Le “Peak Car” est-il en vue ?
par Pierre-Laurent Ribault

Le “Peak Car” est-il en vue ?

On connaît les prédictions relatives au Peak Oil, ce point haut de la production d’hydrocarbures à partir duquel la production ne pourra que diminuer. Les analystes de l’industrie automobile ont leur propre notion équivalente, le Peak Car, et l’institut IHS automotive vient de prédire un chiffre pour ce sommet théoriquement indépassable de la production automobile mondiale.

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Selon IHS automotive, ce chiffre est à 100 millions de voitures vendues annuellement, et on va y arriver très bientôt. La production totale en 2013 a atteint 82 millions, et les constructeurs prévoient de monter jusqu’à 120 millions en 2016. Seulement voilà, une autre tendance lourde vient entrer en collision avec ces espoirs. Une des évolutions majeures de la démographie mondiale est le regroupement des populations dans des villes de plus en plus grandes et de plus en plus denses. La part de la population mondiale citadine est en augmentation constante et elle atteindra 60% en 2035, avec les problèmes que cela entraîne automatiquement pour le transport : pollution et encombrements permanents.

C’est, malheureusement pour les constructeurs, d’autant plus vrai sur les marchés qui sont le grand espoir de l’industrie automobile, l'Amérique du Sud et surtout la Chine et l’Inde qui concentrent la moitié des villes de plus de 10 millions d'habitants dans le monde.  On le voit cette semaine encore, la pollution dans les grandes villes chinoises s’approche rapidement de l’insupportable, voire du dangereux, et les autorités commencent sous la pression des habitants à s’attaquer à la question de façon de plus en plus drastique: limitation des immatriculations, durcissement des normes d’émissions, toutes choses qui mettent un frein sérieux à la progression de la pénétration de la voiture individuelle. Les célèbres embouteillages dans les grandes villes indiennes sont également devenus un problème suffisamment critique pour que la classe moyenne émergente, a priori le réservoir des primo-accédants à l’automobile, commence à considérer que le déplacement en voiture individuelle est plus une nuisance qu’un avantage.

Si l’on considère par ailleurs que les marchés traditionnels que sont les pays développés sont proches, ou arrivés à saturation, l’hypothèse du Peak Car n’est plus absurde. Cela a des conséquences importantes pour l’industrie. Le gâteau ne grossissant plus, la lutte pour augmenter sa part deviendra de plus en plus serrée, avec des victimes inévitables, et les gagnants seront ceux qui sauront anticiper les premiers les évolutions des besoins. Selon PwC toujours, cité par Bloomberg dans le passionnant article en référence de ce post, la question cruciale que doivent se poser dorénavant les constructeurs dans ce contexte est “doit-on vendre des voitures, ou doit-on vendre de la mobilité ?”.

Au-delà des problèmes évoqués ci-dessus, le changement d’attitude envers l’automobile individuelle dans les sociétés modernes (l’”autophobie” si souvent déplorée par les lecteurs de ce site) est symptomatique de ce dilemme. La mobilité est importante et recherchée, mais la voiture individuelle est-elle toujours le meilleur moyen d’y parvenir ? Les analystes proposent un modèle, basé sur les technologies émergentes de voitures à conduite automatique connectées entre elles, où l’automobile deviendra de plus en plus un bien partagé, disponible à la demande, combinant les avantages de la voiture individuelle et du transport en commun : utilisation personnalisée mais sans les coûts liés à la possession. La technologie de l’automatisation permettra également de consacrer le temps passé en déplacement (dans les encombrements des méga-agglomérations, donc) à des choses plus utiles que la conduite, une demande des jeunes générations parmi lesquelles l’obtention du permis de conduire est de moins en moins une priorité.

Ce n’est pas un hasard de voir la plupart des constructeurs engager des investissements de plus en plus importants consacrés à ces technologies de la conduite autonome. La mutation qui s’engage est profonde, et pourrait être rapide, et personne ne veut prendre le risque de ne pas être prêt quand les choses vont s’accélerer. Le Peak Car qui se profile est-il le marqueur de la fin de l’automobile telle que nous la connaissons ?

Source : Bloomberg

Crédit image : NOMAD sous licence Creative Commons.

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On connaît les prédictions relatives au Peak Oil, ce point haut de la production d’hydrocarbures à partir duquel la production ne pourra que diminuer. Les analystes de l’industrie automobile ont leur propre notion équivalente, le Peak Car, et l’institut IHS automotive vient de prédire un chiffre pour ce sommet théoriquement indépassable de la production automobile mondiale.

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