Concours d'Elegance Japan 2013
par Pierre-Laurent Ribault

Concours d'Elegance Japan 2013

Le Japon peine à établir un grand Concours d'Elegance. La première tentative en 2007 était prometteuse, mais elle joua de malchance et fut noyée par un typhon, et les deux suivantes n'attirèrent pas le public escompté malgré les efforts des organisateurs qui avaient pourtant fait les choses en grand mais qui finirent par jeter l'éponge. Pourtant l'envie est là, comme en témoigne la quatrième édition s'est déroulée à Yokohama à la fin du mois de juillet.

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C'est l'éditeur du magazine Autocar Japan Kenji Sasamoto qui s'est chargé cette fois de l'organisation, avec le concours d'un certain nombre de constructeurs, en particulier le groupe VAG avec Lamborghini et Audi, mais aussi Nissan dont le directeur du design Shiro Nakamura est un grand amateur de voitures anciennes et a fait partie des jurys des concours précédents.

Le lieu choisi était intéressant : le parvis du grand musée d'art de Yokohama, au sein du quartier très moderne de Minato Mirai. Le musée et les grands immeubles du quartier donnaient un environnement spectaculaire au Concours et l'emplacement est très visité en temps normal. Toutefois, la promotion timide de la manifestation a sans doute empêché qu'elle n'attire tout le public potentiel.

La sélection présente, sans atteindre l'exclusivité et la signification historique de Pebble Beach ou de la Villa d'Este, était intéressante dans la mesure où les organisateurs ont tenu à ne présenter que des voitures basées au Japon. Un parti pris national reflété dans la composition du jury où l'on retrouvait outre Shiro Nakamura des personnalités importantes du monde de l'automobile japonaise comme Hideo Kodama, designer marquant chez Opel dans les années 1970, Ken Okuyama, ancien de Pininfarina, et le président du jury Nobuo Kadowaki, grand manitou de la voiture ancienne dans le pays. Une partie du jury venait d'Europe, en particulier Christian Philippsen, spécialiste reconnu de ce type d'événements. Les voitures présentées au concours, au nombre de 39, étaient comme toujours divisées en quatre classes.

Classe A : 1910-1930

La plus ancienne voiture venait d'Amérique : une Studebaker Speedster de 1910. Elle était accompagnée de deux Bugatti, une Type 37 des plus classiques, et une que l'on voit moins, une Type 40 Grand Sport. Moins racée que la Type 37 qui est une pure voiture de Grand Prix, la Type 40, plus abordable à l'époque, représente l'activité "civile" de Bugatti et fait une jolie GT des années 20 avant que ce terme ne soit consacré.

Le contraste ne peut être plus saisissant avec la Bentley Speed 6 que l'on aperçoit derrière, et l'on ne peut s'empêcher de penser au dédain affiché par Le Patron pour les "camions" anglais qui ont cependant été les reines du Mans dans les années vingt.

Une autre française gironde se faisait remarquer dans l'ombre de la Bentley géante, une fine Amilcar Grand Sport Surbaissé contemporaine des Bugatti dont elle partage la silhouette typique des roadsters de ces années 20.

Mais la gagnante de la classe était la Bugatti Type 37 présente, sans conteste une des stars de cette époque automobile.

Classe B : 1931- 1945

La seconde catégorie d'avant-guerre était largement dominée par la présence des constructeurs anglais, mais c'était une fabuleuse Cadillac V12 Victoria qui impressionnait le plus. Typique de la splendeur des américaines de très grand luxe de la période, cette voiture de 1932, gigantesque et brillante de tous ses chromes éclipsait les Bentley et Rolls Royce l'environnant, soudain presque austères en comparaison.

Et pourtant, une Bentley 3 1/2 Litre au châssis surbaissé ne manque pas d'allure...

Mais quand ce n'est pas la Cadillac, c'est, dans un autre genre une Bugatti Type 57 "Ventoux" qui vole la vedette aux luxueuses anglaises. Quelle chute de reins !

La lauréate de la classe est pourtant à chercher du côté d'Albion. C'est cette Jaguar SS100 de 1937 immaculée et scrupuleusement conservée depuis sa restauration en 1976 par le spécialiste japonais Jaguaria qui a convaincu le jury, à tel point qu'elle a également remporté le Best of Show.

Il convient de mentionner la présence d'une charmante petite voiture sortie de la collection Nissan, la Datsun 16 Coupé de 1937, une des premières autos vendues sous la marque Datsun dont la production a commencé deux ans auparavant dans l'usine de Yokohama. Nissan, née de la fusion de plusieurs petites entreprises, commençait alors son aventure.

