24 Heures de Fuji 2019 : Classique en devenir
par Pierre-Laurent Ribault

24 Heures de Fuji 2019 : Classique en devenir

Entre les 24 heures du Mans, celles du Nürburgring et bientôt celles de Spa, les amateurs d'endurance sont servis en début d'été. Mais, en éternels insatisfaits, nous avons décidé d'aller au début juin voir de plus près une autre course de 24 heures, bien loin de la Sarthe, qui a déjà tous les ingrédients pour devenir une classique elle aussi.

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Une tradition qui remonte 50 ans en arrière

Les courses de 24 heures ne sont pas une nouveauté au Japon puisque qu'un tout jeune Fuji Speedway a accueilli une telle épreuve en 1967 et 1968. Plus près de nous, le circuit de Tokachi, situé au nord du pays, a organisé une course de 24 heures de 1994 à 2008, avant de succomber à la crise économique. Mais les Japonais aiment l'endurance et le Fuji Speedway et la série Super Taikyu ont fini par relever le gant en organisant en 2018 le retour des 24 Heures de Fuji.

Cette année était donc la deuxième édition du renouveau de la course, celle de la confirmation après une première fois encourageante l'année dernière. Les 24 Heures de Fuji font partie du championnat Super Taikyu (endurance en japonais).

Le Super Taikyu, série japonaise dédiée à l'endurance

Cette série pro-am, moins connue que le Super GT mais qui existe depuis 2005 et fait suite au championnat de tourisme N1, est faite de courses de 3 à 5 heures ouvertes à toute une série de classes spécifiques qui agglomèrent des autos obéissant à des règlements bien définis par ailleurs, comme en VLN.

On trouve ainsi en haut de l'échelle la classe ST-X qui reprend le règlement GT3, la classe ST-Z qui reprend celui du GT4, une classe pour les autos du TCR, une autre pour les voitures de coupe GT, plus d'autres classes plus spécifiquement adaptées aux productions locales comme le ST2 pour les 4 roues motrices 2l turbo, le ST3 pour les moteurs de 2 à 3,5 litres, le ST4 pour les petites GT de 1,5 à 2 litres type Toyota GT86, jusqu'au ST5 de moins de 1,5l qui accueille à la fois des Mazda MX-5 et des citadines gonflées comme la Honda Fit (Jazz).

Cet éventail permet à tous de s'y retrouver et se côtoient des équipes pro vues en Super GT comme des petits préparateurs locaux. Le calendrier est fait pour complémenter celui du Super GT et celui de la Super Formula, ce qui permet à des pilotes de ces séries de venir jouer les premiers rôles aux côtés de gentlemen drivers. Le mélange est équilibré, relevé sans être élitiste.

Un plateau abondant mais manquant un peu de têtes d'affiches

Pour les 24 heures de Fuji, sommet de la saison, le nombre de pilotes autorisé par voiture, jusqu'à six, permet à tout le Who's who du sport automobile japonais de venir se frotter à la conduite sur deux tours d'horloge.

On retrouvait ainsi cette année dans la liste des engagés de nombreux pilotes de Super GT, GT500 comme GT300, présents et passés, dans des baquets où on ne les attendrait pas forcément. C'est ainsi qu'une bonne partie des pilotes d'usine Lexus se répartissaient cette année dans des Toyota 86 quasi de série ! Ils y côtoyaient un autre nom célèbre, celui de Akio Toyoda, président de Toyota, qui courait avec son propre fils.

D'autres noms bien connus alimentaient la liste des engagés comme Satoshi Motoyama, star de Nissan fraîchement retiré du Super GT, Seiji Ara, ancien vainqueur des 24 heures du Mans, Juichi Wakisaka, multiple champion Super GT... Ne manquaient finalement que les stars de Toyota engagées le même jour pour la journée test dans la Sarthe.

La colonie des pilotes étrangers sévissant au Japon était moins fournie, accentuant le côté national de la compétition. Tout au plus relevait-on sur une des trois Nissan GT-R GT3 de la catégorie reine Harrison Newey et Nicolas Costa, et plusieurs gentlemen drivers d'Asie du Sud Est tels Paul Ip, bien connu des séries GT asiatiques. Le drapeau français était représenté également par Philippe Devesa, un gentleman driver résidant au Japon et engagé sur la seule VW Golf TCR du plateau.

Avec 48 voitures sur la grille, celles du Super Taikyu, on ne pouvait se plaindre du nombre d'autos ni de la variété, mais il manquait trois ou quatre autos de plus capables de jouer la victoire absolue pour que la grille soit parfaite.

Avec quatre GT3 engagées seulement, il fallait compter sur autre chose pour éveiller l'intérêt du public. La richesse du plateau viendra progressivement dans les années qui viennent, n'en doutons pas.

Accueil bien organisé pour les spectateurs

Les spectateurs, venus en nombre plus important que l'année précédente, supérieur à une course de Super Formula mais loin encore d'une des épreuves de Super GT de Fuji, avec 35 000 entrées payantes, avaient de quoi passer un bon week-end.

Le tracé de Fuji offre la possibilité de camper au bord de la piste, et le circuit, avec la puissance financière de Toyota qui semble déterminé à faire de cette course un évènement majeur, avait bien fait les choses en proposant un village de tentes pré-montées pour ceux qui n'ont pas leur matériel, et un grand espace barbecue-bar-bière-pizza-DJ ouvert tard dans la nuit au virage Dunlop.

