WRC 2017 : Tour de Corse, une épreuve toujours sublime
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WRC 2017 : Tour de Corse, une épreuve toujours sublime
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par Alain Monnot

WRC 2017 : Tour de Corse, une épreuve toujours sublime

Tous les pilotes qui ont participé au Tour de Corse, quelle que soit l’époque, chérissent cette épreuve. Rien d’étonnant donc à ce que nous retrouvions lors la course, le week-end dernier, nos gloires françaises à des fonctions diverses.

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Bernard Darniche et Jean Ragnotti apportent leur concours au rallye historique des 10 000 virages. Bernard Occelli et Daniel Elena, champions du monde des co-pilotes, s’activent dans une société événementielle.

Michèle Mouton nous explique qu’elle a délaissé la promotion du championnat du monde rallyes pour s’occuper à la FIA (Fédération internationale de l’automobile) de la sécurité du WEC. Cette fonction lui plait beaucoup et l’on a pu se rendre compte, au cours  de nos deux jours de présence sur le rallye, combien les choses en la matière étaient effectivement parfaitement sous contrôle.

Nous entrevoyons même, au volant de la voiture ouvreuse N°0, le toujours jeune Bruno Saby, qui lui aussi porte le Tour de Corse dans son cœur.

Conviés par le Toyota Gazoo Racing à suivre les deux premières étapes en nous rendant en hélicoptère, plus particulièrement sur les épreuves spéciales N° 3 (Aqua Doria-Albitreccia), N°4 (Plage de Liamone-Sarrola), N°6 Novella –Petrabala) et N° 7La Porta-Valledi Rostino) et au parc d’assistance de Bastia le vendredi soir, nous avons pu parler avec Tommi Mäkinen ( 4 fois champion du monde) le patron de la structure rallye et Jarmo Lehtinen directeur sportif du team Toyota.On notera que ce sont deux finlandais qui gèrent l’ambitieux programme rallye du constructeur japonais. 

Immersion à l’assistance du Toyota Gazoo Racing

Avant de revenir sur le déroulé de la course et nos impressions par rapport aux différents protagonistes, nous passons un moment au parc d’assistance, où la voiture N° 11 de Juho Hänninen s’est rendue directement après un abandon précoce dans la première spéciale, dont il disait :

«  Il y avait de l’humidité à la fin de la spéciale, j’ai eu un moment d’hésitation et j’ai tapé… ».

Le règlement "Rallye 2" autorisant une réparation de 4 heures, assortie d’une pénalité de 30 minutes - la voiture pouvant repartir le jour suivant - le challenge pour les mécaniciens Toyota, consistait à reconstruire quasiment la voiture après l’avoir acheminée au parc de Bastia et cela, avant que l’autre auto, la N° 10 de Latvala, ne rentre au parc de fin de journée pour une vérification et ajustements divers, dans un temps limité de 45 minutes.

Quand le directeur sportif nous montre la jante brisée, il nous explique :

"Juho a tapé contre un muret, ce qui a abîmé sa jante et créé du frottement, tout en occasionnant une fuite d'huile des amortisseurs…et un incendie", et l’on imagine bien le choc et ses conséquences.

Les mécaniciens semblent sereins pour régler le parallélisme, remonter les freins, les purger…Ils sont en permanence surveillés par un commissaire technique de la FIA, garantissant le respect du règlement car les équipes ne disposent que d’un nombre limité de pièces de rechange autorisées. La pendule affiche le décompte du temps restant mais chacun exécute la tâche prescrite et contrôlée en permanence par le chef mécano et, surveillée d’un œil vif par Jarmo Lehtinen, pourtant occupé à nous fournir des informations sur la structure et la logistique complexe d’un team écartelé entre tous les coins du globe, au cours de la saison.

Nous apprenons que pour le Tour de Corse, l’équipe compte 90 personnes  (préparateurs physiques compris) et 7 camions de matériel.

