La présence de l'Etat au capital de Renault, handicap ou assurance?
par Le Blog Auto

La présence de l'Etat au capital de Renault, handicap ou assurance?

Le rôle de l'Etat au sein de Renault est-il un problème ou une chance pour les intérêts français? L'échec de la fusion de Renault avec Fiat-Chrysler a ravivé le débat entre libéraux et protectionnistes, même si Bercy a nié toute "intervention politique".

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"Les conditions politiques ne sont actuellement pas réunies en France pour mener à bien un tel rapprochement". Le constructeur automobile Fiat Chrysler (FCA) a désigné un responsable clair à l'échec du projet de fusion avec Renault: le gouvernement français.

Une source proche du groupe italo-américain a même dénoncé une "position soudaine et incompréhensible de Bercy" pour justifier le retrait de l'offre qui prévoyait la création d'une holding basée à Amsterdam, et détenue à parts égales par les actionnaires de Renault et FCA.

La présence de l'Etat français au capital de Renault, à hauteur de 15,01%, est jugée encombrante par certains observateurs. "C'est clairement un inconvénient majeur", affirme ainsi à l'AFP Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS, qui rappelle que "l'alliance avec Nissan avait été gravement compromise quand l'Etat actionnaire avait décidé d'augmenter grandement ses droits de votes en passant une loi et en exerçant une prérogative qui a littéralement rendu furieux les Japonais".

"Pas prendre de risque"

Depuis une montée au capital en avril 2015 et l'entrée en vigueur de la loi Florange sur les droits de vote doubles, la France détient en effet 21,96% des droits de vote théoriques et 28,60% des droits de vote exerçables du groupe.

"On ne peut pas prendre de risque avec les emplois", estime le député (LREM) Damien Pichereau, président du groupe d'étude sur les véhicules terrestres à l'Assemblée nationale. "La création d'un géant de l'automobile, d'accord, mais il ne faut pas que ça se fasse au détriment de nos emplois et de notre industrie", plaide-t-il auprès de l'AFP.

"Aujourd'hui, il faut protéger l'emploi automobile français", a également lancé jeudi le ministre du Budget Gérald Darmanin sur Franceinfo, se disant "très heureux qu'il y ait une industrie un peu patriotique qui fait attention aux intérêts français".

"Si on ne l'avait pas fait, et que dans quelques mois on s'était aperçu qu'il y (allait avoir) des restructurations et des emplois en moins en France, vous auriez dit: +vous n'avez pas protégé les intérêts des Français+", a-t-il affirmé.

Mais "qu'est ce qui assure la pérennité de l'activité de Renault, et donc de l'emploi, si ce n'est la croissance, l'expansion, la conquête de nouveaux marchés!", rétorque Elie Cohen.

Xavier Ragot, président de l'OFCE, observe a contrario un "retour d'une orientation industrielle au niveau européen, avec des prises de position claires de Margrethe Vestager, Bruno Le Maire...". "C'est assez nouveau", estime-t-il, "l'Etat prend conscience qu'il doit être plus stratège et qu'il ne l'a pas été peut-être parce qu'il pensait que les marchés se régulaient seuls".

"L'Etat s'intéresse à l'emploi, aux territoires, aux nominations, mais à mon avis il ne s'intéresse ni à l'industrie, ni à la stratégie", poursuit Elie Cohen. "C'est un inconvénient quand vous êtes une grande entreprise comme Renault, qui, dans un contexte économique bouleversé, avec la fin annoncée du diesel, les véhicules électriques, autonomes, a besoin de partenaires, d'alliances, de partages d'investissements et de dépenses de R&D".

"Pas toujours correctement"

Mis directement en cause par FCA, et indirectement par le gouvernement italien pour qui "quand la politique cherche à intervenir dans des procédures économiques, elle n'agit pas toujours correctement", Bercy assure que l'échec de la fusion avec Renault n'est pas dû à des "interventions politiques".

Selon le ministère français de l'Economie, la fusion a capoté parce que le gouvernement voulait préserver l'alliance avec Nissan, tenu à l'écart du projet jusqu'au dernier moment. Le groupe japonais craignait d'être marginalisé dans l'opération, même si il y voyait des opportunités en matière de partages de technologies.

"C'est sûr que, de l'extérieur, la présence de l'Etat est toujours mal perçue", constate Gaëtan Toulemonde, analyste automobile pour Deutsche Bank. Mais, dubitatif sur les raisons invoquées par FCA, il nuance: "vous n'avez qu'à regarder les effectifs de Renault en France depuis 10 ans pour voir que l'Etat actionnaire n'a pas empêché le groupe d'évoluer, de se restructurer, de se concentrer".

Par AFP

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Pour résumer

Le rôle de l'Etat au sein de Renault est-il un problème ou une chance pour les intérêts français? L'échec de la fusion de Renault avec Fiat-Chrysler a ravivé le débat entre libéraux et protectionnistes, même si Bercy a nié toute "intervention politique".

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