Pour parachever l'ambiance festive, la municipalité d'Oyama qui accueille le circuit avait décidé de tirer son feu d'artifice d'été le jour de la course. Voitures de course, feu d'artifice et barbecue, c'est le cocktail gagnant qui mettait le sourire sur tous les visages rencontrés lors de la soirée.

Si les ingrédients étaient les mêmes, l'ambiance était quelque peu différente du Mans et encore plus de celle du Nürburgring. Une ambiance plus familiale, joyeuse sans être trop alcoolisée, moins turbulente mais au final très agréable.

La proximité avec la course, un élément toujours important au Japon, était bien là avec une grille de départ ouverte pendant près d'une heure, des séances d'autographe du jeudi au samedi, une retransmission en direct pendant les 24 heures sur Youtube.

Autre élément classique des course de 24 heures, une épreuve historique en ouverture avec des autos s'étant illustrées en endurance au Japon depuis les années 1970.

Mano a mano en tête

Pour ce qui est de la course elle-même, la lutte pour la victoire a concerné deux Nissan GT-R GT3 durant les trois quarts de l'épreuve. La seule Audi R8 LMS engagée a connu trop de déboires, dont une fuite d'huile sur la grille qui l'a obligée à partir des stands avec une dizaine de tours de retard.

Le duel en tête fut celui des vétérans de la série et vainqueurs de l'édition 2018, la GT-R du GTNET Motorsport emmenée par Hoshino Kazuki, contre les nouveaux venus dans la série du Tairoku Racing, avec un châssis flambant neuf et l'équipage star emmené par Satoshi Moyoyama et Harisson Newey. La troisième GT-R GT3 engagée, celle du MP Racing, n'a pas pu se mêler à la lutte en tête.

Les deux GT-R de tête ont mené en alternance, les nouveaux venus et plus rapides sur le papier prenant le commandement rapidement mais étant durant la nuit retardés par une pénalité. Le Tairoku Racing buvait le calice jusqu'à la lie à quatre heures de l'arrivée avec un problème mécanique qui les mettait hors de la course à la victoire.

Ce sont donc les vainqueurs de l'an dernier sur la Nissan GT-R GT3 du GTNET Motorsport qui ont passé la ligne en tête, l'expérience ayant payé contre une opposition plus rapide sur le papier. Bravo à  Teruhiko Hamano, le gentleman driver et ses équipiers Kazuki Hoshino, Kiyoto Fujinami, and Kazuki Hiramine qui terminent devant la GT-R du MP Racing finalement deuxième.

En ST-Z (GT4), l'AMG GT Endless Motorsport remporte la victoire après une course parfaite, rendue plus facile lorsque la KTM Crossbow GT4 de KTM Cars Japan a disparu pendant la nuit sur problème moteur.

La Porsche 911 GT3 Cup du D-Station Racing, seule dans sa catégorie, termine cinquième au général.

C'est l'Audi RS3 LMS au sponsor à consonance très germanique Brin-Naub du néanmoins très japonais team Dreamdrive qui remporte la catégorie ST-TCR, dominée pour la majorité de la course par les Honda Civic TC-R successivement victimes de problèmes les empêchant de concrétiser cette domination.

La catégorie ST-3 majoritairement composée de Lexus RC350 est remportée par la voiture du Techno First Racing, alors que la catégorie ST-2, depuis toujours le terrain d'affrontement des Mitsubishi Lancer Evo contre les Subaru Impreza WRX STI, est cette année pour la quasi-officielle WRX STI du team DAMD.

La catégorie ST4 vit l'affrontement d'un groupe de Toyota 86 aux mains de pilotes très capés, et c'est l'équipe TOM'S Spirit qui termine gagnante.

Enfin la catégorie la plus modeste, mais pas la moins intéressante, le ST-5, celle des petites cylindrées, est remportée par la Mazda Roadster (MX-5) orange du préparateur d'Ehime Murakami Motors, après une longue bataille avec les deux Honda Fit de J's Racing.

Pour terminer, quelques particularités de cette course très japonaise. D'abord, l'abondance de voitures "itasha" couvertes de personnages de manga, une constante du sport auto japonais.

Si le Diesel, c'est fini en Europe, paradoxalement ça continue au Japon avec l'écurie NoPro qui engage une Mazda Axela et une Demio équipées de bloc SkyActiv D. Sans être à la pointe de leurs catégories respectives, les deux autos ont tourné jusqu'au bout sans gros problème (hormis une quinte de grosse fumée noire sur la petite Demio dans la matinée de dimanche).

Les 24 Heures du Nürburgring ont l'Opel Manta Foxtail, celles du Fuji ont une Honda S2000 frappée du pavillon à tête de mort de Captain Harlock, alias Albator !

L'avis de leblogauto.com

Il n'y a rien de comparable à assister à une course de 24 heures du bord de la piste. Et comme tout le monde ne peut pas être au Mans, une course comme les 24 heures de Fuji est une opportunité à ne pas rater, d'autant que les organisateurs ont fait les choses comme il fallait.

Avec le support financier de Toyota qui paraît bien déterminé à en faire une course qui compte, les 24 Heures de Fuji ne peuvent que grandir. On y retournera avec plaisir.

Crédit photos : PL Ribault/leblogauto.com

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Pour résumer

Entre les 24 heures du Mans, celles du Nürburgring et bientôt celles de Spa, les amateurs d'endurance sont servis en début d'été. Mais, en éternels insatisfaits, nous avons décidé d'aller au début juin voir de plus près une autre course de 24 heures, bien loin de la Sarthe, qui a déjà tous les ingrédients pour devenir une classique elle aussi.

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