Une Peugeot 905 aux 10.000 tours du Castellet 2020
Une Peugeot 905 aux 10.000 tours du Castellet 2020Credit Photo - Nicolas Anderbegani
par Nicolas Anderbegani

30 ans déjà : le triomphe de la 905 au Mans

Après l'arrêt brutal en 1986 de la catégorie Groupe B dans le championnat du monde des rallyes, où la Peugeot 205 T16 trustait les victoires, Peugeot Sport s'est remobilisé en Rallye-Raid avec le même succès, Ari Vatanen remportant dès 1987 l'épreuve, suivi en 1988 de son compatriote Juha Kankkunen. Mais tandis que Citroën doit à court terme relayer Peugeot dans la discipline, le constructeur sochalien se lance dans un nouveau projet, toujours sous la direction de Jean Todt : remporter les 24 heures du Mans. Une épreuve où le Lion n'a plus été engagé depuis...1938.

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ça tombe bien, l'Endurance connaît un vif succès à la fin des années 80. Grâce à une catégorie Groupe C spectaculaire, les constructeurs se bousculent : Mercedes, Jaguar, Porsche, Toyota, Mazda et consorts rivalisent avec des prototypes aux performances démoniaques, certains tutoyant les 400 Km/h dans la ligne droite des Hunandières. Qui plus est, l'Endurance fait sa mue puisque, sous l'impulsion de Bernie Ecclestone, qui, en plus de sa mainmise sur la F1, supervise les autres compétitions FIA, une nouvelle règementation est prévue pour 1991 : l'introduction de courses sprint et d'une règlementation moteur calquée sur la F1, avec des moteurs de 3.5 litres de cylindrée atmosphériques, doit attirer constructeurs, sponsors et médiatisation. Ce sera en réalité un cadeau empoisonné, qui, à cause de l'explosion des coûts et d'un modèle éocnomique hasardeux, causera rapidement la perte de l'Endurance, laquelle mettra une bonne décennie à s'en remettre. Mais nous n'en sommes pas encore là quand es lancé en 1988 le projet "905".

Présentée en 1990 à Magny-Cours, la 905 incarne parfaitement la modernité et le raffinement technologique de la nouvelle génération de sport-protos, qui ressemblent plus que jamais à des F1 carrossées. Le châssis en fibre de carbone a été développé en partenariat avec Dassault Aviation et la bête embarque un V10 3.5 Litres, qui servira de base plus tard au moteur de Formule 1 engagé à partir de 1994. Après des débuts mitigés, l'évolution développée en 1991 se révèle très performante. La 905 « Evolution 1 bis » adopte un grand aileron arrière biplan emprunté à la XJR-14, un aileron avant réglable, des tunnels de canalisation d'air autour du cockpit pour alimenter deux radiateurs latéraux, et un moteur à la fois plus puissant et plus léger.Mais la 905 est avant tout taillée pour les courses sprint du championnat du monde, qui se déroulent sur des épreuves de moins de 500 kilomètres. Ainsi, aux 24 heures 1991, après un début en fanfare, les deux 905 sont hors courses avant même la tombée de la nuit.

Pour 1992, Peugeot ne veut pas rater le coche. La fiabilité est travaillée, l'aérodynamisme optimisé et des test d'endurance sont effectués durant l'intersaison sur le circuit Paul Ricard. Le championnat du monde subit les effets de la nouvelle réglementation qui se révèle contre-productive, car Jaguar et Mercedes sont partis, tandis que les petites équipes ne survivent pas financièrement et que l'attraction du public et des médias escomptée n'est pas au rendez-vous. Le plateau 1992 est donc réduit à sa portion congrue, même si Peugeot doit affronter comme principal adversaire Toyota. La manche d'ouverture du championnat à Monza entretient l'inquiétude chez Peugeot Sport, puisque les deux voitures ont abandonné, une sur panne moteur et l'autre, celle de Yannick Dalmas, sur une sortie de piste causée par une casse de freins, à seulement deux tours de l'arrivée.

Au Mans, Peugeot arrive avec 6 châssis et de nombeux ensembles moteur-boîte de vitesses. Aux essais, Philippe Alliot réalise un époustouflant chrono en 3'21 qui améliore de 10 secondes la référence de l'année précédente, avec une vitesse de pointe de 351 Km/h dans les Hunaudières. Le début de la course n'est pourtant pas très serein. Dans des conditions pluvieuses, la bataille est serrée avec Toyota et surtout Mazda.Dès le deuxième tour, alors que les deux Peugeot mènent la course, Volker Weidler, déchaîné dans des conditions pluvieuses, s'attaque aux Peugeot devant la foule surprise au volant d'une surprenante Mazda MXR-01 qui a beaucoup emprunté à la Jaguar XJR-14. Pis, La Peugeot n°31 de Ferté subit même un gros accrochage avec une Toyota et sombre au classement, perdant 11 tours dans le délai de répération. 

Devant, les Peugeot n°1 et 2 de Warwick-Dalmas-Blundell et Badi-Alliot-Jabouille distancent irrémédiablement les poursuivants. Quelques soucis techniques vont néanmoins émaller leur périple puisque la n°2 connaît des avaries de freins et de pompe de direction assistée qui lui font perdre progressivement 6 tours. La Toyota de Pierre-Henri Raphanel s'intercale donc entre les deux Lionnes. La n°1 de tête connaît une frayeur au petit matin quand Warwcick est ralenti à son tour par des soucis de disques et de plaquettes de freins, ainsi qu'une électronique sous surveillance. Mais finalement, la n°1 ne flanche pas et remporte la course.

Avec 352 tours parcourus, Yannick Dalmas et les britanniques Warwick-Blundell - tous les trois issus de la F1 - remportent le Mans 1992 avec 6 tours d'avance sur une Toyota et 7 tours d'avance sur la 905 soeur. Les 905 domineront le reste de la saison, permettant à Peugeot de décrocher un titre de champion du monde des marques d'Endurance dans un contexte bien morose. En effet, faute de concurrents et d'attractivité, le championnat prend fin dès l'issue de la saison 1992. Il faudra attendre environ 20 ans pour qu'il renaisse sous la forme du WEC actuel.

 

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Pour résumer

En 1992, Peugeot Sport remportait avec autorité les 24 heures du Mans grâce à un prototype 905 Evolution très abouti. Le cosntructeur sochalien récidivera l'année suivante avec cette fois-ci un triplé historique dans la Sarthe.

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