Dans une grande remorque spécialement aménagée, une quinzaine d’ingénieurs de toutes les spécialités, dépouillent les données, scrutent les temps et vont attendre l’arrivée de Latvala pour débriefer avec lui. Ils vont chercher à comprendre pourquoi, après quelques soucis de freins, apparemment résolus, il ne parvient pas à avoir un meilleur feeling lui permettant de se hisser tout en haut de la feuille des temps.

La quasi reconstruction de la N° 11 est terminée. Les mécaniciens nettoient les stands, vérifient si l’outillage est bien en place, apportent des ensembles de suspension destinés à la N°10, qui pointe son nez, en toute tranquillité.

Latvala arrive, prend son temps pour descendre de l’auto, ajuste sa casquette et se dirige vers le public pour signer quelques autographes. Un passage vers les micros des journalistes accrédités et le voilà disparu dans la salle des ingés pour débriefer à propos du comportement de l’auto dans la seconde partie de journée, qui le voit terminer à la sixième place à 1’00’’2 d’un C. Meeke (Citroën) apparemment impérial, tenant tête à S. Ogier (Ford) à 10’’3 et T.Neuville (Hyundai)à 25’’8.

Pendant ce temps, Tommi Mäkinen nous explique que la voiture est encore bien jeune. Il précise :

« Je crois que nous devons mettre la voiture au régime  C’est l’un des aspects sur lesquels nous travaillons actuellement pour la rendre plus rapide. Pour l’heure, nous ne pouvons pas transporter beaucoup de lest pour l’optimiser. Nous planchons sur ces détails et nous sommes ravis de savoir qu’il y a des aspects à améliorer. Nous connaissons les domaines où nous pouvons mieux faire. »

Comme pour justifier cette performance quelque peu en retrait par rapport à la concurrence de Citroën, Ford  et de Hyundai, le manager général poursuit :

« Nous n'avons pas fait beaucoup d'essais sur l'asphalte, mais nous avons pas mal progressé depuis ce matin, et nous avons quelques idées pour faire progresser la voiture sur cette surface, notamment sur les amortisseurs, demain. Nous continuons à travailler. Nous n'oublions pas que nous sommes là pour apprendre. »

Ensuite, le boss accueille J.M Latvala à l’hospitalité Toyota réservée aux membres du team et aux invités, alors que de l’autre côté de l’atelier, une fan-zone grouille de supporters ravis de pouvoir suivre les classements, les vidéos et regarder en direct le travail des mécaniciens, qui surveillent la pendule égrenant les minutes restantes, avant de libérer l’auto qui va aller sagement se ranger pour la nuit, dans le parc fermé.

J.M Latvala avale quelques bouchées et mime avec force gestes le comportement de la voiture. Son visage expressif traduit une sorte d’insatisfaction à ne pas avoir pu s’adapter de manière plus efficace à ce tracé et à ces revêtements corses, tellement particuliers.

Qu’importe, les 45 minutes s’écoulent bien vite. Tout le monde va dormir afin de  reprendre au mieux les affaires pour une troisième et dernière étape, constituée d’une très longe spéciale (53,780 kms) et de la Power stage finale, que Latvala remportera avec fougue, terminant à la quatrième place au classement général, devançant d’un dixième de seconde, un C. Breen (Citroën) dépité sans doute mais fair-play qui déclarait :

« Ce matin, nous avons à nouveau rencontré des conditions idéales, avec une météo radieuse et des routes magnifiques. C’est forcément rageant de perdre une position pour un petit dixième de seconde, mais c’est aussi pour ça que nous aimons le rallye ! Je ne regrette rien, car j’ai tout donné dans la Power Stage. Je suis satisfait de ce week-end.»

Des passages impressionnants et instructifs

Bien évidemment, nous avons profité de notre chance de pouvoir observer les principaux concurrents à des endroits spécifiques, où nous pouvions tirer des enseignements des impressions visuelles récoltées sur différentes actions, comme les freinage, les virages serrés ou rapides ou encore les enchaînements.

