Sécurité Routière : somnifères, traitements médicaux, quelle part dans les accidents ?
par Thibaut Emme

Sécurité Routière : somnifères, traitements médicaux, quelle part dans les accidents ?

L'affaire de l'accident de car de Millas a fait la une des infos cette semaine après la révélation de la prise d'un médicament contre l'insomnie par la conductrice. Cette affaire n'est que la partie visible de cas plus répandus de conducteurs sous influence.

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Selon France Info, jeudi matin, l'enquête sur l'accident de car de Millas où un car scolaire avait été percuté par un train mettrait en évidence une prise de médicament contre l'insomnie par la conductrice. Ce médicament serait incompatible avec la conduite.

Selon Sanofi le laboratoire qui commercialise l'Imovane (qui contient la molécule de zopiclone), la boîte "comporte un pictogramme rouge de niveau 3 considéré comme le niveau le plus élevé et équivalent à une interdiction de conduire". De plus, la notice déconseille la prise "moins de 12 heures avant une activité nécessitant de la vigilance". Surtout, la zoplicone peut provoquer "une conduite automatique avec amnésie post événementiel".

Du côté de l'avocat de la conductrice, il n'a jamais été caché qu'elle avait pris "un demi-comprimé à 20 h la veille" de l'accident. Ce que tendrait à corroborer les analyses sanguines. La conductrice a toujours affirmé que les barrières étaient levées lorsqu'elle s'est engagée sur le passage à niveau.

Si le laboratoire a bien pris toutes les précautions pour alerter des dangers de la prise de son médicament, certaines parties civiles veulent une mise en examen du médecin de la conductrice. Selon Jehanne Collard, avocate spécialisée dans la défense de victimes d'accidents de la route et soeur de Gilbert Collard, ce médecin aurait une responsabilité pénale en ayant prescrit deux années durant ce somnifère (d'autres sources indiquent sept années).

Des pictogrammes suffisants ?

Plus généralement, les médecins ont l'obligation de renseigner leur patient lorsqu'ils prescrivent des hypnotiques, anxiolytiques ou autres substances susceptibles de provoquer des troubles de l'attention, même légers. En théorie, ils doivent également se renseigner sur la profession du patient pour voir s'il n'y a pas une contre-indication avec la prise médicamenteuse.

Les Français sont parmi les champions d'Europe de la prise d'hypnotiques (derrière l'Espagne) mais aussi des anxiolytiques. Selon une étude de 2015, 1 Français sur 8 aurait déjà consommé une benzodiazépine. Et ces personnes continuent de conduire la plupart du temps en ignorant les risques qu'ils prennent et qu'ils font courir à autrui.

Selon un rapport de 2017, on peut lire que 46,1 millions d'hypnotiques (dont la zoplicone) ont été vendues ainsi que 64,6 millions d'anxiolytiques. Plus de 110 millions de boîtes dont une bonne partie est prise par des conducteurs.

Plus généralement, on croise tous les jours des conducteurs sous prise de médicaments déconseillés ou fortement déconseillés avec la conduite. Mais, il n'y a pas qu'eux. En effet, des Français sous traitement médical il y en a énormément. Et ces traitements peuvent être légers comme ils peuvent être très lourds. On pensera notamment aux chimiothérapies dont les effets secondaires (fatigue, oublis, problèmes cognitifs) sont souvent soit négligés par les patients, soit pas assez indiqués par le corps médical.

Des chiffres précis difficiles à avoir

Ce sujet est souvent "tabou" pour la Sécurité Routière. Contrairement à un excès de vitesse ou à une prise de stupéfiant ou d'alcool, le traitement médicamenteux ou médical est rarement volontaire. Dans les bilans de l'ONISR (Organisme national interministériel à la sécurité routière) les accidents avec un responsable sous influence ne sont pas signalés.

Pour autant, certains chiffres existent. Selon une étude de 2010 portant sur 70 000 accidents corporels de 2005 à 2008, 3% de ces accidents seraient imputables à une prise de médicaments. Et plus des deux tiers de ces accidents sont dus à la prise de somnifères ou de médicaments de l'anxiété. Selon les chiffres de la sécurité routière, environ 100 tués (3,4% des accidents mortels) sont à déplorer chaque année.

La France n'est pas le seul pays touché par une trop grande prescription de benzodiazépines ou des "z-drugs" (zopiclone, eszopiclone, zolpidem, zaleplon, etc.). Au Canada, on alerte depuis des années sur cette prescription automatique et les grands dangers pour les conducteurs (en plus des chutes, pertes de connaissance, délires, etc.).

Est-ce que l'accident de Millas va relancer la communication du Ministère de la Santé sur les médicaments dangereux pour la conduite ? Surtout un contrôle plus strict des prescriptions d'hypnotiques ou de somnifères va-t-il être lancé ? Il semble inacceptable que des médicaments prévus pour 4 semaines maximum se retrouvent prescris sur des mois, voire des années. Quant à la communication lors d'interventions médicales ou lors de traitements type chimiothérapie, elle est urgemment souhaitable. La prévention passe en premier lieu par une meilleure information. Pour l'instant, la Sécurité Routière compte sur le bon vouloir des patients.

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Pour résumer

L'affaire de l'accident de car de Millas a fait la une des infos cette semaine après la révélation de la prise d'un médicament contre l'insomnie par la conductrice. Cette affaire n'est que la partie visible de cas plus répandus de conducteurs sous influence.

Thibaut Emme
Rédacteur
Thibaut Emme

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