L’industrie automobile européenne au travers de l’ACEA craint de ne pas pouvoir atteindre les objectifs climatiques de l’UE d’ici 2021. Mettant également en garde l’Union européenne contre tout nouveau resserrement des seuils de CO2 à plus long terme.
L’ACEA préoccupée par les objectifs 2021 et 2030
Erik Jonnaert, secrétaire général de l’ACEA – présidé par le patron de PSA Carlos Tavares – vient ainsi d’affirmer que les constructeurs étaient fortement préoccupés par les objectifs fixés pour 2021.
L’industrie automobile semble ainsi se positionner de nouveau quelque peu en retrait par rapport à la protection du climat, avant des négociations décisives au niveau de l’UE.
L’Acea a ainsi émis des doutes en début de semaine quant à la possibilité d’atteindre les objectifs climatiques – qu’elle juge déjà fort déjà contraignants pour 2021 – effectuant une mise en garde sur les nouvelles valeurs qui pourraient être définies pour 2030.
« Dans notre industrie, atteindre les objectifs de 2021 soulève une grande préoccupation, parce que c’est déjà délicat », a déclaré le secrétaire général de l’Acea Erik Jonnaert à DPA, l’agence de presse allemande.
Argument invoqué qui devrait faire pour le moins réagir : selon lui, le respect des seuils fixés s’avère encore plus difficile depuis l’affaire du dieselgate … le scandale ayant eu notamment pour conséquence une hausse des ventes des modèles essence, dont la consommation est plus importante.
Le secrétaire général de l’Acea a de nouveau rejeté les projets de la Commission européenne visant à réduire de 30 % les émissions de CO2 pour la période 2021-2030. Exhortant le Parlement européen à ne pas porter cet objectif à 50 %. Selon lui, « seule une baisse de 20 % serait réaliste. »
Le Parlement européen devra trancher prochainement
Le Parlement européen doit se déterminer prochainement sur les nouveaux objectifs qui devront s’appliquer au secteur automobile en matière de climat à l’horizon 2030. Si la Commission européenne a proposé que les émissions de dioxyde de carbone des nouveaux véhicules soient réduites de 30% de 2021 à 2030, au Parlement européen, en revanche, une réduction de 50%, voire de 75%, est en cours de discussion.
La déclaration de l’ACEA intervient alors que la commission de l’environnement devra voter à ce sujet la semaine prochaine, le vote en plénière intervenant quant à lui début octobre. Des négociations avec les États membres seront entamées en suivant.
A l’heure actuelle, le règlement de l’UE en vigueur depuis 2009 stipule que les nouveaux véhicules d’un constructeur ne pourront émettre en moyenne que 95 grammes de dioxyde de carbone par kilomètre d’ici 2021 au plus tard. Dans les faits, la valeur moyenne enregistrée pour 2017 était de 118,5 grammes – avec une légère tendance à la hausse.
Une situation qui – selon Jonnaert – nécessite qu’un objectif réaliste soit défini pour 2030. Considérant possible une réduction de 20% du CO2 par rapport à 2021 pour les véhicules neufs.
L’ACEA tire à boulets rouges sur les véhicules électriques
Jonnaert estime néanmoins que parier sur une croissance rapide des parts de marché des véhicules électriques s’avère irréaliste en raison de la faiblesse de la demande.
Tentant de trouver les arguments possibles pour plomber ce type de motorisation, l’ACEA n’hésite pas à affirmer qu’un changement trop rapide entraînerait des pertes d’emplois importantes dans les régions allemandes ou l’industrie automobile est fortement implantée telle que celle de Stuttgart.
Selon l’association, l’essor des véhicules électriques aurait « un impact profond sur l’emploi », la fabrication et la maintenance d’un véhicule électrique nécessitant moins de travail qu’un véhicule traditionnel, en raison – selon elle – « d’une moindre complexité mécanique et d’un nombre de pièces inférieur ».
Se basant sur un rapport du cabinet de lobbying FTI Consulting, l’ACEA indique ainsi qu’un véhicule électrique comporterait 38% de pièces et composants de moins qu’une voiture dotée d’un moteur à essence.
L’avenir de la voiture sera électrique selon les écologistes
Un argument toutefois rejeté par Rebecca Harms, eurodéputée verte. Cette dernière faisant état d’une étude menée par IG Metall tablant sur des pertes d’emplois modérées. Le passage à des voitures à faibles émissions voire sans émissions apparaissant parallèlement comme inéluctable. La députée l’affirme même haut et clair : « l’avenir de la voiture sera électrique ».
Les écologistes pour des objectifs renforcés
Selon Rebecca Harms, pour pouvoir respecter l’Accord de Paris, les objectifs de réduction devront être abaissés de 75% pour les véhicules d’ici 2030. Une proposition de compromis prévoyait quant à elle un objectif de 50%.
Le député écologiste au Bundestag , Oliver Krischer, a également souligné que les objectifs d’économies pour 2030 devraient être renforcés. Selon lui, la « débâcle climatique » de l’industrie automobile n’est pas liée à la baisse des ventes de diesel, mais à la politique des constructeurs qui les pousse à produire des voitures de plus en plus lourdes et plus puissantes, et à axer leurs ventes sur les SUV.
