Festival de cames 2018 : l'Hispano-Suiza K6 de Maigret et l'affaire St Fiacre
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par Thibaut Emme

Festival de cames 2018 : l'Hispano-Suiza K6 de Maigret et l'affaire St Fiacre

Jean Gabin, en tant qu'acteur ou dans sa vie, aura côtoyé de nombreuses "œuvres d'art" automobiles. Dans "Maigret et l'affaire St Fiacre", c'est une Hispano-Suiza K6 carrossée par Vanvooren.

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Jean Gabin, en tant qu'acteur ou dans sa vie, aura côtoyé de nombreuses "œuvres d'art" automobiles. Dans "Maigret et l'affaire St Fiacre", c'est une Hispano-Suiza K6 carrossée par Vanvooren.

Le film : une histoire d'héritage

Le jeune Jules Maigret a vécu une partie de sa jeunesse au château de Saint-Fiacre. Fils des métayers, il est devenu un célèbre commissaire. La comtesse de Saint-Fiacre lui demande de venir car elle a reçu une lettre anonyme lui annonçant sa prochaine mort.

Maigret se retrouve plongé dans son enfance, dans un château de vieille famille désargentée. Autour de la comtesse, des profiteurs et des vautours se disputent les restes de la fortune des Saint-Fiacre. La mort, d'une crise cardiaque de la Comtesse force Maigret à enquêter. Témoin de la splendeur passée, le commissaire forcera le fils prodigue à endosser l'habit des comtes de Saint-Fiacre.

Le film date de 1959 et est évidemment une adaptation d'un roman de Georges Simenon. C'est une production franco-italienne et le tout est filmé par Jean Delannoy qui avait déjà dirigé Gabin dans "Maigret tend un piège" dans les rues d'un "Paname" oublié. Les dialogues sont ciselés par Michel Audiard.

Le film est en noir et blanc, et l'image colle comme un chaud été. On perçoit la nostalgie de Maigret qui revient sur les lieux de son enfance. On est dans une vieille France dont on la nostalgie même si on ne l'a pas connu. Tous les personnages ont les traits un peu forcés comme le curé de campagne, le métayer, le dévoué comptable qui barbote un peu au passage. Et même le fils qui dilapide sa part de la fortune.

Hispano-Suiza une aventure espagnole qui finit en France

Jacques Marin joue Albert, le chauffeur de la comtesse. Il la conduit dans un brougham (nomenclature anglais) ou un coupé (ou coupé-limousine ?) ou bien encore un coupé-chauffeur en nomenclature française, sur base de Hispano-Suiza K6. Hispano-Suiza est un ancien constructeur automobile espagnol. Fondé en 1902 José María Castro Fernández et l'ingénieur suisse Marc Birkigt. Espagne-Suisse...Hispano-Suiza. Le nom exact est J. Castro, Sociedad en Comandita, Fábrica Hispano-Suiza de Automóviles.

Mais tout n'est pas simple. Déjà fondée sur les restes d'une première société, cette association ne tient que quelques années. Nouveau repreneur qui injecte un peu d'argent, et rebelote. Marc Birkigt reste l'ingénieur. Mais, les finances sont toujours le point faible. La Hispano-Suiza, Fábrica de Automóviles, S. A. tente de survivre, mais le marché espagnol est trop petit pour cela. La société française Hispano-Suiza est fondée en 1911 et assemblera les voitures conçues par Birkigt.

Comme bon nombre de ses concurrents, Hispano-Suiza assemblera des moteurs d'avions pendant la première guerre mondiale. C'est au sortir de cette guerre qu'Hispano-Suiza vivra sa meilleure période, jusqu'à la seconde guerre mondiale. Après la seconde guerre, Hispano se spécialise dans les transmissions de puissance et l'assemblage de moteur d'avions. Reprise par la Snecma, elle intègre le Groupe Safran suite à la fusion avec la Sagem.

Hispano-Suiza K6 carrossée par Vanvooren

La "grande crise" de 1929 a fait du mal aux grandes automobiles avec des moteurs 12 cylindres ou plus. Hispano-Suiza a la J12 mue par un V12 de 9,5 litres de cylindrée. La société est forcée d'ajouter un plus "petit" modèle à sa gamme.

Sur un châssis de J12, un 6 cylindres en ligne de 5180 cm3 est installé. Le niveau de fabrication d'Hispano-Suiza est respecté et une nouvelle clientèle veut se payer "une Hispano". 120 chevaux officiellement, à 2000 tours/min seulement ! Par rapport à la J12, la vitesse maximale est "faible" (140 km/h) mais, les versions légères font le 0 à 100 km/h en moins de 20 secondes.

A l'époque, les carrossiers sont encore les rois. Ils partent d'un châssis nu (ou déjà carrossé) et font selon l'envie des clients. Ici, les passagers montent à l'arrière et le chauffeur est à l'extérieur. Il peut être protégé par une capote. A l'intérieur, il y a des rideaux à pampilles, et une banquette qui tient plus du sofa qu'autre chose. La K6 tient encore de la voiture à cheval.

La maison Vanvooren est une société de carrosserie française. La famille Vanvooren était déjà des carrossiers à l'époque des voitures hippomobiles. Le fils, Achille, prend la suite de son père et suit l'évolution vers l'automobile. La société est ensuite reprise par Marius Daste, le directeur technique. Vanvooren carrosse les plus belles et les plus renommées : Bentley, Hispano-Suiza, Bugatti et même Rolls-Royce. Comme beaucoup de carrossiers français, la société ne survit que très peu d'année après la seconde guerre mondiale.

La dernière des Hispano-Suiza

La K6 arrive au mauvais moment. Lancée en 1934, elle se heurte de plein fouet à la guerre civile espagnole et aux réquisitions. En France, le Front Populaire, vainqueur des élections décident de nationaliser l'industrie. Hispano-Suiza se concentre alors sur la fabrication de moteurs d'avions. Seules 206 K6 ont été fabriquées.

La K6 de la Comtesse de Saint-Fiacre arbore sur son radiateur sa célèbre Cigogne. Remplaçant le logo ailé avec les drapeaux espagnol et suisse des voitures assemblées en Espagne, la cigogne est, en France, un hommage à Georges Guynemer, l'un des plus célèbres pilotes de la première guerre mondiale. Il dirigeait l'escadrille des cigognes composée de Spad équipée de moteurs Hispano-Suiza. Les usines de Bois-Colombes étaient sises rue Guynemer.

Plutôt rares et appréciées, les Hispano-Suiza ont une belle cote. Elles restent toutefois abordables. Par exemple, en février 2018, Artcurial a procédé à la vente d'une K6 Vanvooren, dite "sans montant" (pas de pied milieu). 286 080 €. Plus rare, un cabriolet carrossé par Letourneur et Marchand avait atteint les 451 000 € en 2011.

Illustration : extraits du film, Artcurial

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Pour résumer

Jean Gabin, en tant qu'acteur ou dans sa vie, aura côtoyé de nombreuses "œuvres d'art" automobiles. Dans "Maigret et l'affaire St Fiacre", c'est une Hispano-Suiza K6 carrossée par Vanvooren.

Thibaut Emme
Rédacteur
Thibaut Emme

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