Galop d'essai exclusif : Toyota 86
par Pierre-Laurent Ribault

Galop d'essai exclusif : Toyota 86

Trois jours avant le début du Tokyo Motor Show, C'est sur le Fuji Speedway que Toyota a choisi de dévoiler au monde la voiture qui a bien des égards représente une renaissance, tout au moins un net changement de philosophie pour le constructeur, la Toyota 86 (prononcer Hachiroku) comme elle s'appelle au Japon ou GT86 comme on la connaîtra en Europe. A cette occasion le blog auto a eu la chance de faire partie des quelques happy few autorisés à passer quelques minutes intenses à son volant. Premières impressions à chaud.

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C'est dans le cadre du Toyota Gazoo Racing Festival, grand-messe annuelle de Toyota sur son circuit de Fuji à l'occasion de laquelle le constructeur célèbre son passé et son présent sportif, qu'a eu lieu la première apparition. Les LFA et autres voitures de l'escadre Gazoo des 24 heures du Nürburgring sont arrivées pour se positionner en haie d'honneur en face de la grande tribune, et la 86, puisque c'est finalement ce chiffre si évocateur pour la marque qui a été choisi en guise de nom, est arrivée en majesté, conduite par un Akio Toyoda dans son costume favori, sa combinaison de pilote.

Le président de Toyota, gonflé à bloc, s’est adressé à la tribune au micro pour lui offrir l'auto qui matérialise sa philosophie et coïncide avec le nouveau slogan corporate de la marque au Japon, "Fun to Drive, again". En prononçant les mots “Faites vous plaisir”, Akio Toyoda, visiblement très fier,  pouvait savourer son jour de gloire, la matérialisation de l’oeuvre entreprise depuis son arrivée difficile à la tête d’un constructeur profondément ébranlé sur ses bases et en plein doute suite à ses problèmes aux Etats-Unis après une période d’expansion mal contrôlée. Dans sa procédure de développement comme dans ses objectifs, la 86 symbolise une rupture qui va puiser dans les racines populaires de Toyota, une époque où la voiture représentait, au lieu de la nuisance qu'elle est devenue pour les jeunes générations, un instrument de liberté et de plaisir. Akio Toyoda fait le pari que le géant de Nagoya peut retrouver cette identité perdue et la 86, dont le nom fait explicitement référence a l’AE86 si appréciée au Japon, est le premier volet de cette stratégie.

On connaît à peu près tout de la 86 grâce aux multiples fuites de ces dernières semaines. Vue en direct, elle apparaît compacte (4,240m de longueur pour 1,775m de largeur) et basse (1,3m), bien proportionnée, avec un profil typique de coupé dans lequel transparaît discrètement un rappel de la Toyota 2000 GT, dont un exemplaire était présent durant tout le développement dans le studio de design. La découpe de la vitre de custode est une citation directe de l'élégant coupé sixties.

Point important, malgré sa compacité la 86 est une quatre places avec banquette rabattable, dans un but de practicité, typiquement pour pouvoir emporter roues, pièces, casque, combinaison... lors d'une sortie circuit, un exemple cité à dessein par le constructeur. La ligne de toit cache plutôt bien cet espace, mais la voiture apparaît un peu massive sous certains angles en vue arrière.

Le style est clairement sportif mais plutôt sage comparé à certains des concepts annonciateurs. Toyota n’a pas voulu en rajouter dans le viril, afin de ne pas faire fuir une clientèle féminine que le constructeur compte bien attirer également. Le style de la 86 apparaît en tout cas naturel au bout de quelques heures, ce qui est bon signe.

La voiture dispose de son propre logo, accolé sur les ailes avant, et qui est destiné à devenir célèbre.

Après la présentation statique, nous avons eu droit à un essai dynamique, puisque c'est le point, insiste Toyota, sur lequel est fondé tout le concept de cette voiture. Trois tours du petit circuit du Fuji au volant: c’est peu mais, comme la première gorgée de vin, cela permet de déterminer le goût de la voiture.

Si l’extérieur n’en rajoute pas dans les effets faciles, l'intérieur lui ne se retient pas. Noir et rouge ne laissent aucun doute sur le caractère que veut se donner la 86. “Vive le sport!”, comme on disait a la Régie. Pas de matériaux particulièrement nobles ou de manifeste esthétique, dans la 86 on est là pour le plaisir de conduire, pas pour le grand tourisme raffiné. Le baquet, très enveloppant pour un siège de série, est posé par terre. Littéralement. L’auguste postérieur des occupants est très près du sol afin de permettre à la voiture un centre de gravite très bas, 475mm, qui la place au niveau de sportives nettement plus huppées. L’implantation du moteur suit la même règle, ce qui empêche une transmission intégrale.

