Grand prix de Suzuka : le FIAsco !
par Nicolas Anderbegani
Les instances sportives accumulent les erreurs

Grand prix de Suzuka : le FIAsco !

C’est un concours ou bien ? Le grand prix du Japon 2022 restera dans les annales, mais pas vraiment pour de bonnes raisons. La FIA s’est encore couverte de ridicule ce weekend à Suzuka. Après les controverses de 2021, ça fait beaucoup. Ils vont réussir à faire regretter Michael Masi !

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FIAsco 1 : des tracteurs en piste, encore une fois et mauvaise foi !

C’est l’image du grand prix : alors qu’il route à un rythme soutenu suite à un arrêt aux stands pour rattraper le peloton regroupé derrière la voiture de sécurité, et que la visibilité est exécrable, Pierre Gasly croise avec stupeur un engin de levage sur le côté de la piste, affairé à intervenir sur la Ferrari accidentée de Carlos Sainz. Puis un autre engin de levage qui intervient sur la Williams immobilisée d’Albon quelques mètres plus loin. En descendant de sa voiture juste après le drapeau rouge, le français ne décolérait pas : « j’aurais pu me tuer » ! Impossible de ne pas penser au drame de 2014, déjà à Suzuka, quand Jules Bianchi s’était encastré dans une grue identique. D'ailleurs, le père du regretté pilote niçois ne manqua pas l'occasion d'exprimer sa colère sur les réseaux sociaux en évoquant "le manque de respect pour Jules".

Mais voilà que la FIA n’a rien d’autre de mieux à dire que Gasly est fautif car il roulait trop vite ! Assurément, et le français l’a reconnu lui-même, son allure était un peu excessive vu les conditions, bien qu’aucune vitesse maximale ne soit règlementée sous régime de SC, mais cela ne permet pas de fermer les yeux sur la présence d’engins de levage sur la piste, avec le risque qu’une voiture parte en aquaplaning et s’y encastre ! Quand bien même cela se passerait à vitesse réduite, et malgré le halo, un impact direct contre une grue, avec une décélération brutale, occasionnerait sans doute des conséquences graves ! Comme l’a très bien dit George Russell, « ce n’est pas l’incident de Gasly, mais l’incident de la FIA ».

Au final, Gasy écope d’une sanction avec des points de pénalité pour sa vitesse excessive, une mauvaise couverture qui est jetée sur des failles gravissimes. Quand le drapeau rouge a été brandi, les caméras embarquées montrent que le français n’était qu’à quelques dizaines de mètres de la grue et donc déjà lancé. Aurait-il dû piler ? N’oublions pas que les pilotes devaient rouler avec des pneus « full wet » qui sont décriés depuis des années car leur gomme dure ne monte pas en température. On a bien vu au restart, alors que la FIA avait imposé les "full wet", que Vettel et Latifi ont très vite opté pour les intermédiaires et sont allés plus vite tout de suite...

Moins une F1 va vite, moins elle a de grip et rouler trop doucement ne fait qu’empirer les choses, tel un cercle vicieux. Déjà en 2020, en Turquie, les pilotes avaient été lancés dans les qualifications sous la pluie avec la présence d’un camion-grue sur la piste. On se rappelle aussi du bowling de monoplaces au Nürburgring en 2007 ou de Schumacher qui avait frôlé un engin similaire en sortant de la piste au Brésil en 2003. On s’en était ému, mais visiblement les leçons ne sont pas tirées. La FIA a finalement annoncé l’ouverture d’une enquête, mais elle a encore trouvé le moyen de se mettre tout le monde à dos, à commencer par les pilotes qui, unanimement, ont pris la défense de Gasly.

FIAsco 2 : ça finit quand la course ?

