Propositions Delanoë : Réactions et analyse
par Thibaut Emme

Propositions Delanoë : Réactions et analyse

Les propositions de la Mairie de Paris pour améliorer l'air de la capitale et de l'Ile de France en général font réagir, c'est le moins que l'on puisse dire. Après les premières réactions fustigeant des propositions antisociales, voici d'autres réactions comme celle de l'Automobile Club Association ou celle plus surprenante de Denis Baupin.

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Les propositions de la Mairie de Paris pour améliorer l'air de la capitale et de l'Ile de France en général font réagir, c'est le moins que l'on puisse dire. Après les premières réactions fustigeant des propositions antisociales, voici d'autres réactions comme celle de l'Automobile Club Association ou celle plus surprenante de Denis Baupin.

L'Automobile Club Association rejette bien entendu les propositions du Maire de Paris en rappelant que la population qui sera impactée par de telles mesures sera surtout la moins aisée, prime à la casse ou pas. "L’Automobile Club Association constate - une fois de plus - que la Ville de Paris classe les modes de transport en deux catégories : ceux qui seraient les "bons" (transports publics et modes doux) et les "mauvais" (automobiles, camions, deux roues motorisés, etc…). Selon l’ACA, cette approche est erronée. En effet, il n'y a pas lieu d’attribuer de "valeur" intrinsèque aux différents modes de transports ; il s’agit là d’outils et, selon les cas, ce sont les uns ou les autres qui correspondent le mieux à l'intérêt général de la population".

Mais au-delà de la simple prise de position contre les mesures proposées, l'ACA y répond point par point. Concernant la généralisation des zones 30, l'ACA tient à rappeler ce qui a mené à la création des premières zones : "Le concept des zones 30 a pour vocation d’améliorer la sécurité routière à des endroits bien précis et très limités, et non de devenir une nouvelle norme urbaine généralisée". Concernant les ZAPA, l'ACA a déjà pris position contre lors du lancement de l'appel à candidature, mais enfonce le clou "Les bénéfices environnementaux ne sont pas prouvés dans les pays étrangers ayant adopté de telles dispositions. L’exemple de Potsdam est exemplaire puisque cette ville sans zone environnementale a enregistré entre 2007 et 2008 une amélioration de la qualité de l’air plus importante que sa voisine Berlin, pourtant l’une des premières à mettre en place une zone environnementale en Allemagne", tout en rappelant le caractère antisocial et anti-économique de ces ZAPA.

Denis Baupin et EELV contre les mesures proposées

Plus surprenant peut-être est la position des verts et de leur élu parisien le plus emblématique, Denis Baupin. Chantre du combat anti-automobile Baupin considère que cibler les véhicules anciens est une mauvaise chose. En effet selon lui "des études prouvent que souvent les vieilles auto ne sont pas utilisées, car elles appartiennent aux foyers les plus défavorisés, qui évitent les déplacements trop coûteux".

L'élu EELV propose même qu'en cas d'interdiction les voitures anciennes utilisées par au moins 3 personnes puissent tout de même rouler. Parmi les contre-propositions, Baupin et EELV souhaite une "rocade tramway" reliant les gares parisiennes (pourtant déjà reliée par le métro NDLA) mais surtout la suppression des niches fiscales accordées au diesel.

Interdire les anciens véhicules, quel impact sur l'air ?

Au delà des vaines polémiques de chaque camp restant sur ses positions, tentons d'analyser quel serait l'impact sur la qualité de l'air de l'interdiction de circulation pour les véhicules de plus de 17 ans.

Concernant le nombre exact de ces véhicules en circulation sur l'Ile de France, une étude nous apprends qu'il y a un peu plus de 3 millions de véhicules d'avant 1997 en circulation au niveau national. La proportion présente en Ile de France, quotidiennement à l'intérieur de l'A86 ne doit donc pas dépasser les 500 000 véhicules ce qui rapporté aux plus de 7 millions de véhicules qui circulent quotidiennement en Ile de France représente moins de 10%. L'interdiction pure et simple de ces véhicules ne se traduirait pas par la disparition de 500 000 véhicules mais par leur remplacement par des véhicules plus récents mais polluants presque autant. Le gain de ce coté serait donc négligeable pour la qualité de l'air.

Par ailleurs cette mesure ne ferait que déplacer la pollution en banlieue. En effet, l'A86 n'est qu'à 10 km autour de Paris et beaucoup de personnes se déplaceraient donc jusqu'à une ville de banlieue à l'extérieur de l'A86 pour attraper un RER. On aura donc un report des embouteillages (et donc de la pollution) vers des villes non dimensionnées pour accueillir autant de véhicules.

Les véhicules responsables de la pollution ?

Une étude d'AirParif (organisme chargé de surveiller la qualité de l'air en Ile de France) nous en apprend plus sur l'origine des particules fines en Ile de France. Premier constat, 68% des particules les plus fines (PM2.5, responsables de maladies cardio-respiratoire et d'une augmentation de la mortalité) sont issus de l'extérieur de l'Ile de France. Portées par les vents dominants, ces particules sont principalement issues de l'agriculture via des réactions chimiques. mais également issues du chauffage résidentiel et tertiaire. En additionnant les particules produites en Ile de France et celles importées dues au chauffage, on obtient 25% des PM2.5. Le trafic routier (voitures + camions) quant à lui n'est responsable "que" de 14% de ces mêmes particules. Agir sur les chauffages urbains (bois et fioul) aurait donc un impact plus important que d'interdire les véhicules anciens.

Concernant les PM10, moins dangereuses (mais responsables tout de même d'affections pulmonaires) 40% sont issues du trafic routier (au niveau du périphérique ce qui augmente bien sur la proportion) dont 50% environ issues des véhicules particuliers. Toute fois AirParif note que le chauffage résidentiel (au bois notamment) est responsable d'une part non négligeable de ces suies.

Comme on peut le voir, la simple interdiction d'une certaine catégorie de véhicules ne peut à elle seule résoudre les problèmes de pollution aux particules fines de la capitale. Pire, certaines sources, plus simples et moins onéreuses à transformer ou moderniser représentent un levier plus important qui permettrait de baisser plus efficacement la pollution. Enfin, et c'est sans doute là le plus important, réduire ou entraver la circulation des véhicules particuliers ou de livraison ne peut se faire efficacement qu'en contre-partie de transports en commun efficaces et qui donnent envie d'être empruntés.

Lire également : Pollution - les propositions (choc ?) du maire de Paris

Source : ACA, l'Express, AirParif, Photo : Ministère

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Pour résumer

Les propositions de la Mairie de Paris pour améliorer l'air de la capitale et de l'Ile de France en général font réagir, c'est le moins que l'on puisse dire. Après les premières réactions fustigeant des propositions antisociales, voici d'autres réactions comme celle de l'Automobile Club Association ou celle plus surprenante de Denis Baupin.

Thibaut Emme
Rédacteur
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