Ch. Lavieille pilote officiel Renault Duster Dakar Team se prépare pour la grande épopée
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par Alain Monnot

Ch. Lavieille pilote officiel Renault Duster Dakar Team se prépare pour la grande épopée

Nous avons connu Christian Lavieille quand il collectionnait les victoires à moto au sein du Suzuki Endurance Racing Team, avec 3 Bols d’or (1996,1999 et 2001) et 2 titres de champion du monde (1998 et 2001). Nous l’avons ensuite aperçu lors des épreuves de l’Andros, puis retrouvé aux 24 heures du Mans auto sur Porsche avec son compère Luc Alphand, en 2002 et 2003. En 2006, il manageait avec bonheur le team National Motos aux 24 heures du Mans, qui remportait avec sa Honda un succès quasiment inattendu. Puis les choses furent plus compliquées pour le suivre, car ce garçon, grand sportif devant l’éternel, avait soif des grands espaces et s’était lancé avec bonheur dans le rallye-raid.

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Nous avions pourtant eu l’occasion de le rencontrer alors qu’il préparait un Dakar avec le team Dessoude et, avions été étonnés par son aisance à dialoguer avec l’ingénieur châssis pour faire évoluer son auto.

Sur les pistes, sa vista, son coup de volant, son endurance physique et en un mot son talent, le firent remarquer comme un des tout meilleurs pilotes « indépendants ».

Lorsque nous apprîmes son engagement par Renault Argentine pour piloter une Dacia Duster en janvier prochain sur le Dakar 2016, nous avons souhaité pouvoir connaitre sa réaction.

Hormis la grande satisfaction de se voir retenu officiellement, avec beaucoup de pragmatisme, Christian Lavieille nous proposa de répondre à nos questions seulement à son retour d’Argentine, où il partait effectuer des essais.

Après cette campagne de tests voici le fruit de cette interview.

le blog auto : Christian, combien as-tu réalisé de jours d’essais, dans quelle région ?

Christian Lavieille : "Nous avons fait deux jours d’essais dans les dunes de Nihuil, du côté de San Raphael, Province de Mendoza, en Argentine".

Ton engagement est porté par Renault Sport ou Renault Argentine ?

"L’engagement a été réalisé par Renault Argentine, qui a un support technique avec Renault Sport. La structure française a suivi le choix de la voiture, les options techniques et le développement qui a été fait autour. Après, pour ma part je dispose cette année du support de Renault Sport en termes de communication".

La Dacia Duster a donc été intégralement préparée en Argentine avec l’aide de Renault Sport, alors comment pourrais-tu présenter l’auto en termes techniques ?

"Si tu veux, ils ont commencé en 2012-2013 directement là-bas en Argentine avec le Duster, qui constitue une grosse part de marché en Amérique du Sud. Ils se sont rendus compte que leur auto n’était pas très performante, alors ils se sont rapprochés fin 2013 de Renault Sport pour savoir quels choix techniques faire. Ils ont arrêté un type de châssis et un moteur pour le Dakar 2014 et ont poursuivi l’évolution en 2015. A partir de ces développements complémentaires, ils ont opté pour un moteur du groupe Nissan, un V8 5 litres de l’Infiniti, développant environ 360 chevaux avec la bride. C’est ce véhicule que pilotait en 2015 Emiliano Spataro, celui avec qui je serai équipier cette année et à qui appartient le team".

Quelles sont tes impressions premières au volant de ta future monture ?

"Elles sont bonnes. Après, c’est une voiture de construction assez basique avec pont rigide à l’arrière. On n’est pas dans les toutes dernières évolutions avec 4 roues indépendantes, comme les dernières Toyota ou les Mini. C’est une voiture fiable au comportement sain, disposant d’un très bon train avant. Même si je n’ai pas en deux jours pu rouler sur tous les types de terrain que nous pouvons rencontrer au Dakar, l’auto m’a cependant procuré de bonnes sensations".

Vers quelle évolution as-tu souhaité voir s’orienter le travail et l’équipe aura-t-elle le temps d’apporter des modifications ?

"J’ai attiré l’attention sur la question de stabilité à haute vitesse et orienté les ajustements pour avoir une voiture stable et sûre. Je suis persuadé que les réponses seront apportées à mes demandes".

As-tu suggéré des pistes de développement ?

"Oui, tout à fait. Le gros chantier à propos duquel nous leur avons laissé deux pages et demi de notes, concerne l’accessibilité en cas de problème en course. Au départ, ce ne sont que des petits trucs, dont on se dit, on n’en a pas besoin mais en cas d’arrêt, s’il te faut accéder aux plaques, ou compléter du liquide de refroidissement ou de direction assistée et que tu perds beaucoup de temps à tout rassembler avant d’intervenir, tu te mordras les doigts de ne pas avoir anticipé cette situation. Je te prends un exemple. Les pelles étaient positionnées dans les portières arrière, or celles-ci étaient fermées par des Zus nécessitant un tournevis pour l’ouverture. Nous avons souhaité les repositionner derrière les roues de secours pour y accéder rapidement, juste avec une goupille à enlever.

Nous avons suggéré avec Jean-Michel Polato mon coéquipier, une foule de choses qu’ils n’avaient pas forcément envisagées par leur manque d’expérience en rallye-raid. Avec les plaques qu’ils avaient prévues, en cas de plantage on risquait d’y rester deux heures, avec celles que nous avons préconisées, on pourra s’en sortir en un quart d’heure. En fait, on a établi une grande liste pleine de petits détails mais qui pourront nous rapporter beaucoup en cas de problème".

