Ne dites pas véhicule
par Thibaut Emme

Ne dites pas véhicule "autonome" mais "à conduite automatisée"

C'est un avis très officiel, publié vendredi, par des experts de "l'éthique du numérique". Le gouvernement français leur avait demandé de se pencher sur ce terme absolument crucial, ou pas.

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Vous ne vous doutiez sans doute pas que certains se creusaient sérieusement la cervelle sur les termes du quotidien. Et pourtant... Le Comité national pilote d’éthique du numérique (CNPEN) a cogité sur la conduite autonome. Il en ressort que pour que les conducteurs se sentent toujours responsables du véhicule, il ne faut pas parler de conduite autonome ou de certains autres termes.

"L'utilisation d'expressions comme +autonomie+ ou +délégation de conduite+ donne l'illusion que le véhicule prendrait ses propres décisions et que les utilisateurs n'auraient pas à s'occuper de la conduite et pourraient se dégager des responsabilités afférentes", souligne le comité.

Alors que les aides à la conduite se perfectionnent, et que les navettes sans conducteur apparaissent sur les routes, il faudrait ainsi que les autorités publiques adoptent le terme "véhicule à conduite automatisée" dans les textes réglementaires.

Les recommandations du CNPEN vont plus loin que les simples terminologies à employer. En effet, selon le professeur de robotique Raja Chatila et la spécialiste de l'éthique Catherine Tessier, les véhicules à conduite autonomisée devront signaler clairement aux autres usagers que c'est la voiture qui prend certaines décisions. Cela tombe bien, de nombreux constructeurs travaillent sur les interfaces Homme-machine à l'extérieur.

Responsabilités, permis, consultation citoyenne

Le but est de ne pas surprendre les autres usagers quand le "robot" à la main sur la conduite. Concernant les responsabilités en cas d'accident, "l'ancien conducteur devenu passager ou utilisateur devrait être libéré de toute responsabilité à l'occasion des accidents causés par le véhicule" selon le CNPEN dans des propos rapportés par l'AFP.

Reste à établir la méthode pour rendre responsables le constructeur du véhicule, mais aussi les sociétés fournissant les équipements de la conduite autonomisée. Ce sera une pression de plus sur les épaules des constructeurs pour qu'ils ne lancent que des produits fiabilisés et pas des versions beta.

Mais, le CNPEN pense aussi à la formation. En effet, selon le comité, il faudra adapter la formation du permis de conduire "après avoir mené des études sur les compétences requises, les capacités effectives d'action, les informations pertinentes, l'interface humain-machine appropriée, et plus généralement sur la conception de l'habitacle". Pourtant, difficile de dégager une tendance identique à tous les véhicules à conduite autonomisée, sauf si les constructeur s'entendent sur un "modèle" unique.

Le comité consulté imagine même que l'introduction des véhicules à conduite automatisée devrait passer par une consultation citoyenne. Sous quelle forme ? Mystère. Référendum ? Enquêtes publiques ? Sondages ? Le comité ne le dit pas.

Notre avis, par leblogauto.com

Loin d'être un nouveau comité Théodule, le CNPEN pose quelques questions intéressantes. Pour la sémantique entre véhicule autonome et véhicule à conduite automatisée, cela ne change rien selon nous dans la perspective des acheteurs. En revanche la question de la responsabilité se posera forcément.

Surtout que la conduite autonome niveau 5 a encore quelques bugs et hésitations. On parlera par exemple de la mésaventure récente de JJ Ricks qui filme régulièrement ses trajets avec Waymo dans un véhicule entièrement autonome, pardon à conduite automatisée. Dans cette vidéo, le véhicule se retrouve bloqué par une série de cônes et préfère ne pas bouger....définitivement.

Avec AFP/tsz/ico/cbn

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Pour résumer

C'est un avis très officiel, publié vendredi, par des experts de "l'éthique du numérique". Le gouvernement français leur avait demandé de se pencher sur ce terme absolument crucial, ou pas.

Thibaut Emme
Rédacteur
Thibaut Emme

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