Toyota / Nissan : Londres devra couvrir les droits de douane si no-deal
par Elisabeth Studer

Toyota / Nissan : Londres devra couvrir les droits de douane si no-deal

Brexit : la pression monte sur Boris Johnson avant le sommet avec les dirigeants de l'UE la semaine prochaine. Toyota et Nissan ont demandé au gouvernement britannique de couvrir les droits de douane supplémentaires qui pourraient être instaurés si Londres ne parvient pas à conclure un accord de libre-échange avec l'Union européenne, a appris lundi le journal nippon Nikkei.

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Vers des droits de douane de 10 % ?

Le Royaume-Uni, qui a quitté l'UE fin janvier, est dans une période de transition qui permet au pays de bénéficier jusqu'à la fin de cette année de l'exemption des droits de douane dont il bénéficiait durant son appartenance au cartel européen.

Si les deux parties ne parviennent pas à s'entendre sur un accord et que la période de transition se termine le 31 décembre sans que les négociations n’aboutissent, les droits de douane sur les voitures particulières seront de 10% à partir du 1er janvier 2021.

Un « no-deal » envisageable en janvier 2021 en cas d’absence d’accord avant le 15 octobre

Le Premier ministre Boris Johnson a déclaré qu’une situation de « no deal » pourrait voir le jour début de l'année 2021 si le Royaume-Uni et l'UE ne parviennent pas à s'entendre sur un accord entre eux avant le sommet de l'UE qui se tiendra le 15 octobre prochain.

Près de 5 milliards d’euros de droits de douane annuels

La Society of Motor Manufacturers and Traders estime que l'augmentation des droits de douane coûtera aux constructeurs automobiles 4,5 milliards de livres supplémentaires (4,94 milliards d'euros) par an.

Il sera impossible pour les constructeurs de couvrir les droits de douane majorés si le gouvernement refuse de le faire, ce qui pourrait amener les constructeurs automobiles étrangers à fuir le Royaume-Uni.

Même combat pour BMW et Jaguar Land Rover (JLR)

Outre Nissan et Toyota, BMW et Jaguar Land Rover disposent d’unités de production au Royaume-Uni.

Si les dirigeants de Nissan et de Toyota reconnaissent avoir demandé à Londres de couvrir une augmentation des droits de douane, des sources indiquent que les constructeurs automobiles européens appellent également le gouvernement britannique à faire de même. Un porte-parole de BMW, a toutefois déclaré que le constructeur automobile allemand ne ferait aucun commentaire sur les spéculations.

Londres affirme vouloir se concentrer sur la conclusion d’un accord

Le Royaume-Uni affirme pour sa part qu’il continuera à se concentrer sur la conclusion d'un accord de libre-échange dans le cadre de ses négociations avec l'UE.

"Nous restons déterminés à travailler avec l'industrie automobile pour essayer d'assurer un résultat qui reflète les intérêts commerciaux à travers le Royaume-Uni", a déclaré un porte-parole du gouvernement. "Un résultat négocié reste notre préférence claire. Nous avons présenté nos propositions et travaillons dur pour parvenir à un accord avec l'UE - notre objectif est un accord de libre-échange sans tarif et sans quota, car éviter les droits de douane est bénéfique pour les deux parties. "

Près de la moitié des véhicules fabriqués outre Manche produits par des Japonais

Environ 1,3 million de véhicules ont été fabriqués au Royaume-Uni l'année dernière, dont près de la moitié ont été fabriqués par les sociétés japonaises Nissan, Toyota et Honda. Les exportations vers l'UE représentaient 44% des véhicules de fabrication britannique en 2019.

Une hausse de droits de douane quasi impossible à absorber

Les marges bénéficiaires de Nissan et de Toyota se situant dans une fourchette étroite, il leur sera presque impossible d'absorber une hausse des droits de douane en réduisant d’avantage leurs coûts.

Or, si l'instauration de droits de douane se reflète dans les prix, les constructeurs automobiles japonais deviendront moins compétitifs sur le marché européen et rendront difficile la poursuite des activités commerciales au Royaume-Uni.

Vers un retrait de Toyota, et BMW Nissan du Royaume-Uni ?

En mars 2019, Toyota a laissé entendre qu'il se retirerait du Royaume-Uni si des droits de douane de 10% étaient imposés. En octobre 2019, un dirigeant de Nissan a déclaré pour sa part qu'une augmentation pourrait mettre en danger le modèle commercial de l'entreprise en Europe.

L'année dernière, le directeur général de BMW, Oliver Zipse, qui était membre du conseil de direction à l'époque, a déclaré que le constructeur resterait au Royaume-Uni si le pays et l'UE acceptaient de maintenir les droits de douane inférieurs à 5%. Pour rappel, BMW produit la marque Mini au Royaume-Uni.

Une charge difficile à endosser pour le gouvernement britannique

Il sera difficile pour le gouvernement britannique de couvrir des droits de douane supplémentaires en raison d'une pression financière résultant de la pandémie de coronavirus.

Le renflouement de l'industrie automobile, dominée par les entreprises japonaises, allemandes, françaises et indiennes, pourrait provoquer un retour de bâton d'autres secteurs industriels tels que les produits pharmaceutiques et les compagnies aériennes, qui avaient exigé le soutien du gouvernement lorsque le pays a décidé de quitter l'UE.

Les médias locaux indiquent que l'UE n'assouplirait pas les règles tarifaires pour les constructeurs automobiles opérant au Royaume-Uni, et que les deux parties n'ont pas été en mesure de trouver un terrain d'entente. Si les négociations échouent, le Royaume-Uni sera contraint de décider s'il couvrira les droits de douane majorés d'ici la fin de l'année.

Honda a d'ores et déjà décidé de mettre fin à la production au Royaume-Uni l'année prochaine.

Notre avis, par leblogauto.com

La demande de compensation tarifaire des constructeurs automobiles représente un cas inhabituel selon les experts en relations commerciales. Selon eux, une éventuelle indemnisation équivaudrait à une subvention, offrant de facto des préférences commerciales aux entreprises opérant au Royaume-Uni. Ce qui pourrait constituer alors une violation des règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

En affichant une position ferme en matière de demande d'indemnisation, les constructeurs automobiles pourraient tenter d'obtenir des aides à l'industrie manufacturière. Concrètement, cela pourrait signifier des mesures telles que la consolidation de la certification des essais automobiles pour les exportations vers l'UE et des réductions de taxes pour les investissements en recherche et développement. Une manière de contourner les textes.

Sources : Nikkei

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Pour résumer

Brexit : la pression monte sur Boris Johnson avant le sommet avec les dirigeants de l'UE la semaine prochaine. Toyota et Nissan ont demandé au gouvernement britannique de couvrir les droits de douane supplémentaires qui pourraient être instaurés si Londres ne parvient pas à conclure un accord de libre-échange avec l'Union européenne, a appris lundi le journal nippon Nikkei.

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