Renault / PSA : des prix de pièces détachées scandaleux
par Elisabeth Studer

Renault / PSA : des prix de pièces détachées scandaleux

Renault et PSA empêtrés dans un scandale ? Selon des documents confidentiels, obtenus par Mediapart et l'EIC (European Investigative Collaborations), les deux groupes automobiles se seraient entendus pour gonfler pendant des années le prix de certaines pièces détachées.

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Vaste et juteuse escroquerie ?

Les documents recueillis par Mediapart seraient issus du cabinet de conseil Accenture. Ce dernier aurait fourni à PSA et Renault un "logiciel très sophistiqué ” qui aurait permis aux deux constructeurs de pratiquer des hausses de prix de manière aussi  rusée qu'indétectable. Ou presque.

Cet outil, baptisé Partneo, servirait notamment à déterminer la valeur de l'équipement telle que perçue par le client et le prix maximum qu’il serait prêt à payer, le tout afin de fixer des tarifs plus élevés. Une manière d'augmenter les prix sans modifier d'un iota le coût réel de fabrication des pièces pour les constructeurs. Mediapart sous-entend par ailleurs que PSA et Renault se sont coordonnés sur le sujet, sans toutefois indiquer comment.

Une astuce aussi illégale que juteuse, puisque que Renault et Peugeot auraient pu par ce biais réaliser chacun des profits annuels de plus de 100 millions d'euros, en augmentant artificiellement le prix de certaines pièces détachées.

Selon Mediapart, à partir de la fin des années 2000, Renault et PSA auraient opéré une hausse de 15% des prix des pièces détachées pour lesquelles ils sont en situation de monopole, qualifiées de « pièces captives ». Le journal ajoutant qu'au niveau mondial, les deux constructeurs auraient ainsi soutiré près de 1,5 milliard d'euros aux automobilistes en dix ans.

Grâce à des algorithmes complexes gérés via le logiciel et à une large base de données créée par Partneo, les prix de certaines pièces se seraient envolés : une hausse de 264 % pour une protection de roue de Dacia Sandero, de 100 % pour un rétroviseur de Clio 3 ...

Le journal indique par ailleurs que ces pièces « captives » représentent en moyenne pour les  constructeurs 30 à 50 % des revenus issus de la vente des pièces détachées, "et bien davantage en France". Rappelant par ailleurs l’engagement des associations de consommateurs contre l’exclusivité des constructeurs sur les pièces automobiles.

Renault et PSA réfutent les accusations

Les deux groupes ont néanmoins formellement nié ces accusations. En réponse à Mediapart, Renault a indiqué ne s'être "engagé dans aucune coordination, de quelque forme que ce soit, avec PSA" et n'avoir jamais "emprunté une démarche qui puisse relever, de près ou de loin, d'une violation des règles de concurrence". PSA conteste totalement pour sa part ces accusations qu'elles qualifient d'"infondées".

L'Autorité de la concurrence en alerte

L'affaire est loin d'être close. L’Autorité française de la concurrence aurait d'ores et déjà ouvert une enquête en 2017 sur le dossier avant de la refermer au bout de quelques mois. Elle pourrait à nouveau se saisir de l'affaire compte tenu de ces nouveaux éléments.

Mediapart indique ainsi que l’Autorité précise que « les éléments portés à sa connaissance »ne justifiaient pas l’ouverture d’une « enquête approfondie », mais qu’elle « se réservait la possibilité de le faire » si de nouveaux éléments lui étaient communiqués.

En 2011, l'Autorité de la concurrence constatait que le prix des pièces détachées en France était reparti à la hausse après avoir baissé entre 1996 et 2003. "Les prix ont augmenté de 13 % hors inflation entre 2000 et 2010 en France, alors qu’ils ont baissé partout ailleurs en Europe", constatait-elle, soupçonnant une fraude.

L'inventeur du logiciel attaque le trio en justice

Laurent Boutboul, le créateur du logiciel poursuivrait actuellement Accenture, PSA et Renault devant le tribunal de commerce de Paris. S'estimant lésé par Accenture lors du rachat de sa société en 2010, il accuse aujourd'hui la société de conseil, Renault et PSA « d'avoir utilisé son système pour coordonner les hausses de tarifs, en violation des règles de la concurrence. » Les documents sur lesquels s'appuierait Médiapart seraient issus de cette procédure.

L’avocat de Laurent Boutboul, Frank Normandin, a confirmé au journal l’existence de cette procédure judiciaire. Précisant que "ce litige concerne les engagements du groupe américain Accenture et de sa filiale française à respecter les règles d'un protocole antitrust", ce dernier ayant été défini avant l'acquisition de la société Acceria en vue de maintenir l'usage licite du logiciel conçu.

Sources : Mediapart, Renault, PSA, AFP

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Pour résumer

Renault et PSA empêtrés dans un scandale ? Selon des documents confidentiels, obtenus par Mediapart et l'EIC (European Investigative Collaborations), les deux groupes automobiles se seraient entendus pour gonfler pendant des années le prix de certaines pièces détachées.

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