La course a été longuement interrompue par un drapeau rouge dès les premiers instants du grand prix, à cause de l’intensification de la pluie et des sorties de piste de Sainz et Abon, mais la règlementation prévoit qu’une fois le départ donné, un évènement ne peut dépasser une durée de 3 heures au total, interruption incluse. L’interminable mascarade du Canada 2011 avait servi de leçon ! Le grand prix a été relancé avec une quarantaine de minutes de course encore à effectuer et la mi-course venait à peine d’être franchie (27 tours) quand le temps imparti des 3 heures était sur le point de s’écouler. Max Verstappen a bouclé son 28e tour et franchi la ligne alors qu’il restait encore 4 secondes de temps imparti, ce qui signifiait normalement qu’il devait achever le tour entamé puis encore en boucler un autre. L’article 5.4 du règlement sportif de la F1 stipule en effet : « Si deux heures s’écoulent avant que la distance de course prévue ne soit complétée, le leader recevra le signal de fin de session lorsqu’il franchira la ligne de contrôle (la Ligne) à la fin du tour suivant celui au cours duquel la période de deux (2) heures a pris fin, à condition que cela n’entraîne pas un dépassement du nombre de tours prévu. »

Sauf que, une fois Verstappen passé, le drapeau à damier a été brandi ensuite à Charles Leclerc et Sergio Perez, qui arrivaient sur la ligne avec un temps imparti écoulé…signifiant ainsi la fin de la course un tour trop tôt ! Dans le doute, plusieurs pilotes ont ensuite continué de pousser au cas où, comme Alonso qui a encore effectué quasiment un tour à pleine charge, tandis que d’autres, comme Ocon et Hamilton, étaient en phase de décélération. Des différentiels de vitesse anormaux qui auraient pu créer des situations dangereuses.

FIAsco 3 : au fait, t’es champion du monde !

La FIA s’est emmêlée les pinceaux dans ses propres règles. Après le ridicule grand prix de Belgique 2021, où la moitié des points avaient été attribués pour seulement 3 tours effectués sous neutralisation, une nouvelle règle avait été instaurée pour les cas de courses interrompues et avait listé un certain nombre de situations dans lesquelles le barème de points devait être échelonné en fonction du nombre de tours parcourus en conditions de course.

Ainsi, pour la victoire dans une course d'au moins deux tours mais de moins de 25% de la distance originale, le gagnant obtiendrait six points ; pour les courses ayant fait plus de 25% mais pas 50% de la distance, le gagnant obtiendrait 13 points ; pour les courses ayant parcouru 50% mais pas 75% de la distance, ce serait 19 points ; au-dessus de 75%, l'ensemble des points serait attribué.

Verstappen ayant couvert 52% de la course, beaucoup pensaient qu’il n’obtiendrait que 19 unités, contre 14 pour Pérez et 12 pour Leclerc ; ce qui n'aurait donc pas été suffisant pour sacrer le néerlandais et aurait ainsi automatiquement repoussé le titre à Austin. C'était toutefois sans compter sur le fait que la réécriture du règlement avait en réalité fait disparaître une règle pourtant historique de la discipline.

En effet, ce barème précis ne s'applique que pour les courses qui ont été interrompues mais n'ont pas pu être relancées par la suite : "Si une course est suspendue conformément à l'article 57, et ne peut être reprise, les points pour chaque championnat seront attribués selon les critères suivants...", peut-on ainsi lire dans le règlement. Or, dans le cadre de l'épreuve 2022 à Suzuka, la course est bien allée à son terme de temps imparti (comme à Singapour la semaine dernère avec la limite de 2 heures consécutives d'un grand prix sans interruption) . L'attribution complète des points n'est désormais  plus dépendante de la distance couverte, ce qui est un changement majeur par rapport à l'histoire de la discipline. La règle, mal écrite, a donc semé la confusion et entraîné l’annonce de titre la plus rocambolesque de l’histoire : alors que Max Verstappen venait de commenter sa victoire au micro de Johnny Herbert sans être sûr d'avoir acquis le titre, et que Charles Leclerc commencçait à réagir à son tour à la course au micro, on annonça subitement que Verstappen était bien champion du monde, à la surprise quasi-générale.  

 

Morale de l’histoire : alors que la FIA a changé ses statuts pour fonctionner comme une entreprise et que le Liberty Media multiplie les courses comme des pains, il serait bien de penser aussi au respect du sport, le cas échéant !

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Pour résumer

Les erreurs se sont accumulées à Suzuka pour les instances sportives, de la plus guignolesque à la plus scandaleuse avec une nouvelle fois de dangereuses grues déployées en piste, faisant remonter à la surface de biens sombres souvenirs.

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