Renault : pas de renationalisation à l'ordre du jour selon son patron
par Elisabeth Studer

Renault : pas de renationalisation à l'ordre du jour selon son patron

Non, une renationalisation de Renault n'est pas à l'ordre du jour ! C'est en tout cas ce qu'a affirmé samedi Jean-Dominique Senard, son patron, interrogé par Le Parisien-Aujourd'hui en France. Des propos qui tentent de stopper les rumeurs, alors qu'Edouard Philippe a évoqué mardi la possibilité que les entreprises françaises les plus vulnérables face au choc économique provoqué la crise du coronavirus puissent repasser dans le giron de l'Etat.

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Pas question de re-nationaliser Renault à l'heure actuelle

Interrogé par le journal Le Parisien, Jean-Dominique Senard a ainsi affirmé qu'une renationalisation de Renault n'était pas dans les tuyaux, alors que la crise du coronavirus pourrait fortement aggraver sa situation financière, déjà bien mal en point avant que ne survienne la pandémie. Le groupe automobile s'est vu notamment contraint de suspendre l'activité de ses sites en Europe ..tandis que la demande n'est pas prête de repartir … nul ne sachant à l'heure actuelle quand la propagation du virus pourra être stoppée.

Senard fait référence à la crise de 2008

"Souvenez-vous de 2008-2009", a par ailleurs lancé le patron de Renault, évoquant la grave crise économique et financière qui avait frappé le monde entier, dont la crise des subprime – liée aux crédits immobiliers US – avait été l'étincelle.

Alors que « la situation était également très difficile", Jean-Dominique Senard a tenu à rappeler que le gouvernement n'avait pas été contraint de renationaliser le constructeur. Précisons qu'à cette date, il assurait encore la présidence de Michelin.

Même si "nous n'en menions pas large à l'époque", "il n'y a pas eu besoin de renationalisation. Et vous avez vu d'ailleurs comment cela s'est retourné. Parce qu'il ne faut pas s'y tromper, le jour où la conjoncture redevient plus favorable, dans l'industrie automobile, cela peut être extrêmement rapide et fort", a-t-il affirmé.

Edouard Philippe évoque la possibilité de renationaliser

Ces propos de Jean-Dominique Senard voient le jour alors que le Premier Ministre Edouard Philippe a évoqué la possibilité que l'Etat ait recours à des nationalisations si cela s'avérait

nécessaire. Le gouvernement s'engageant en quelque sorte à sauver ses fleurons industriels, alors que la crise du coronavirus menace leur existence.

Si certes, le nom d'Air France-KLM est dans tous les esprits, Renault figure deuxième sur la liste des potentiels candidats à une renationalisation.

Des mesures de confinement ont en effet été imposées France, Italie et Espagne, lesquels sont des pays clés tant en terme de production qu'en terme de demande. En 2019, ces trois pays ont réalisé 29% des ventes du groupe.

Renaut ferme la quasi-totalité de ses usines en Europe

Durant la semaine écoulée, Renault a pris la décision de fermer ses usines dans quasiment toute l'Europe. Ces mesures concernant 12 sites en France.

Suite aux mesures de confinement, et afin de protéger personnel et clients, les réseaux commerciaux sont à l'arrêt tant en France, qu'en Espagne et en Italie.

Jean-Dominique Senard fait état d'une chute "spectaculaire" des commandes, avec des taux atteignant parfois – 90 %.

Plan d'économie qui n'exclut pas la fermeture d'usines

La crise du coronavirus frappe de plein fouet Renault, alors même que le constructeur était d'ores et déjà dans une dangereuse posture. En 2019, le groupe a vu ses comptes basculer dans le rouge pour la première fois depuis 10 ans. En février dernier, le constructeur a annoncé un plan d'économies, sans pouvoir exclure la fermeture d'usines.

Renault confronté à un manque de cash ?

Jean-Dominique Senard a toutefois estimé que Renault pourrait "solliciter des garanties auprès de l'Etat". Faisant ainsi références aux mesures évoquées par Emmanuel Macron pour faire face à la crise actuelle. Le constructeur pourrait en effet être contraint d'appeler l'Etat français à la rescousse s'il était confronté à des difficultés de trésorerie.

En février dernier, plusieurs sociétés spécialisées en expertise financière avaient émis des doutes sur la trésorerie de Renault, et ce, avant même que le coronavirus ne frappe de plein fouet le constructeur. Certains s'inquiétaient d'ores et déjà sur le fait que le groupe automobile puisse manquer de cash dès le courant de l'année 2020.

Certes, mi-février, Clotilde Delbos, directrice général par intérim de Renault, et ancienne directrice financière du constructeur, avait assuré lors de la présentation des résultats financiers qu'il n'y avait aucun risque de trésorerie. Affirmant que le groupe disposait de 16 milliards d'euros de réserve de liquidités (dont 12,3 milliards de trésorerie et équivalent et 3,5 milliards de lignes de crédit disponible).

Des propos qui n'avaient toutefois pas empêcher les agences de notation de dégrader les notes du constructeur. Réduisant alors la possibilité pour Renault d'emprunter sur les marchés à des conditions raisonnables.

Désormais, la crise du coronavirus pourrait à nouveau déstabiliser l'entreprise. Si le niveau actuel des ventes réduit les rentrées de trésoreries à une peau de chagrin … les sorties de cash ne peuvent être effacées d'un coup de baguette magique, les charges fixes portant bien leur nom.

Reprises d'activités sur certains sites de Renault à travers le monde

Le patron de Renault a tenu à préciser qu'une fois la crise jugulée, son entreprise n'allait pas «  repartir de zéro". Indiquant que son usine implanté en Corée du Sud avait d'ores et déjà repris son activité, ainsi que deux unités en Chine. Ses installations industrielles en Russie et en Turquie étant également opérationnelles.

Notre avis, par leblogauto.com

« Nous sommes en guerre » a martelé  à 6 reprises en début de semaine Emmanuel Macron. Rappelons que Renault a été nationalisé le 16 janvier 1945, juste après la libération de la France. Le tout dans un contexte d'épurations après les immenses dégâts causés par la « peste » nazie.

A l'époque, la seule façon de ne pas collaborer était de fermer les usines, le pouvoir nazi confisquant une partie de la production. Des fermetures que le patron du constructeur n'aura certes pas ordonnées.

Mais la famille  Peugeot, qui comptait des résistants en son sein, a également donné une partie de sa production aux occupants sans toutefois effectuer de réparations sur leurs véhicules. Renault sera lui chargé de réparer les chars.

Reconnu alors depuis peu, le gouvernement provisoire de De Gaulle a encore besoin de réaffirmer son autorité. Louis Renault est alors emprisonné pour avoir collaboré avec l'ennemi.

Au final, le – rapide – décès de Louis Renault aura « offert » à l'Etat l'opportunité de confisquer l'entreprise. La confiscation sera réalisée via une ordonnance de 1945, sans qu'aucun procès n'ait eu lieu.

Sources : AFP, Le Parisien, La Tribune

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Pour résumer

Non, une renationalisation de Renault n'est pas à l'ordre du jour ! C'est en tout cas ce qu'a affirmé samedi Jean-Dominique Senard, son patron, interrogé par Le Parisien-Aujourd'hui en France. Des propos qui tentent de stopper les rumeurs, alors qu'Edouard Philippe a évoqué mardi la possibilité que les entreprises françaises les plus vulnérables face au choc économique provoqué la crise du coronavirus puissent repasser dans le giron de l'Etat.

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