Peux-tu nous parler de la structure d’assistance dont tu disposeras ?

"Le team comprendra 25 personnes pour les deux voitures. Nous aurons deux ingénieurs, un électricien, trois mécaniciens par voiture, un team manager, une équipe pour la logistique, une équipe pour la communication via Renault Argentine, 2 camions T5, un camion T4 dans la course, plus quelques fourgons, un motor-home….

Oui, nous aurons une belle structure. C’est une équipe jeune mais motivée et très déterminée. Comme tous les argentins à la culture automobile importante, nous avons affaire à des gens très passionnés. Il y aura une très grande opération de communication car Renault Argentine vient de lancer une série limitée Duster-Dakar, après avoir payé à Amaury Sport Organisation la licence pour exploiter la marque déposée Dakar".

Tu retrouves Jean-Michel Polato comme coéquipier, alors quels sont vos espoirs au classement, mieux qu’une sixième place déjà obtenue en 2015 sur Toyota avec Pascal Maimon ?

"Tu sais le plateau réunit de plus en plus de voitures performantes, énormément de Mini, huit Toyota dernière génération, les DKR Peugeot…. Tu as ainsi 20 à 25 voitures qui sur le papier seront plus rapides en termes de performance. Après il faut prendre en compte les questions d’équipage, de régularité, d’équipe technique et de faits de course. Alors voilà, notre objectif, comme celui de Renault c’est de faire entre cinq et dix. Nous allons tenter de faire une course régulière. Tu ne peux pas établir un schéma de course pour un Dakar. Quand tu rentres dans le sable, si tu passes quatre mètres à gauche au lieu de choisir la droite, tu peux mettre le nez de l’auto dans une cuvette et y passer beaucoup de temps ! Il faudra donc être vigilants et faire une course sûre et solide".

Comment vois-tu la course au sommet cette année Peugeot ou Mini ?

"De toute façon ça va partir très vite. Ce qu’il nous faut, c’est d’être dans le bon wagon, entre cinq et quinze, c’est l’idéal. Ainsi tu ne perds pas de temps dans la poussière, tu as un bon rythme avec ceux qui sont devant et juste derrière toi. Si tu es vers la trentième place par contre, tu te retrouves avec des voitures à doubler, tu prends des risques bêtement dans la poussière pour arriver à te rapprocher. Donc, devant ça va forcément cravacher, tout le monde voulant prendre une bonne place dès le début.

On va monter jusqu’en Bolivie et le parcours sera très roulant et typé WRC, nous ne disposerons pas de grands espaces nous permettant de faire notre chemin en hors- piste. Sur la boucle retour ce sera peut-être un peu plus facile pour nous. Quoiqu’il en soit il y a une brochette de bons pilotes, venus de partout et qui roulent toute l’année donc ça va rouler vite. Pour nous il faudra aussi rouler vite, tout en gardant une petite marge de sécurité. Sur tout le début, ça peut être à l’avantage des Mini avec Nasser Al Attiyah, Nani Roma ou encore Orlando Terranova sans oublier un Giniel de Villiers sur Toyota. Il faut se souvenir que Carlos Sainz, en 2014 avec le buggy SMG, était rapide même dans le sinueux et les Peugeot (toujours en deux roues motrices), qui cette année ont fait un gros « step moteur » et opéré un important bond en avant au niveau châssis, auront des arguments à faire valoir, aussi".

La saison comprendra-t-elle d’autres épreuves avec Dacia à votre programme ?

"Pour l’instant je ne sais pas. Il va falloir en discuter. De mon côté j’ai peut-être aussi un programme avec les chinois (Haval). En fait, tout va un peu dépendre des retombées du Dakar à venir".

En attendant, Christian Lavieille peaufine sa préparation physique en prévision d’une course sans concession sur des terrains exigeants et rudes. Entre le 3 et le 16 janvier la bagarre fera rage et comme souvent pour figurer dans les dix premiers à l’arrivée, il faudra d’abord une voiture robuste et fiable mais aussi un équipage avisé, rusé et débrouillard.

Sincèrement, nous pensons que le Duster N° 308 va tirer son épingle du jeu, même avec la concurrence très huppée que nous connaissons. Effectivement, Christian avec Jean-Michel Polato allient suffisamment d’expérience, de sagesse et de détermination pour réussir un très bon Dakar.

Alain Monnot

Crédit Photos : Team Renault Duster Dakar et Michel Picard

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Nous avons connu Christian Lavieille quand il collectionnait les victoires à moto au sein du Suzuki Endurance Racing Team, avec 3 Bols d’or (1996,1999 et 2001) et 2 titres de champion du monde (1998 et 2001). Nous l’avons ensuite aperçu lors des épreuves de l’Andros, puis retrouvé aux 24 heures du Mans auto sur Porsche avec son compère Luc Alphand, en 2002 et 2003. En 2006, il manageait avec bonheur le team National Motos aux 24 heures du Mans, qui remportait avec sa Honda un succès quasiment inattendu. Puis les choses furent plus compliquées pour le suivre, car ce garçon, grand sportif devant l’éternel, avait soif des grands espaces et s’était lancé avec bonheur dans le rallye-raid.

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