L'automobile et Paris, enjeu des Municipales 2020
par Thibaut Emme

L'automobile et Paris, enjeu des Municipales 2020

30 km/h en ville et 50 km/h sur le Périf'. Voilà l'une des mesures phares d'Anne Hidalgo, candidate à sa succession à la tête de la Mairie de Paris.

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30 km/h en ville et 50 km/h sur le Périf'. Voilà l'une des mesures phares d'Anne Hidalgo, candidate à sa succession à la tête de la Mairie de Paris.

Entre les deux tours d'une élection municipale, quelques alliances se négocient parfois. Ici, la Maire sortante (PS) s'allie une nouvelle fois avec les écologistes pour le second tour. Evidemment, comme dans toute alliance, il faut donner des gages à l'autre camp. Et bien se sera la tête des automobilistes qu'Anne Hidalgo leur apportera sur un plateau d'argent tel Hérode Antipas.

Déjà fortement marqué par des mesures "anti-voitures", le sexennat qui s'achève pourrait bien être de la roupie de sansonnet par rapport à celui qui vient pour les automobilistes. Dans le cadre de l'alliance signée avec les "verts", la candidate Hidalgo prend l'engagement de réduire la majorité des rues de la ville de Paris à 30 km/h. Le 50 km/h deviendra alors l'exception, sur certains grands axes comme les boulevards des Maréchaux, ou éventuellement les Champ-Elysées.

Le périphérique pour sa part, se verra passer à 50 km/h au lieu des 70 km/h actuels. Pour rappel, il y a encore peu de temps, il était à 80 km/h. Les listes "Paris en Commun" et "l'Ecologie pour Paris" ont donc publier un "manifeste pour Paris" consultable sur le site internet du think tank ("groupe de réflexion") Terra Nova, qui se dit "think tank progressiste".

Vers une grande place piétonne ?

Assez étrangement, le manifeste est présenté comme une réponse à la crise sanitaire due à la Covid-19 : "Parce qu’il est essentiel d’être jugés sur des idées, Paris en Commun et l'Ecologie pour Paris ont voulu mettre leur programme commun à l’épreuve de la crise du Covid". Comme si la pollution et la crise sanitaire que nous traversons avaient un lien...étrange. Ah si...le déconfinement comme excuse.

"Pour répondre aux contraintes du déconfinement, nous avons besoin de retrouver de la place dans l’espace public. Paris s’adapte et se transforme pour que la vie continue en cette période de crise sanitaire. Alors que le virus impose de maintenir une distanciation physique, nous devons offrir une alternative, à la fois aux transports en commun afin de les désaturer, mais aussi aux voitures individuelles dont le retour en masse aurait de fortes conséquences pour notre qualité de vie et notre santé".

Voilà la voiture introduite dans le débat du déconfinnement. "Nous accélérerons ainsi

la sortie du diesel en renforçant l’application des zones à faible émission. Plutôt que de réagir alors que le pic de pollution est déjà atteint, nous passerons à une logique préventive, en mettant en place des mesures de circulation alternée avant même que le seuil d’alerte ne soit franchi". On oubliera généreusement que malgré l'arrêt quasi total de la circulation à la mi-mars, plusieurs épisodes de pollution ont été observés.

Des radars acoustiques pour verbaliser le bruit

"(...) nous renforcerons la verbalisation des véhicules et deux roues trop bruyants grâce à de nouveaux radars acoustiques. Nous limiterons la vitesse dans Paris à 30km/h car c’est surtout la nuit que cette vitesse est dépassée et qu'elle cause le plus de nuisances sonores, avec des conséquences pour la santé du fait des insomnies qu'elle provoque."

"Pour améliorer la qualité de vie jusqu’à la périphérie de Paris, nous transformerons le deux fois quatre voies du boulevard périphérique en un boulevard urbain apaisé : nous commencerons par créer une voie réservée aux transports partagés (bus, navettes, taxis, covoiturage) pour progressivement réduire le nombre de voies de circulation, donner plus de place à la nature, et donner la possibilité de traverser à pied ou à vélo. Ce sont nos objectifs pour effacer cette frontière d’un autre âge au cœur du Grand Paris".

