Essai Aston Martin DB11 - Et la beauté intérieure, alors ?
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par Cedric Pinatel

Essai Aston Martin DB11 - Et la beauté intérieure, alors ?

Au lieu des vieux boutons Ford, les habitacles Aston Martin fourmilleront désormais de commandes Mercedes. La DB11, qui arrive après une décennie de modèles technologiquement ringards, possède-t-elle un vrai ramage sous son plumage plus aguicheur que jamais ?

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Me voilà, par une belle après-midi d'été, devant le portail de chez Patrick. Vous vous souvenez du collègue rédacteur en chef d'un grand magazine de voitures de sport, qui grognait tant contre les défauts de l'Audi R8 V10 Spyder ? Et bien cette fois, je lui pique les clés d'une DB11 fraichement essayée par ses soins. Comme d'habitude, il se plaint. Beaucoup. "Tu vas voir, la clé ne fait que buguer. Parfois la voiture ne la reconnaît pas, et elle se met à biper continuellement. D'ailleurs, quel malheur cette nouvelle clé par rapport à l'ancienne ! Avec l'interface Mercedes, fini le superbe bijou en cristal des anciennes Aston qui servait de bouton Start. Et regarde-moi la tristesse de cette console centrale, un peu. En plus, il n'y a même pas de boîte à gant ! Je ne te parle même pas de la largeur de l'auto à gérer quand tu circules en ville. Et ces minuscules places arrière, quelle blague" [...]

Patrick glisse tout de même un petit compliment sur la robe de l'auto. Il faut dire que dans cette teinte vaguement jaune, un peu marron, presque vert pâle, la DB11 met vraiment tout le monde d'accord. Je vous défie de trouver quelqu'un d'insensible à cette silhouette à la fois classique et si spectaculaire dans le détail. Depuis la DB9 de 2004, on se moquait systématiquement de l'immobiliste stylistique d'Aston Martin. Et là, d'un coup, les designers de Gaydon parviennent à ré-inventer le dessin de la GT anglaise, sans perdre une once d'élégance dans l'opération. Tout le monde s'accordait à designer la DB7 comme la plus belle GT de son époque. Pareil pour la DB9 à sa sortie. Faites le tour de cette DB11 à la teinte crème, et vous n'aurez pas d'autre envie que de lui décerner à elle aussi ce titre honorifique. Rangez votre GTC4 Lusso, votre Continental GT ou votre vulgaire Mercedes Classe S Coupé. La DB11 ne déroge pas à ce postulat axiomatique généralement admis par le grand public : les Aston Martin sont les plus belles voitures du monde. Point final.

Plus de clé en cristal

Malheureusement et comme le remarquait très justement Patrick, la flamboyance traditionnelle des habitacles Aston Martin en prend un petit coup avec la DB11. Première Aston Martin à embarquer toute l'électronique de bord Mercedes-Benz, elle doit fatalement composer avec une ergonomie intérieure (et une installation électrique) conçue pour des automobiles beaucoup plus généralistes. Exit donc la théâtrale procédure de démarrage de la DB9 via la clé de cristal, à introduire dans un logement, façon James Bond. La console centrale, à l'allure assez banale, comporte désormais un simple bouton "start" au milieu.

Comme dans une Mercedes Classe C, vous retrouvez une grosse commande à la conception compliquée sur le bas de la console centrale. Elle sert à naviguer dans l'interface et utiliser le système d'info-divertissement, lui aussi bien connu des clients Mercedes. Si le style de la planche de bord manque de distinction, la superbe sellerie et la qualité des cuirs suffisent heureusement à se sentir dans un univers spécial. Vos doigts toucheront beaucoup plus souvent des matériaux précieux que du vulgaire plastique. En gros, imaginez une ambiance Bentley avec un style plus sportif, et une assise nettement plus basse.

Enfin confortable

Le réveil du V12 ne trahit pas grand chose du passage à la suralimentation, avec un grognement presque aussi caverneux qu'au temps du bloc atmosphérique de 6,0 litres. Mais tout ce qui se passe après le moment où vous enclenchez la marche avant déroutera franchement les habitués des Aston Martin récentes : plus d'antique frein à main "à l'Anglaise" à la gauche du siège conducteur. Plus de boîte automatisée horriblement lente dans les manoeuvres urbaines. Plus de direction lourde, ni de suspensions trop ferme pour la vie de tous les jours. Plongé dans un gros bouchon sur l'autoroute après quelques kilomètres de ville, le bond technologique semble immense depuis le temps des DB9 et autres Vanquish. C'est bien dans ces conditions que la différence impressionne le plus : fini le temps où la moindre congestion routière vous faisait transpirer au volant de votre Aston Martin. Dans les embouteillages, la DB11 se comporte enfin comme une vraie GT contemporaine. Confortablement isolé des imperfections routières, aux commandes d'un groupe motopropulseur extrêmement doux à basse vitesse, le conducteur de DB11 n'enviera pas grand chose à celui de la Continental GT. Voilà clairement la plus grande réussite des metteurs au point d'Aston Martin, même si la lourde Bentley reste la reine en matière de confort luxuriant.

