L’étau se resserre autour de Rupert Stadler
par La rédaction

L’étau se resserre autour de Rupert Stadler

L’air devient de plus en plus irrespirable pour Rupert Stadler, le PDG d’Audi, dans le cadre du Dieselgate. Dans sa dernière édition, le magazine allemand, Der Spiegel, suggère qu'il aurait eu connaissance de la fraude depuis au moins 2012.

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Quand Rupert Stadler a-t-il eu connaissance de l’utilisation frauduleuse d’un logiciel destiné à réduire les émissions polluantes lors des tests d’homologation ? Selon une enquête interne menée par un cabinet d’avocat américain Jones Day, le PDG d’Audi n’en aurait pas eu connaissance avant la révélation par la presse. Les doutes sur cette version sont de plus en plus nombreux à la lumière des documents découverts par les fins limiers de Der Spiegel.

Des documents internes, datant de 2008, révèlent que l’installation d’un logiciel de contrôle des émissions sur les moteurs V6 3 litres TDI aurait été préparée alors que Rupert Stadler avait déjà pris les commandes d’Audi. Dans ces documents, les ingénieurs d’Audi proposent de mettre en place un système de dépollution à deux modes de fonctionnement. Le premier mode destiné aux tests d’homologation réduirait les émissions de NOx de 90 % tandis que le deuxième mode applicable pendant les conditions réelles ne réduirait qu’entre 30 et 70 % des émissions de NOx. Les documents soulignent également le caractère explosif du problème. Le magazine allemand révèle qu’un des libellés indiquait « Hautement critique aux États-Unis ».

Le PDG d’Audi est aussi accablé par l’ex-responsable du développement des motorisations diesel, Ulrich Weiß, suspendu à la suite du scandale. Son avocat a notamment transmis des documents à la justice prouvant que Rupert Stadler aurait eu vent du logiciel fraudeur en 2012.

Tout a commencé lorsqu’Audi a voulu commercialiser ses diesels sur le marché américain. Lorsque Rupert Stadler prit la tête du constructeur, les ingénieurs étaient face à un dilemme. Pour réduire les émissions NOx et satisfaire les normes de pollution américaines, la seule solution existante était le recours à l’additif AdBlue. Malheureusement des tests conduits en hiver et en été ont abouti à des résultats effrayants.

Le Touareg et le Q7 équipés du V6 3 litres TDI nécessitaient 8 litres d’Adblue tous les 1 000 kilomètres. Avec un réservoir d’une capacité limitée à 16 litres par les contraintes techniques, les clients auraient du remplir leur réservoir tous les 2 000 kilomètres. L’objectif initial d’un remplissage tous les 10 000 kms devenait hors de portée et les équipes commerciales refusaient de vendre sur le marché américain un SUV qui nécessitait un remplissage de 16 litres d’additif tous les 2 000 km. En moyenne un automobiliste américain parcourt 35 000 kilomètres par an et dans le cas présent aurait été amené à faire un plein d’Adblue presque toutes les trois semaines. Les ingénieurs auraient donc proposé la solution du logiciel fraudeur. Cette dernière fut approuvée sans toutefois faire l’unanimité.

Selon Der Spiegel, deux camps se seraient affrontés, d’un côté le service commercial et le service des achats et de l’autre les techniciens et les ingénieurs. Lors de sa prise de poste en juillet 2011, Ulrich Weiß hérita du problème et aurait alors multiplié les réunions afin de discuter de l’opportunité de révéler aux autorités le problème des émissions de NOx plutôt que de continuer à utiliser le logiciel fraudeur. Les débats passionnés entre les deux factions auraient été menés aux plus hauts niveaux et selon l’avocat de Weiß, certaines des équipes qui ont pris part aux discussions étaient en contact direct avec Rupert Stadler.

Rupert Stadler s’appuie sur les conclusions de l’enquête interne pour rappeler son innocence. Comment pouvait-il ne pas savoir ? D’un côté, il est difficile de croire qu’un PDG au pouvoir depuis dix ans n’ait jamais eu vent de la mise en place du logiciel de contrôle des émissions sur les moteurs V6 3 litres TDI. De l’autre, si Rupert Stadler n’a jamais vraiment eu connaissance de la mise en place de ce dispositif de tricherie, est-il vraiment apte à gérer une entreprise de la taille d’Audi ?

Les bruits de couloirs à Wolfsburg prétendent que Rupert Stadler doit son maintien à la tête d’Audi grâce à la protection de Ferdinand Piëch. Vrai ou faux ? Le premier était le secrétaire général du conseil de surveillance du groupe Volkswagen lorsque Piëch en était le PDG. Stadler aurait protégé Piëch des scandales qui aurait assuré en retour des promotions rapides au sein du géant allemand. Ainsi lorsque Stadler fut nommé à la tête d’Audi, c’était la première fois qu’un non-ingénieur prenait la tête du constructeur premium.

Peut-être que Piëch aurait dû stopper la progression de son protégé. Un technicien aurait peut-être évité un futur Dieselgate.

Source : Der Spiegel, Xing

Source photo : Audi

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L’air devient de plus en plus irrespirable pour Rupert Stadler, le PDG d’Audi, dans le cadre du Dieselgate. Dans sa dernière édition, le magazine allemand, Der Spiegel, suggère qu'il aurait eu connaissance de la fraude depuis au moins 2012.

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