Gigafactory de Termoli : les fonds publics s'éloignent pour le moment
par Nicolas Anderbegani

Gigafactory de Termoli : les fonds publics s'éloignent pour le moment

A coup sûr, nous pourrons écrire un livre sur les relations entre le gouvernement italien et Stellantis en cette année 2024.

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Retard à l'allumage

Le gouvernement italien pourrait bien allouer environ 200 millions d'euros de fonds européens précédemment prévus à une usine de batteries Stellantis à Termoli. ACC, la coentreprise de batteries avec Stellantis comme investisseur principal, avait prévu trois giga-usines en Europe. Cependant, en juin, elle a annoncé qu'elle suspendait les travaux sur deux de ces installations, une dans le centre de l'Italie et une en Allemagne. Les raisons invoquées sont d’une part le besoin de délais supplémentaires pour basculer sur de production de batteries moins chères, dans un contexte d’évolution rapide des technologies, et d’autre part en raison de la baisse de la demande de véhicules électriques.

Plusieurs entreprises européennes ont investi dans la production de batteries lithium-ion pour accompagner les constructeurs automobiles du continent dans la transition des voitures à moteur à combustion interne vers des véhicules électriques zéro émission. Cependant, la croissance de la demande de véhicules électriques progresse à un rythme plus lent que ne l’avaient prévu certains acteurs du secteur, et la concurrence des fabricants de batteries et des constructeurs automobiles d’Asie et d’Amérique du Nord est féroce.

Lors d'une réunion au ministère de l'Entreprise ce mardi, l'entreprise a confirmé l'incertitude quant aux délais de construction des méga-usines de Termoli et de Kaiserslautern en Allemagne, selon des responsables gouvernementaux. ACC, qui compte également Mercedes et TotalEnergies comme actionnaires, a déclaré dans un communiqué qu'elle était prête à démarrer la construction de la gigafactory fin juin – un investissement de 2 milliards ! - mais qu'elle devait faire face à une "transition plus lente que prévu vers la mobilité électrique", ce qui a conduit à une évolution de la technologie demandée par les clients ».

Réajustement

Le ministre du Commerce et du Made in Italy, Adolfo Urso, a donc mis à exécution sa menace formulée en août, concernant les fonds provenant du Plan National de Relance et de Résilience (PNRR). Urso a déclaré qu'il utiliserait les fonds de l'UE pour soutenir des investissements distincts, conformément à la stratégie énergétique de Rome visant à rendre son économie plus verte. L’Italie avait prévu d'allouer 200 millions d’euros des fonds de relance post-Covid de l’UE à la gigafactory et s’est engagée à allouer 200 millions d’euros supplémentaires en fonds nationaux et régionaux. Le ministre n’a pas définitivement fermé la porte, ajoutant que des fonds nationaux distincts pourraient être alloués si le groupe était en mesure de présenter ultérieurement un nouveau plan d'affaires pour Termoli.

La disponibilité de subventions publiques nationales « est essentielle pour soutenir la compétitivité des investissements ACC en Italie », a-t-il déclaré. Au cours des négociations, Stellantis a assuré au gouvernement qu'elle continuerait à produire des moteurs à combustion interne à Termoli, les GME et GSE, en maintenant les niveaux d'emploi actuels, en vue de la transition vers la gigafactory. Là encore, des inquiétudes avaient germé ces derniers temps sur l'avenir des fabrications de moteur en Italie. A voir...

Le feuilleton de l'année

ACC doit présenter un nouveau plan industriel solide, intégrant de nouvelles avancées technologiques. L'entreprise a précisé qu’elle espérait reprendre la construction dès le premier semestre 2025. La coentreprise prévoit notamment de développer de nouvelles chimies de cellules à faible coût (batterie LFP) pour répondre à la demande croissante en batteries.

Ce sujet s’ajoute à un climat de tensions croissant qui s’est installé cette année entre le gouvernement italien de Giorgia Meloni et Stellantis. Le premier pointe du doigt la stratégie de délocalisation industrielle menée par le groupe, qui s’est cristallisée au printemps avec l’affaire de l’Alfa Romeo « Milano », fabriquée en Pologne et qui a dû être débaptisée sous la pression politique. A cela s’ajoute les longues périodes de chômage technique frappant les usines de Mirafiori, de Termoli et de Pomigliano d’Arco, en raison de la chute des ventes de Maserati ou encore de la Fiat 500 électrique.

Par conséquent, à la fois pour développer une industrie « verte » dans laquelle l’Italie accuse un certain retard, mais aussi pour relancer la production nationale, le gouvernement fait les yeux doux à des constructeurs étrangers, en l’occurrence chinois, afin de s’implanter dans la péninsule…

 

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Pour résumer

Face au retard pris par la Gigafactory de Termoli construite par ACC, le gouvernement italien a décidé, à ce jour, de réaffecter les fonds publics et UE vers d'autres projets de développement d'une industrie durable. Un nouveau coup dur pour Stellantis, principal actionnaire d'ACC, qui doit présenter un plan plus solide, alors que les crispations se sont accumulées en Italie sur fond de crise industrielle et de ventes en berne.

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