Les banlieusards dehors !

Lorsque l'on prend sa voiture pour aller dans Paris, c'est rarement par plaisir. Surtout, c'est une majorité d'habitants de la banlieue, qui peut être lointaine, qui viennent travailler dans Paris. Vouloir un Paris "apaisé" et où l'on roule au pas depuis un "périf réinventé", c'est bien joli, mais cela ne gênera pas les Parisiens eux-mêmes mais ceux qui viennent les voir quotidiennement : les banlieusards.

Pour eux, la galère sera soit de trouver un moyen de laisser leur voiture à un transport en commun, et de subir l'état de ceux-ci et la densité inégale une fois passée la ceinture de Paris. Mais, après tout, les banlieusards ne votent pas à Paris. Encore une fois, il nous semble que la candidate et ses alliés "verts" se trompent dans le paradigme de départ : vouloir que tout le monde évolue sur un même axe. Au contraire, il faut séparer physiquement les voies comme cela se fait aux Pays-Bas par exemple avec de vraies grandes routes cyclables totalement isolées et séparées des voies pour voiture.

Paris intra-muros a un réseau de transport en commun dense, mélange de métro (qui vaut ce qu'il veut), bus, tramways, RER. Reste les connexions avec l'extérieur de Paris. Et là, les Parisiens sont très contents de trouver des autoroutes urbaines en banlieue pour filer au plus vite au bord de la mer le weekend. La "bagnole" chez les autres, c'est moins gênant déjà.

Et les autres candidats ?

Pour Rachida Dati (LR), il faut lutter contre la pollution mais faire attention que "il y a encore des Parisiens qui ont besoin de leur voiture" déclarait-elle sur France Info récemment. "Nous sommes contre le diesel, c'est le sens de l'histoire que de lutter contre le diesel" dit-elle, fustigeant la "politique anti-voiture" de sa concurrente à l'élection à la Mairie de Paris.

Selon elle, la politique d'Anne Hidalgo a conduit à une "jungle dans la mobilité (...) Aujourd'hui, le nord et l'est n'ont jamais été aussi pollués en raison des embouteillages, c'est la jungle partout (...) On veut une mobilité organisée".

Quant à Agnès Buzyn, sur RTL, elle estime que rien ne peut se faire sans l'amélioration des transports en commun. Elle souhaite "travailler avec la région pour automatiser au moins 4 lignes de métro. (...) Il faut améliorer le flux des bus. (...) La place de la voiture dans les villes va se réduire, mais la première chose qu'il faut faire est d'avoir une transition vers des véhicules électriques".

Vivre ensemble vs. vivre contre ?

"Cela ne doit pas être la charrue avant les bœufs. On ne commence pas par réduire la place des voitures si on n'a pas sécurisé des voies vélos, si on n'a pas remis en état Autolib et Vélib qui ont été détruits par la majorité précédente" précise la candidate LREM.

Du côté de Cédric Villani, on souhaite utiliser la science pour rendre la ville plus intelligente. En modélisant mathématiquement les flux de circulation de Paris, il serait possible d'adapter les feux de signalisation pour fluidifier le trafic et éviter ainsi une partie des bouchons et de la pollution. Les trottoirs doivent être de nouveau réservés uniquement aux piétons, et le candidat dissident LREM souhaite des limitations de vitesse modulées en fonction du trafic et de l'heure de la journée.

Pour savoir à quelle sauce les automobilistes vont être mangés à Paris, ce sera le 28 juin comme partout ou presque en France.

Illustration : capture vidéo INA.fr

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Pour résumer

30 km/h en ville et 50 km/h sur le Périf'. Voilà l'une des mesures phares d'Anne Hidalgo, candidate à sa succession à la tête de la Mairie de Paris.

Thibaut Emme
Rédacteur
Thibaut Emme

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