Classe C : 1946-1960

Là encore on retrouve des anglaises, mais aussi pas mal d'italiennes au moment où les carrozzerias se mettent à dominer le design. Cette Fiat 1100 Spider 1947 est signée des Stabilimenti Farina,  l'entreprise de Giovanni Farina, frère ainé de Battista "Pinin" Farina qui y fit ses premières armes. Les deux frères se regrouperont quelques années plus tard au sein de Pininfarina. La Fiat bleue était la gagnante de la classe C.

Pininfarina elle-même était de la partie avec une des quelques Alfa Romeo 1900C Sprint de 1953 carrossées en coupé par la maison milanaise, au temps béni où Alfa offrait le choix du couturier pour sa voiture : Pininfarina, Zagato, Touring...

La palme de l'exotisme est sans doute du côté de cette Tucker Torpedo, qui comme la Cadillac citée précédemment vient de la collection Hani. Preston Tucker, qui selon les interprétations prenait trop de liberté avec ses finances ou bien a été victime d'un complot des Big Three, ou les deux, était un personnage taillé pour le cinéma, ce qui n'a pas échappé à Francis Ford Coppola qui l'a immortalisé en 1988 sur la pellicule. Ses quelques Torpedo, que l'on voit passer de temps en temps dans les ventes aux enchères de prestige, témoignent de ce qu'aurait pu être la marque sans les problèmes de son géniteur.

Les organisateurs ont eu le bon goût de respecter les anniversaires, et comme il y avait une Porsche 911 et des Lamborghini que l'on verra plus loin, la sélection n'aurait pas été complète sans une Aston Martin. En l'occurrence une DB2 Vantage de 1951, de bonne tenue mais sans caractère vraiment remarquable.

De même qu'il ne saurait y avoir de Concours sans Bugatti, il faut toujours au moins une Ferrari d'avant 1965. Celle de cette édition était une 250 Europa de 1954, un modèle rare parmi les 250. C'est la première de la dénomination qui ne soit pas une voiture de compétition, bien qu'elle emporte sous son capot le V12 "Lampredi", originellement conçu pour la Formule 1. Le style est l'oeuvre de Pininfarina qui signa 17 exemplaires.

Comme pour la catégorie précédente, terminons celle-ci avec une Datsun, cette fois une Fairlady SPL212 de 1960. C'est la toute première Datsun vendue aux Etats-Unis, et Datsun avait pour l'occasion offert au premier client de la peindre dans n'importe quelle couleur qu'il lui plairait. Le client en question, un Américain du Minnesota d'origine japonaise, a choisi la fleur de cerisier qui a également donné son surnom "Sakula" à la voiture, inscrit sur le cadre des plaques d'origine toujours présentes.

Classe D : 1961-1975

La classe D, c'est celle de la modernité. Les années 60 et les années 70 voient l'arrivée de la technologie et de la grande vitesse, mais le début de la fin pour Facel qui veut passer à la production de volume avec la Facellia, dont l'échec sera aussi celui du constructeur.

Lotus commence à prendre son envol avec sa première "vraie" voiture de production, la très jolie Elite dont cet exemplaire de 1961 qui termine lauréate de la classe D.

Si l'anniversaire de la 911 était fêté par la présence d'une 911S de 1967, ce concours était aussi l'occasion de revoir une des plus belles voitures de l'histoire de la marque, la 904 GTS, qui est également la première d'une lignée de sport prototypes qui aura le palmarès que l'on sait. Dans sa livrée rouge, la petite allemande pourrait aussi bien être née à Modène.

Décidement le rouge est mis avec une Cobra de 1964 qui a gagné le prix de la meilleure restauration. Dire qu'elle est "comme neuve" ne rend pas même pas justice à la perfection de ce travail.

Le prix de la meilleure voiture en état d'origine au contraire revient à celle qui est à côté de la Cobra, ironiquement. C'est une Lamborghini 400GT 2+2 de 1967 qui effectivement n'a pas pris une ride.

Et on termine par une autre Lamborghini qui remporte le vote du public, une Miura SV Verde Miura parfaite pour marquer le cinquantième anniversaire de la marque.

Les autres participantes sont à voir dans la galerie ci-dessous.

Crédit photos : PLR/le blog auto

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Pour résumer

Le Japon peine à établir un grand Concours d'Elegance. La première tentative en 2007 était prometteuse, mais elle joua de malchance et fut noyée par un typhon, et les deux suivantes n'attirèrent pas le public escompté malgré les efforts des organisateurs qui avaient pourtant fait les choses en grand mais qui finirent par jeter l'éponge. Pourtant l'envie est là, comme en témoigne la quatrième édition s'est déroulée à Yokohama à la fin du mois de juillet.

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