Interdire la publicité pour les thermiques : fausse bonne idée ?
par Thibaut Emme

Interdire la publicité pour les thermiques : fausse bonne idée ?

La ville d'Amsterdam (Pays-Bas) a décidé de complètement interdire la publicité pour les voitures thermiques, dans les stations de métro. Certains politiques et associations en France poussent pour l'interdiction de la publicité pour les véhicules les plus polluants. Mais, est-ce une bonne idée et cela peut-il fonctionner ?

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L'interdiction par la ville d'Amsterdam date de début mai. Déjà avant, il y avait des restrictions de publicité (diesel, etc.). Là, c'est donc toute publicité pour moteur thermique qui est bannie. L'interdiction porte également sur des vols aériens à bas prix.

Cachez ce CO2 que je ne saurai voir

Le but est de ne plus promouvoir des véhicules à énergie fossile, ni des billets d'avion à prix cassés qui incitent les gens à consommer et polluer. Pourquoi uniquement dans le métro ? En fait, pour Amsterdam, le problème est qu'il faudrait une loi nationale pour interdire la publicité dans les rues. En revanche, la régie publicitaire du métro est sous le contrôle de la ville. Aussi, elle peut refuser les campagnes qu'elle estime "polluantes".

En France, on devrait petit à petit arriver à une interdiction ciblée des publicités pour les véhicules considérés comme polluants. Le WWF France soutient que : "l’espace publicitaire ne doit pas, de son côté, pouvoir continuer à faire la part belle aux véhicules les plus polluants. Nous appelons le gouvernement à interdire la publicité pour les véhicules les plus lourds et à réorienter les budgets publicitaires vers la promotion de véhicules plus légers et moins émetteurs".

On s'oriente donc vers une sorte de loi Evin de l'automobile, du nom de ce Ministre qui a interdit la publicité pour l'alcool et le tabac. Justement, on peut s'appuyer sur la loi Evin pour regarder ce qu'il pourrait se passer. On a assez de recul pour voir que la loi Evin n'a en rien enrayé la consommation de tabac ou d'alcool en France. La loi qui oblige les publicitaires à mettre des messages dans les publicités pour aliments (ni trop gras ni trop salé, mangez bougez...) n'a pas non plus fait baisser la malbouffe.

Malusser les émissions ne suffit donc pas ?

De la même manière que la loi Evin n'a pas fait diminuer comme voulu la consommation de tabac ou d'alcool (*), l'interdiction de la publicité pour les SUV, comme voulue par le WWF France, ne freinera pas cet effet de mode. Les constructeurs trouveront un autre moyen de communiquer dessus. Le marché de la publicité déjà durement touché par la pandémie à la Covid-19 et les changements de supports sera le seul perdant.

Les constructeurs auto ont consacré en 2019 4,3 milliards d'euros à la publicité dont 1,8 pour les SUV. Si on interdit la publicité pour ce genre de véhicules, ou pour les véhicules thermiques dans leur ensemble, les constructeurs ne reporteront pas les milliards économisés vers la publicité des autres véhicules.

Surtout, comment catégoriser un SUV ? Par le poids ? Le gabarit ? La hauteur ? Le volume ? Il y a un juge de paix : la consommation et donc les émissions de CO2 et autres polluants. Et il y a déjà un malus qui existe pour réguler (ou tenter de le faire) les ventes des véhicules les plus émetteurs de CO2. Pourquoi vouloir une interdiction qui ne sera pas efficiente ? C'est prendre les Français pour des imbéciles que de penser que la publicité pour le dernier SUV les incite à prendre cela plutôt qu'un break ou une citadine.

Si on veut interdire quelque chose, interdisons carrément ces véhicules. Cela aura au moins le mérite de ne pas être hypocrite.

C'est quoi la prochaine étape ?

Anticipons un peu. Actuellement ce sont les SUV. Mais demain ? Qui dit que ce ne sera pas les familiales inutilement trop longues ? ou inutilement trop puissantes ? Ou les sportives ? Au-delà des voitures, pourquoi ne pas interdire la publicité pour les vacances, pollution inutile. Et les loisirs ? Après tout, un film pollue et n'apporte pas grand chose pour la planète si ? A partir de là, on peut tout imaginer en matière d'interdiction unilatérale.

Certains, en plus des interdictions de publicités pour une catégorie de véhicules, voudraient que les publicités, même pour les véhicules "plus propres" fassent la retape des transports en commun, des déplacements alternatifs, etc. A quand le contrôle de l'adéquation de votre voiture avec votre foyer ?

Illustration : Amsterdam, source : Amsterdam

Notes

(*) la loi Evin, du nom de Claude Evin, est entrée en vigueur en 1991. Elle visait à interdire la publicité pour l'alcool et le tabac. Le but était de protéger les jeunes de ces incitations. Selon les dernières données, plus de 85% des jeunes de 17 ans ont déjà consommé de l'alcool. Ils sont environ 60% à avoir déjà bu de l'alcool à 11 ans. Une efficacité toute relative donc. En revanche, la loi Evin a privé d'annonceurs un grand nombre de sports motorisés ou autres.

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Pour résumer

La ville d'Amsterdam (Pays-Bas) a décidé de complètement interdire la publicité pour les voitures thermiques, dans les stations de métro. Certains politiques et associations en France poussent pour l'interdiction de la publicité pour les véhicules les plus polluants. Mais, est-ce une bonne idée et cela peut-il fonctionner ?

Thibaut Emme
Rédacteur
Thibaut Emme

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