par Joest Jonathan Ouaknine

La fin des dinosaures de l'automobile Chinoise

Le marché Chinois devient mature. Jusqu'ici, il était porté par de vieux modèles techniquement dépassés, mais qui disposaient d'un matelas confortable de clients fidèles. En quelques mois, ces véhicules ont été poussés discrètement vers la sortie.

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C'en est fini des vieilleries issues des années 80. Elles étaient liftées et reliftées, au delà du raisonnable, telles de vieilles actrices sur le retour. Sur les forums occidentaux, elles étaient volontiers brocardées. On les croyait même immortelles.

Mais les gouts des automobilistes Chinois ont évolué. Autrefois, ils se contentaient de 4 roues et d'un moteur. Aujourd'hui, ils exigent un look, du confort, des équipements, de la sécurité et depuis peu, des véhicules peu polluants.

ChangAn-Suzuki Alto

Lorsqu'en 1991, ChangAn décroche l'autorisation de produire la Suzuki Alto, la citadine Japonaise avait déjà de nombreux printemps. En Inde, avec le sigle Maruti, elle fut un best-seller. En Chine, en revanche, la voiture est avant tout un objet statutaire, d'abord acheté par les urbains. L'Alto, trop austère, n'a pas convaincu. A l'exception des tuners (cf. ici et ici.)

Première voiture produit par ChangAn, l'Alto permit au constructeur de se faire la main. Puis de passer à des véhicules plus modernes, comme la Swift, de convaincre Ford de s'associer avec lui et de produire ses propres véhicules. Signe des temps, l'Alto va céder sa place à la toute nouvelle Alto.

DongFeng-Citroën Fukang

La cousine Chinoise de la ZX n'a connu qu'une gloire très brève. Pas facile d'imposer le hayon dans un pays qui ne connait que les 4 portes. Et DongFeng, alors novice dans l'automobile, mis du temps pour construire des véhicules avec un niveau de qualité admissible par PSA.

A la fin des années 90, la Fukang s'imposa... Mais peu après, la Chine fut envahie par les constructeurs Américains, Coréens et Japonais. Les ventes de DongFeng-Citroën plafonnèrent et le constructeur se fit doubler par les autres, jusqu'à ce qu'il soit éjecté du top 10.

Le constructeur tenta de relancer la Fukang début 2008 avec un lifting. Sans succès. La production fut arrêtée à l'été.

FAW-VW Jetta

Là encore, elle arriva en Chine alors que sa carrière était presque terminée. En Europe, la Jetta vécu dans l'ombre de la Golf 2. Par contre, dans le Pays du Milieu, elle squatta la tête des ventes.

Le problème, pour FAW-VW, ce n'est pas une défection des acheteurs, mais la marge réalisée par le constructeur. Elle est jugée insuffisante, alors en 2009, la Jetta cèdera sa place la New Bora.

Hong Qi CA7200

En 1988, Volkswagen s'associait avec Hong Qi, fournisseur de limousines pour les hommes politiques Chinois. L'Audi 100 allait remplacer progressivement les limousines d'inspiration americano-soviétiques produites depuis les années 60. Les hommes politiques Chinois y gagnèrent largement.

Au milieu des années 90, Volkswagen voulu abandonner l'Audi 100 et Hong Qi la reprit à son propre compte. Hong Qi a décliné l'ex-Audi 100 à toutes les sauces. Il y eu alors des cabriolets 4 portes, des limousines et même des pick-up double-cabine!

Mais avec l'ouverture du pays, les importations de voitures de luxe ont débuté. Les dirigeants Chinois en ont profité pour s'offrir des BMW série 7 ou des Classe S. Même chose pour les quidam, pas vraiment tentés par le "premium Chinois".

Nanjing Soyat

Le "recyclage" d'outillage de modèles déjà anciens est un sport national en Chine (la preuve, aujourd'hui encore...) A la fin des années 90, Nanjing mit ainsi la main sur l'outillage de la première Seat Ibiza. Il l'a rebaptisé Soyat.

A l'époque, l'offre était largement déficitaire par rapport à la demande. En parallèle, il avait deux joint-venture avec Fiat (une avec Iveco, une avec Fiat Auto.) Nanjing y a cru. Il s'est offert MG, alors qu'il n'avait pas les moyens techniques et financiers pour faire renaitre la marque. D'où une indigestion et le rachat de Nanjing par SAIC. Ce dernier a promi que l'Ibiza/Soyat continuerai, alors qu'elle n'y avait plus d'intérêt. Comme toute promesse de SAIC, elle fit long feu.

SAIC-Volkswagen Santana

Une scène typique de Shanghai: une Santana garée sur le trottoir, un taxi Santana et au fond, une troisième Santana. Et pourtant, ce n'est pas une pub Volkswagen!

En 1982, Volkswagen passa un accord avec Shanghai Automobile (l'actuelle SAIC.) La Santana devait remplacer la "Shanghai", distribuée aux fonctionnaires. Mission largement accomplie. La Santana fut également prisée par les taxis. Grâce à elle, Volkswagen a pu s'imposer face à Jeep et PSA comme le champion de l'automobile.

A l'instar de la Jetta de FAW-VW, SAIC-VW se plaint que la Santana n'est pas assez rentable. En plus, Pékin l'a mise sur la liste noire officieuse des voitures polluantes. La Santana a déjà une remplaçante: la Lavida. En 2009, après 27 ans de carrière en Chine, la Santana tirera sa révérence.

Xiali

C'est la dernière disparition annoncée. A la fin des années 80 que Huali passa un accord avec Daihatsu pour produire la Charade sous licence.

La Huali (devenue plus tard Xiali) a conquis une large population en quête d'un véhicule bon marché et d'une taille plus raisonnable qu'une Alto. Elle s'est solidement installé dans le Top 10 des meilleures ventes.

L'état Chinois a fini par faire absorber Xiali par FAW. Dés 2000, on a commencé à songer à une remplaçante. La gamme s'est élargie avec des Toyota "dégriffées". Mais la Xiali s'accroche.

En vue des Jeux Olympiques, la Chine veut se donner une image de "pays propre". Exit les voitures les plus polluantes. La Xiali figure sur la liste noire. Or, elle est très populaires auprès des chauffeurs de taxi. Pékin sait jusqu'où ne pas aller trop loin. Les chauffeurs de taxi sont bien organisés et ils n'hésitent pas à prendre à parti les forces de l'ordre. En plus, ils sont situés dans toutes les villes, y compris les plus fréquentées par les étrangers. Une manifestation violente devant les caméras du monde entier ferait mauvais genre.

Finalement, la Xiali s'est autodétruite. En 2008, le marché des citadines explose: Byd F0, ChangAn Ben Ben, Chery QQ, DongFeng-Citroën C1, Geely Panda, Lifan 120... La Xiali, malgré son ultime lifting en 2008, n'est plus de taille à lutter. En quelques mois, les ventes se sont écroulées.

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Le marché Chinois devient mature. Jusqu'ici, il était porté par de vieux modèles techniquement dépassés, mais qui disposaient d'un matelas confortable de clients fidèles. En quelques mois, ces véhicules ont été poussés discrètement vers la sortie.

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