Rétro F1 2000-Hockenheim: Barrichello marche sur l'eau
par Nicolas Anderbegani

Rétro F1 2000-Hockenheim: Barrichello marche sur l'eau

Débutant en 1993 avec Jordan, Rubens Barrichello incarne la relève brésilienne dans le sillage du grand Ayrton Senna et montre de belles aptitudes sous la pluie, comme son mentor. Dès son 3e grand prix, il se hisse à la 3e place du fameux grand prix de Donington, survolé par "Magic", avant d'abandonner sur problème mécanique.

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Le poids de l’héritage

Mais en 1994, c'est le drame d'Imola. Comme un indicible et étrange concours de circonstances, c'est Barrichello qui ouvre ce bal macabre avec un spectaculaire accident le vendredi, qui fait craindre le pire. Rubens s'en sort avec quelques fractures mais la mort l'a frôlé de très près. Senna est venu s'enquérir de l'état de santé de son protégé à l’hôpital.

La mort ne rate pas son coup le samedi avec Roland Ratzenberger puis le dimanche, l'impensable, l'inimaginable survient avec la mort de son idole. Senna disparaît et plonge tout une nation dans un terrible deuil. Remis de ses blessures, Barrichello doit faire face à une pression inédite. Orphelins de leur "dieu" mais toujours aussi attachés à la F1, les fans brésiliens reportent sur le jeune Rubens leurs espoirs de faire encore briller le drapeau Auriverde. Pour Barrichello, c'est sans doute un poids trop lourd à porter, si jeune, à 22 ans. Après une belle fin de saison 1994, où il réalise l'exploit de signer une pole position sous la pluie à Spa, les années 95-96 sont décevantes chez Jordan. Visiblement perturbé par les attentes placées en lui, il est irrégulier et subit la loi d'Eddie Irvine. Son passage chez Stewart, entre 1997 et 1999, lui permet de reprendre du poil de la bête. Il démontre sa rapidité et sa fiabilité, ce qui lui vaut d'être recruté par Ferrari en 2000 pour épauler Michael Schumacher.

Dans l'ombre du Kaiser

En arrivant chez Ferrari, Rubens dispose enfin d'une machine apte à lui faire jouer la gagne, mais il arrive dans l'antre du Kaiser. Avec une équipe totalement bâtie autour de Schumacher, Barrichello est un n°2 officiel et assumé. Il n'est là que pour reprendre le rôle d' "équipier de luxe" que jouait précisément Eddie Irvine, son prédécesseur. Évoluant un ton en dessous de son leader, Barrichello accumule les podiums mais souffre évidemment de la comparaison avec l'Allemand. Il lui faut espérer que, le jour où Schumacher défaillit, il puisse sauter sur l'occasion. Elle va se présenter en Allemagne.

Hockenheim est le théâtre de la 11e manche du championnat du monde. Schumacher a réalisé un début de saison royal, avec 5 victoires sur les 8 premières courses, mais il vient d'enchaîner consécutivement deux abandons en France et en Autriche, qui permettent à son rival Mika Hakkinen de recoller au classement général. La séance de qualification se déroule dans des conditions humides changeantes. Si Schumacher se hisse en première ligne, derrière le poleman David Coulthard, c'est la cata pour Barrichello qui subit une fuite d'huile sur sa monoplace. Contraint de se rabattre sur la voiture de son équipier pour se qualifier, il ne réalise que le 18e temps !

Des rebondissements comme s'il en pleuvait !

La course. Au départ, les McLaren s'envolent mieux, surtout celle de Hakkinen qui bondit en tête. Schumacher décroise sa trajectoire pour prendre le 1er virage, mais Giancarlo Fisichella le percute ! Les deux voitures partent dans les graviers, Schumacher est éliminé ! La première moitié de course se déroule sans encombres, Hakkinen ayant la course à sa main. Derrière, Barrichello fait l'animation et, au prix d'une belle attaque et de nombreux dépassements, remonte progressivement en 5e position.

Soudain, au 25e tour, un homme à pied est aperçu dans la première ligne droite d'Hockenheim ! Il traverse la piste, alors que les F1 arrivent à plus de 330 Km/h. Voiture de sécurité ! Le temps que l'ordre revienne en piste, la plupart des pilotes en profitent pour repasser aux stands. Et surtout, cela permet à Barrichello de recoller aux leaders, qui voient toute leur avance fondre. On apprendra plus tard que le mystérieux homme était en fait un français, qui voulait protester contre son licenciement pour "raisons de santé" par Mercedes, dans l'usine du Mans où il travaillait depuis 22 ans. Le français avait fait une première tentative d'intrusion en France puis avait essayé de le faire à Hockenheim juste avant le tour de formation, sans succès, avant de finalement y parvenir ici, en pleine course ! Pour la petite histoire, s'il dut s'acquitter d'une amende pour intrusion, l'employé eut gain de cause en justice contre Mercedes.

Revenons à la course. La voiture de sécurité, qui est ressortie suite à l'énorme crash de Jean Alesi, littéralement balancé dans le mur par Pedro Diniz à pleine vitesse, s'efface au 31e tour. A partir des 33-34e tours, la pluie fait son apparition, mais sur une partie du circuit seulement. Néanmoins, tout le monde se précipite dans les stands pour mettre des pneus pluie...tout le monde, sauf Barrcihello, qui choisit de rester en slicks ! Le pari du Brésilien va-t-il marcher ?

Dans les ultimes boucles du GP, la pluie s'intensifie, mais surtout au niveau du Stadium et du 1er secteur du circuit, qui, ne l'oublions pas, s'étalait sur plus de 6,8 kilomètres avec ses longues lignes droites. Comme à Spa, il n'est pas rare d'y trouver des conditions changeantes d'un bout à l'autre de la piste. Dans d'autres portions du circuit, le revêtement est encore sec ou légèrement humide. Barrichello tient bon ! Hakkinen lui reprend quelques secondes par tour, mais dans les lignes droites, son choix de rester en gommes slicks s'avère payant ! A l'entame du dernier tour, il dispose encore de 10 secondes d'avance.

Dans une atmosphère de délire, Barrichello arrive dans le Stadium pour le dernier passage. Le public allemand, en grande partie représenté par des supporteurs de Schumacher, l'ovationne, les drapeaux s'agitent, les trompettes résonnent. Sur le muret des stands, tout le monde est en joie, même le staff de Mercedes l'acclame. Barrichello remporte enfin sa 1ère course, à sa 128e tentative. Et que dire du podium, où Barrichello, débordé par l'émotion, brandit le drapeau brésilien et pleure, pleure, pleure ! Rarement une victoire n'aura autant émue le paddock et le public, peut-être autant que les cris de joie et de douleur de Senna à Interlagos en 1991. Cette victoire, Barrichello la dédia évidemment à son mentor, Ayrton Senna. Il y en aura d'autres pour Rubinho, mais celle-ci fut sans nul doute la plus belle.

Images : flickr, f1 facts, wikipedia UK

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Pour résumer

Débutant en 1993 avec Jordan, Rubens Barrichello incarne la relève brésilienne dans le sillage du grand Ayrton Senna et montre de belles aptitudes sous la pluie, comme son mentor. Dès son 3e grand prix, il se hisse à la 3e place du fameux grand prix de Donington, survolé par "Magic", avant d'abandonner sur problème mécanique.

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