Ce choix, tout comme celui du rejet du turbo au profit du ressenti direct de l'accélérateur permis par l'atmosphérique, a été initialement difficile a contempler chez Subaru, les partenaires de Toyota pour la conception et le développement, mais s’est imposé comme étant la seule voie possible pour que la 86 puisse réussir sa mission. En tout état de cause, ces sièges bas n'empêchent pas la position de conduite d'être quasi-parfaite. Le tableau de bord, où le grand compte-tours en position centrale capte le regard immédiatement, est sobre et efficace. Le levier de la boîte manuelle à six rapports (une boîte automatique six rapports dérivée de celle de la Lexus IS F est également disponible) tombe idéalement sous la main et la commande soyeuse et précise, en tout cas sur cet exemplaire de pré-production, est excellente. Le volant, le plus petit de la gamme Toyota, aurait sans doute mérité d'être encore plus petit pour l’arsouille sur circuit, mais il faut penser aussi à la circulation quotidienne.

Le quatre cylindres 2 litres à injection directe, développé exclusivement pour ce projet et célébré par la marque comme le fruit d’une collaboration sans nuage entre les motoristes de Subaru et ceux de Toyota, revendique 200 chevaux à 7000 tr/mn et 205 Nm de couple à 6600 tr/mn. Il s’exprime avec les borborgymes familiers des boxers subaristes. Sur la version de série, il est relativement discret, ce qui ne manquera pas de donner lieu a un florissant marché de l'échappement moins feutré. La Toyota 86 est d’ailleurs conçue explicitement pour être préparée, modifiée, personnalisée. C’est une des caractéristiques majeures mises en avant par le constructeur, accueillie comme une bénédiction par l'industrie du tuning japonais qui se meure entre voitures rétives a la préparation et hybrides peu propices à l’inspiration.

Le Fuji Short Circuit, qui mérite la note Mickey Mouse avec mention, ne permet pas vraiment l’allonge (trois secondes de quatrième dans la courte ligne droite avant de replonger sur les freins). On réservera donc un jugement définitif sur l'étagement de la boîte, mais sur ce petit tracé les relances sont joyeuses.

On s’amuse immédiatement, la voiture au comportement prévisible et progressif signalant aimablement ses limites qu’on peut tutoyer sans se faire peur. Gentiment survireuse, son arrière part à la commande et revient en ligne sagement quand on lui suggère.

La direction est précise et pleine de feedback, quelque chose que l’on n’a pas écrit depuis bien longtemps pour une Toyota. Le freinage est sans reproche, en tout cas pour les quelques tours effectués, aidé par le poids contenu de la voiture à 1210 kg. Notons que les autos d’essai, accueillant journaliste mal élevé après journaliste mal élevé, ont tenu le choc sans broncher pendant trois heures. C’est une première indication, même si il faudra vérifier les choses en utilisation plus continue.

Les cinq ans de développement et les innombrables kilomètres de tests aux mains des impitoyables essayeurs de l’escouade Top Gun de Toyota, la présence régulière et attentive du big boss, y compris au volant ont occasionné quelques nuits blanches à son chef ingénieur Testuya Tada (dont nous publierons bientôt une interview) mais le résultat est bien là. La 86 est tout ce que Akio Toyoda promettait avec le lancement il y a cinq ans de son groupe de travail pour “le développement de voitures intéressantes”.

Dotée d’une vraie personnalité, au tempérament joueur mais abordable pour le plus grand nombre, prête a être personnalisée au goût de son propriétaire, elle a la carrure pour porter le drapeau du renouveau Toyota, peut-être même pour relancer le marché du coupé populaire vraiment sportif .

Reste un détail d’importance, le tarif, non communiqué à ce stade. La Toyota 86 n’a de sens que si elle reste abordable, ce que sous-entend le chef ingénieur en lâchant en semi-confidence, sous le souci froncé de l’homme des relations publiques qui veille aux fuites, que la voiture devrait être à la portée des jeunes diplômés entrant dans la vie active. Si le constructeur n’est pas trop gourmand, il pourra batailler, avec de solides arguments, à la fois contre sa rivale la plus évidente la Mazda MX-5 qui vient de prendre un coup de vieux, et contre les coupés traction européens contre lesquels son architecture de propulsion est un atout maître. Réponse très bientôt. On reverra la Toyota 86, comme sa jumelle la Subaru BRZ, après-demain au Tokyo Motor Show, sous les projecteurs cette fois.

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Trois jours avant le début du Tokyo Motor Show, C'est sur le Fuji Speedway que Toyota a choisi de dévoiler au monde la voiture qui a bien des égards représente une renaissance, tout au moins un net changement de philosophie pour le constructeur, la Toyota 86 (prononcer Hachiroku) comme elle s'appelle au Japon ou GT86 comme on la connaîtra en Europe. A cette occasion le blog auto a eu la chance de faire partie des quelques happy few autorisés à passer quelques minutes intenses à son volant. Premières impressions à chaud.

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