout ce qui fonctionne avec un gros besoin en électricité ( caméscope , perceuse sur accu …. etc ….a des batteries amovibles interchangeables
Dans le futur les stations services échangerons la batterie déchargée contre une pleine ( comme pour l’essence ou les bouteille de gaz )
C’est surement une option qu’étudie Total /Saft.
Musk n’a décidément rien compris.
à Cuba, il n’y a pas de ces géants pétroliers occidentaux protégeant leur intérêt
et pourtant, je n’y avais pas vu de panneaux photovoltaiques en autoconsommation par les habitants….
c’est peut-être que c’est encore très cher, non? et que chez nous, les gens préfèrent revendre cette élect aux tarifs préférentiels, plutôt que de la consommer….
Euh il y a tout de même le poids de PDVSA le pétrolier du Venezuela. Extrêmement stratégique pour le pays via échange pétrole contre médecins.
Après la défunte société Better Place qui fit faillite par manque de clients, bien que la Zoé 1ère génération était prévue pour l’échange de batteries, pour ceux qui ont la mémoire courte, Tesla Motors va expérimenter le système d’échange de batteries sur sa Model S électrique .
Perso, si je venais d’acquérir un V.E. neuf avec location de batterie, et qu’au premier échange, je me retrouve avec des batteries qui ont deux ans et déjà perdu 20% de leur capacité, je n’apprécierais pas du tout
Total / Saft est à l’intérieur de 5 écuries de formule 1.
https://www.saftbatteries.com/fr/secteurs-de-march%C3%A9/transports/course-automobile.
Saft: reçoit un prix de la Scuderia Ferrari.
http://bourse.lefigaro.fr/indices-actions/actu-conseils/saft-recoit-un-prix-de-la-scuderia-ferrari-326542
l’Europe a très peu de lithium et de métaux précieux; alors il reste à faire fonctionner la technologie au graphène pour les batteries, et le projet Européen graphène -flagship.eu retenu en 01/2013 concerne 74 partenaires sur 17 pays de l’UE . Le projet a été découpé en 15 axes de recherche dont 4 de gestion et d’innovation et 1 pour les applications à l’énergie .
Ce projet devra être recadré en 2020 pour dix ans avec un budget de 1Milliard €
Projet trop morcelé pour aboutir !!
Ils ont surtout pas envie que ca aboutisse..
Quand on pensent à Saft, BASF, ou siemens pourtant il y avait moyen de prendre un bon départ.
Après Airbus ne s’est pas construit uniquement avec des expressions de désirs. Être capable de fédéré au niveau politique permet pas mal de chose. Pour une entreprise pourvoir lever des fond aussi. Il suffit de voir comment grandi tesla sans réelle rentabilité
Comme quoi un minimum de protections douanières est nécessaire au niveau de l’Europe ou des échanges internationaux équilibrée 50-50 vers la Chine et les USA.
Et sanctionner les états européens qui absorbe les aides européens et qui achètent des produits Américain en échanges, comme des F-35 ou des F-16 par exemples. 😉
Bref faire (vraiment) l’Europe, pas seulement qu’avec des mots.
Sinon dans 20 ans, l’Europe ne sera qu’une colonie Chinoise, économiquement parlant comme 50 % de l’Afrique.
Il y a plein d’autres domaines où il faudrait un Airbus: système d’exploitations, bureautique, application genre AirBnb, Uber, Spotify, Google, etc … scanners, satellites, téléphonie, etc … la liste est longue où nous sommes dépendants des US ou des chinois, le pire étant le service, ex: quand ils ponctionnent directement la moindre chambre d’hôtel ce qui est bien différent que de t’avoir vendu une chose que tu ne fabriques pas.