Sources : Automobilwoche, ACEA
Crédit Illustration : ADAC
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37 Commentaires sur "L’industrie automobile de l’UE tente de réduire les normes CO2"
Les pauvres… eux qui ne peuvent plus truquer leur moteur doivent se mettre à travailler !
Quand à l’argument sur l’emploi et le voitures électriques, qu’ils commencent déjà à fabriquer leurs batteries au lieu de tout acheter à des groupes chinois…
Si tu fabriques les batteries, il te faut les développer. Si tu les achètes, tu laisses ce soucis à d’autres. Et la batterie est un élément clé sur lequel il va falloir beaucoup investir pour être compétitif.
Sous-traiter ce sujet n’est pas forcément idiot.
Surtout quand on voit Nissan revendre son activité batterie alors qu’ils font parti des précurseurs en terme de voiture électrique, ça ne doit pas donner envie aux autres constructeurs de s’y lancer.
Le véhicule électrique actuellement pollue quasi autant voire plus qu’un thermique vu qu’en Europe très peu de pays produisent de l’électricité « peu » émettrice de CO2, donc autant cramer le pétrole directement dans le moteur plutôt que du gaz ou du charbon (Allemagne et Pologne) dans des centrales.
Oui peut-être, mais pas dans 20 ans.
Et il faut bien commencer un jour !
Donc avec 1% des ventes, les VE ne peuvent être considérées comme un fléau.
Mais quand tous les particuliers produiront tout ou en partit leur électricité par des EnR, le calcul sera à refaire !
…et c’est possible avant 20 ans !
Ce que vous oubliez, mon cher polo, c’est qu’on peut mettre des filtres bien plus lourds et onéreux sur une centrale électrique, sans pour autant grever le budget, la consommation ou les performances d’un véhicule électrique s’y rechargeant…
Je suis un petrolhead dans l’âme, j’aime les beaux moteurs, mais au bout d’un moment, il faut être réaliste.
Pourquoi « -4 »
Qu’est-ce qui ne sera pas possible dans 10 ou 20 ans ?
Pas d’explications ? c’est juste pour le plaisir de cliquer sur le pouce vers le bas ?
Je suis persuadé que cela soit possible, si je me trompe… Dites-nous le pourquoi !
Le projet de François de Rugy en Janvier 2017 :
« Mon projet est écologiste : par exemple, je propose de passer au 100 % renouvelable d’ici 2025 pour la transition énergétique avec des emplois et des activités sur tout le territoire. D’ici 2025, je propose que tous les véhicules neufs vendus en France soient électriques ou hybrides-électriques. Je propose un pacte avec la grande distribution pour que 25 % de tous les produits alimentaires vendus en grande distribution soient issus de l’agriculture biologique française. »
Chouette… Il est au pouvoir maintenant, en 2025 nous seront les meilleurs au monde ! 😉 😀
Il est fou…
100% de renouvelable ça peut paraître intéressant mais ce n’est pas forcément souhaitable en raison du facteur de charge très faible des énergies éolienne et solaire.
Je vous invite à lire le document suivant qui explique de manière assez simple pourquoi il n’est pas souhaitable de passer à 100% d’électricité renouvelable:
https://jancovici.com/transition-energetique/renouvelables/100-renouvelable-pour-pas-plus-cher-fastoche/
…moins de rejets
« ces cons », ce sont les élus ? Si oui, rappelle moi qui les élit, s’il te plaît…
@ Beniot9888 Les « cons » c est à dire les GRANDS élus ceux qui font les lois et donc influent sur la vie des gents. Ceux qui sont sur les bancs des institutions depuis des années et des années et bien ce n est ni toi ni moi qui les élisons… Mais le copinage, réseaux et autre arrangement entres amis..
C est donc eux qui ont le POUVOIR de rendre les gens moins dependant à leur voiture pour aller bosser
à Christophe (et à lui seul pour la réponse)
qu’entends tu par bioGNV?
ne songez vous pas Christophe que la collectivité va devoir réfléchir aux fonctionnements de ses stations d’épuration ? Quand on a vu encore cet été avec les migrations (populations décuplées) nombre de ces équipements saturés.
@labradaauto
Pourtant je vois de plus en plus de collectivités qui mettent en place la collecte des déchets verts pour les orienter vers des unités de méthanisation et ainsi récupérer du bio gaz pour ses besoins.
C’est bien tout bénéfice pour tout le monde.
Pour votre dernier point, cela confirme bien qu’il va falloir changer de paradigme.
Bien Christophe
Et les 430.000km en bioGNV pour 6 tonnes de CO2, tu sors ça d’où?
6 000 000 / 14 = 430 000, non ?
« encore moins si bioGNV (14 g »
Sachant que pour certains cas la base carbone donne une valeur négative donc l’annulation serait pour un km infini.
comment as tu obtenu ces 14g de CO2/100km? (pour le bioGNV)
Base carbone : bio méthane entre -4,8 kgCO2eq/kWh (OMr) et 35 gCO2eq/kWh (unité agricole).
Pour faire 100 km il me faut 40 kWh soit 1400 g / 100 km soit 14 g/km (cas le plus défavorable).
La même base nous prédit un mix en 2023 à 23,4 gCO2eq/kWh soit 9,4 g / km soit 641 000 km.
Base carbone : bio méthane entre -4,8 gCO2eq/kWh (OMr) et 35 gCO2eq/kWh (unité agricole) – j’ai supprimé le 10 puissance -3 sans modifier l’unité.