Electricité : la Cour des Comptes s'alarme des capacités en 2040
par Elisabeth Studer

Electricité : la Cour des Comptes s'alarme des capacités en 2040

Vers un manque de capacités électriques ? Alors que la fin du thermique pointe à l’horizon, et que les véhicules électriques pourraient représenter une part majeur du parc automobile en 2030, la Cour des comptes a alerté jeudi sur les "incertitudes" pesant sur la capacité à construire un nouveau parc nucléaire "dans des délais et à des coûts raisonnables". Une déclaration survenant à la suite de la décision d’Emmanuel Macron de lancer un nouveau programme de réacteurs EPR.

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Des décisions urgentes à prendre pour garantir les capacités dans les années 2040

La construction de nouveaux moyens permettant de produire de l’électricité - qu'ils soient nucléaires ou renouvelables - "appelle des décisions à présent urgentes pour garantir notre approvisionnement à l'horizon de la décennie 2040", soulignent les magistrats Cour des comptes dans une note.

Des conclusions semblables avaient été émises dans un récent rapport du gestionnaire du réseau RTE.

Le constat est le même : face à un parc nucléaire français vieillissant et des besoins en électricité accrus pour réduire l'utilisation des énergies fossiles, l’approvisionnement pourrait rapidement poser problème.

Emmanuel Macron annonce le lancement d'un nouveau programme nucléaire

Le 9 novembre dernier, Emmanuel Macron a annoncé le lancement d'un nouveau programme nucléaire. Rappelons qu’à l’heure actuelle, la France construit un unique réacteur EPR de nouvelle génération, à Flamanville (Manche), sa réalisation étant toutefois confrontée à de nombreux dérapages tant en terme de coûts que de délais.

Incertitude sur la capacité à construire des réacteurs dans des délais et à des coûts raisonnables

Rappelant "la dérive des délais de construction" du projet de construction de l’EPR de Flamanville, la Cour souligne "une incertitude en termes de capacité à construire un nouveau parc de réacteurs dans des délais et à des coûts raisonnables."

EDF a fait à l'État une proposition pour construire dans un premier temps 6 nouveaux modèles d'EPR (EPR2) pour un coût de construction estimé à 46 milliards d'euros.

Les magistrats indiquent également qu'EDF ne pourra financer seul les nouvelles constructions et qu'un "partage des risques avec l'État" est souhaitable.

4 à 5 fois plus d’EPR seraient nécessaires

Selon la Cour des Comptes, jusqu'à 25 à 30 EPR seraient nécessaires pour maintenir une part de 50% de nucléaire dans la production électrique au-delà de 2050. Cela nécessiterait "une mobilisation et un effort de redressement accélérés de notre industrie nucléaire" et poserait "la question du nombre de sites disponibles" ajoute la Cour des Comptes.

Des défis également pour les nouvelles énergies renouvelables

Mais les problèmes ne concernent pas uniquement l’énergie nucléaire. « Les défis à relever paraissent tout aussi importants pour les nouvelles énergies renouvelables", relève la note.

Les secteurs de l'éolien ou du solaire se heurtent à d'autres défis, notamment en terme de stockage ou d'implantation.

La Cour des Comptes souhaite un débat

La Cour conclut sur le souhait d'un débat "sur des bases mieux éclairées" alors qu'il existe en particulier "un risque important pour les finances publiques". "Il n'existe ni décision simple, ni solution à faible coût, ni risque zéro", soulignent les auteurs.

Notre avis, par leblogauto.com

Une alerte pour le moins inquiétante alors que 2040 arrive vite et que des réacteurs nucléaires ne se construisent pas en quelques mois … A l’heure où les moteurs thermiques deviennent tour à tour bannis des grandes métropoles et que les constructeurs automobiles affichent leur volonté d’axer leur production sur les véhicules électriques, la France pourrait rapidement être confrontée à un manque de capacités.

En septembre dernier, le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, a appelé quant à lui à anticiper les besoins futurs de la France en électricité. Raisons invoquées : l’électrification de certains usages mais aussi du développement de l’hydrogène et de la possible réindustrialisation du pays.

« Nous sommes à la veille de bouleversements d’une telle ampleur, dans le domaine du transport et du chauffage en particulier, que nous pensons qu’il va y avoir sur les années qui viennent, mettons sur les 30 ans qui viennent jusqu’en 2050 (…), une forte croissance de la consommation d’électricité », a-t-il déclaré devant les députés de la mission d’information sur la résilience nationale.

Jean-Bernard Lévy a notamment critiqué les hypothèses retenues dans la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), la feuille de route de la France pour lutter contre le changement climatique, dont la dernière version a été publiée en 2020. Celle-ci retenait l’hypothèse d’une consommation électrique nationale de 600 à 650 térawattheures (TWh) en 2050, en hausse modérée par rapport aux niveaux actuels (460 TWh en 2020), pour tenir compte du recours croissant à l’électricité à la place des énergies fossiles.

C’est « une fourchette basse, je dirais même une fourchette très basse de ce qui nous paraît le plus probable », a estimé le patron d’EDF. Tenant à souligner que, depuis l’adoption de la dernière SNBC, deux facteurs nouveaux avaient émergé: un mouvement de réindustrialisation consécutif à la crise sanitaire et le développement souhaité de l’hydrogène, pour lequel « il y aura besoin de beaucoup d’électricité ».

Le directeur général de l’Énergie et du Climat au ministère de la Transition écologique, Laurent Michel, avait parallèlement reconnu devant la même mission d’information que la consommation avait « une tendance à augmenter un peu plus » que prévu. « Ça sera peut-être plutôt 700 ou 750 » TWh en 2050, avait-t-il indiqué aux députés.

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Pour résumer

Vers un manque de capacités électriques ? Alors que la fin du thermique pointe à l’horizon, et que les véhicules électriques pourraient représenter une part majeur du parc automobile en 2030, la Cour des comptes a alerté jeudi sur les "incertitudes" pesant sur la capacité à construire un nouveau parc nucléaire "dans des délais et à des coûts raisonnables". Une déclaration survenant à la suite de la décision d’Emmanuel Macron de lancer un nouveau programme de réacteurs EPR.

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