Le premier jour à l’œil dans les spéciales N°3 et N°4  la Citroën de C. Meeke et  la Ford de S.Ogier nous semblaient les plus efficaces mais la Hyundai N° 5 de T. Neuville faisait forte impression dans sa stabilité au freinage, avec de surcroît, le bruit caractéristique de la post-combustion au lever de pied. La Toyota de Latvala paraissait moins incisive et surtout un peu moins stable en freinage appuyé.

Le lendemain, à l’issue de la spéciale N° 6, après que le moteur de la Citroën de C.Meeke eut rendu l’âme laissant la porte ouverte à un très habile et énergique Thierry Neuville sur sa Hyundai, J.M Latvala indiquait avoir une idée pour améliorer le comportement de son auto pour l’après-midi.

Lors de notre dernier point d’observation dans la spéciale N° 7 de 48,710 km, il était difficile de se faire un jugement précis à l’œil nu, tant Ogier débarrassé de ses soucis hydrauliques menait sa Ford à grand train, tout comme les Hyundai boys (Neuville et Sordo), ou notre ami Latvala. Les passages d’épingle étaient, on vous l’assure, propres et spectaculaires et l’on ne pouvait s’empêcher de penser, combien sur des épreuves aussi longues, le rôle du copilote pouvait être délicat, ingrat et déterminant.

Forcément, nous avons jeté un œil sur les autres concurrents, comme ceux roulant en WRC2. La différence de puissance est flagrante, le pilotage n’est pas moins bon mais on voit bien que le public, nombreux en certains points névralgiques du parcours, ne porte pas le même intérêt aux autos moins rapides, moins tonitruantes aussi.

Les Skoda Fabia R5 de Andreas Mikkelsen (la verte) ou de l’éclectique Stéphane Sarrazin (la bleue), épatent le public par leurs performances étonnantes.

Le bruit très caractéristique de la Porsche GT de Romain Dumas ravit les connaisseurs, qui parient sur un traitement de faveur de la part de l’usine pour leur pilote officiel en proto d’endurance. Nous retrouvons François Delecour que nous avons managé à ses débuts, il trouve que sa Fiat Abarth a beaucoup de potentiel même s’il a connu en première journée bien des petits soucis.

Au bord des routes nous avons rencontré toutes sortes de spectateurs allant de la jeune fille tenant un bouc en laisse, au Président et Directeur Technique du Toyota Gazoo Racing assis dans la prairie, en passant par des jeunes mariés de Carcassonne intrigués par le bruit et totalement envoûtés par la course. Certains vosgiens ont fait spécialement le déplacement et prennent à la bonne les embouteillages monstres créés par un gendarme (trop zélé ?), qui ordonne  un demi-tour aux véhicules descendant d’une spéciale provoquant une pagaille noire. Corses et métropolitains tentent, dans la bonne humeur, de s’extraire du grand bazar. Tous ces passionnés sont ravis d’avoir pu assister aux meilleurs endroits au passage de ces voitures fabuleuses de puissance avec des pilotes étonnants de maestria.

 Un championnat très disputé

Le championnat va encore être long et très disputé. On l’a bien vu avec quatre marques différentes lors des quatre premières épreuves.

Toyota a su, grâce au final époustouflant de Latvala, conserver une seconde place au classement pilotes et reste sur le podium provisoire des constructeurs derrière Ford et Hyundai. La saison est encore longue, les surfaces variées et comme nous l’indiquait avec sagesse le grand Tommi Mäkinen, la voiture est encore jeune, mais très prometteuse.

Alain Monnot

Crédit photographique : Alain Monnot

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Pour résumer

Tous les pilotes qui ont participé au Tour de Corse, quelle que soit l’époque, chérissent cette épreuve. Rien d’étonnant donc à ce que nous retrouvions lors la course, le week-end dernier, nos gloires françaises à des fonctions diverses.

Alain Monnot
Rédacteur
Alain Monnot

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