En revanche, le conducteur de Bentley jalousera farouchement celui de l'Aston sitôt le premier virage abordé. Au lieu de la filtration absolue de la Continental GT, la DB11 offre un compromis comportemental pour le moins surprenant lorsque vous haussez le rythme dans l'arrière-pays provençal. Si le poids de l'engin frise toujours les deux tonnes (1770 kg à vide), et que le constructeur anglais assume un positionnement moins sportif que pour les autres modèles de sa gamme, la DB11 affiche un sacré petit caractère dès que vous ouvrez en grand les gaz.

Les performances en ligne droite ne déçoivent pas pour une GT de ce rang (608 ch, 700 Nm, un 0 à 100 km/h en 3"8), et l'auto offre une interactivité inespérée dès que ça tourne. Sa direction à assistance électrique profite d'un précision suffisante et l'auto communique étonnamment bien sur le niveau de grip. Très progressive lorsque le train avant décroche, elle vous laisse vite prendre confiance au volant. Les premières sollicitations franches de la pédale de droite avaient pourtant de quoi effrayer : sur du mauvais tarmac, vous remarquiez le témoin de l'antipatinage clignoter, et sentiez le train arrière souvent prêt à tortiller. Fausse alerte, en fait.

Ce train arrière se met rapidement en glisse, et peut même dessiner une petite virgule à chaque sortie de virage avec l'ESP activé. Mais il informe très précisément de ce qu'il se passe dans son axe. Si bien que vous pouvez désactiver toutes les aides à la conduite, et apprivoiser la machine sans craindre une ruade incontrôlable. Les spécialistes de la glisse n'auront d'ailleurs aucun mal à réaliser de parfaits passages d'épingles fumants à son volant, façon AMG. Incroyable, vraiment, de voir la lourde GT devenir aussi tactile, intuitive et ludique sur les routes étroites entre Cassis et le Castellet. Tellement incroyable que vous vous surprenez à arpenter de nombreuses fois votre parcours préféré, sans prêter attention ni aux kilomètres abattus ni au temps passé. Le V12 manque un peu de race par rapport à l'ancien bloc, mais sa sonorité raffinée artificiellement et sa belle allonge feraient passer un V12 AMG ou un W12 Bentley pour des diesel. Sa boîte ZF à 8 rapports s'approche de l'efficacité d'une transmission à double embrayage en mode manuel et son amortissement, réglé en Sport+, permet de conserver une agilité suffisante pour attaquer très sérieusement. Ajoutez à cela une belle route provençale que vous connaissez par coeur, presque vide à l'heure du coucher de soleil, et vous retrouvez ce genre de moment de grâce où les poils de vos bras se hérissent. Seul l'allumage de la réserve de carburant permettra de vous faire redescendre sur terre. Avant de retourner (encore) à la pompe, un petit arrêt sur une portion déserte s'impose. En refroidissant, moteur coupé, les disques de frein (carbone-céramique) ne couvrent même pas le bruit des cigales en crépitant.

Imparable ?

Me revoilà -comme au début- à côté de la DB11, en train de faire de mauvaises photos avec mon iPhone cassé. Un peu plus tard, je me plongerai à nouveau dans la circulation de Marseille en mode Confort, isolé derrière du double vitrage et vautré dans du cuir magnifique. Il paraît qu'une Ferrari GTC4 Lusso propose une conduite plus immersive encore. Je sais bien, aussi, qu'une Bentley Continental GT ou une Rolls Dawn vont encore beaucoup plus loin dans le luxe pur. Mais je n'ai jamais ressenti une telle admiration pour une GT. De l’aveu même de Patrick, "il serait difficile de choisir entre la Ferrari et l'Aston". S'il fallait trancher sur le critère du style, j'imagine que la DB11 l'emporterait. Nous voilà propulsés dans une ère où les Aston Martin ne misent plus seulement sur le physique. Comme à la sortie de la première DB9 sous l'ère Ford, avant que la brusque revente de la marque ne la fasse entrer dans une période glaciaire. Période semble-t-il terminée pour de bon, au vu des nombreux projets actuellement en développement. J'ai hâte de voir ce que Patrick trouvera comme défaut à la nouvelle V8 Vantage.

+ON AIME

  • Enfin crédible en GT moderne, confortable, mais aussi joueuse
  • Le renouveau du style Aston

-ON AIME MOINS

  • La perte de personnalité de l'intérieur
  • Le V12 qui perd (un peu) en caractère

Crédit illustrations : Le Blog Auto

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Au lieu des vieux boutons Ford, les habitacles Aston Martin fourmilleront désormais de commandes Mercedes. La DB11, qui arrive après une décennie de modèles technologiquement ringards, possède-t-elle un vrai ramage sous son plumage plus aguicheur que jamais ?

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Rédacteur
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