Projet de fusion Peugeot-Citroën-Opel : marché de dupes ?
par Pierre-Laurent Ribault

Projet de fusion Peugeot-Citroën-Opel : marché de dupes ?

Lorsque les dirigeants de General Motors et ceux de PSA annoncèrent leur rapprochement en février dernier, les cocoricos grandiloquents de la presse hexagonale ne pouvaient masquer une question aussi simple que fondamentale : en quoi le mariage de deux entités rencontrant des difficultés de nature identique telles que PSA et Opel, puisqu’en l’occurrence c’est d’Opel qu’il est question chez GM, pourrait arranger leurs affaires ?

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L’addition des surcapacités de production ne peut pas magiquement résulter dans une soustraction... Personne n’a répondu de façon convaincante à la question depuis, sauf à tourner autour du sujet sensible des “économies d’échelle” en prenant bien soin de ne parler que technique et production. La mise en commun de plateformes ne peut pourtant pas tout résoudre. L’article de la Tribune publié vendredi dernier et dont le contenu a été confirmé par Reuters et Automotive News depuis renforce pourtant l’hypothèse d'un mariage nettement plus poussé, il est même question de fusion. 

La Tribune affirme en effet qu'une coentreprise détenue à parité par PSA et GM pourrait être créée (Automotive News parle de 30% maxi pour GM), regroupant les activités automobiles de PSA et Opel. La différence de taille entre les marques francaises et Opel serait compensée par une injection de cash de la part des Américains, jusqu'à hauteur de 10 milliards de dollars dit Automotive News. Quel serait l’intérêt d’un tel montage ? On a vu avec les réactions inquiètes autour des premiers ballons d’essai lancés sur le partage de plateforme et la mise en commun de modèles entre les deux entités que les choses sont loin d’être évidentes, et même si on peut mettre au point un tel dispositif cela pourra prendre du temps. En attendant, le nouveau groupe se retrouverait avec non plus deux mais trois gammes à peu près équivalentes et concurrentes sur les mêmes marchés. Et on voit mal l'intérêt de GM de se lancer à corps perdu dans la réussite de cette entité, alors que le géant américain fait de gros efforts pour imposer Chevrolet en Europe comme dans le reste du monde avec là encore une offre largement concurrente.

Et si la motivation était ailleurs ? On sait que General Motors est engagé depuis de nombreux mois dans un bras de fer avec IG Metall et le gouvernement allemand qui ne veulent en aucun cas de restructuration drastique d’Opel, craignant à juste titre de devoir gérer la casse sociale qui en résultera, un scénario dont PSA connaît la version française depuis l'annonce de la fermeture d'Aulnay. Dans cette optique, une joint-venture aurait pour avantage de diluer le problème, et à terme s’en débarrasser, dans une alliance industrielle transnationale confrontée aux mêmes difficultés mais qui serait désormais au centre d'un jeu de patate chaude entre les Allemands, les Français (voire un peu les Anglais à cause de Vauxhall) tandis que GM s'en laverait les mains.

On peine à voir quel serait le gain de PSA dans un tel montage en dehors d'un gros paquet de cash, et La Tribune indique d’ailleurs que la famille Peugeot serait divisée sur l'idée. Il est également clair que les gouvernements francais et allemand ne pourraient voir se préparer une fusion d’une telle importance se faire sans vouloir y regarder de plus près. En attendant les intéressés on démenti mollement ce week-end, renvoyant aux conclusions et propositions qui seront dévoilées en fin de mois.

Source : La Tribune, Reuters, Automotive News

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Lorsque les dirigeants de General Motors et ceux de PSA annoncèrent leur rapprochement en février dernier, les cocoricos grandiloquents de la presse hexagonale ne pouvaient masquer une question aussi simple que fondamentale : en quoi le mariage de deux entités rencontrant des difficultés de nature identique telles que PSA et Opel, puisqu’en l’occurrence c’est d’Opel qu’il est question chez GM, pourrait arranger leurs affaires ?

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