Les coulisses d’un rallye avec le Team FJ
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Les coulisses d’un rallye avec le Team FJ
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par Alain Monnot

Les coulisses d’un rallye avec le Team FJ

Une invitation à suivre la 69ème édition du Rallye Lyon Charbonnières totalement immergé dans le team FJ ne se refuse pas. D'autant moins d'ailleurs, que cela nous donnait l'occasion de voir évoluer au plus près Vincent Dubert, jeune espoir français. Après une étape WRC, suivez-nous dans les coulisses d'un Rallye France.

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Une invitation à suivre la 69ème édition du Rallye Lyon Charbonnières totalement immergé dans le team FJ ne se refuse pas. D'autant moins d'ailleurs, que cela nous donnait l'occasion de voir évoluer au plus près Vincent Dubert, jeune espoir français. Après une étape WRC, suivez-nous dans les coulisses d'un Rallye France.

Avant toute chose, ce 69 ème Rallye Lyon Charbonnières a été marqué par le décès en course du pilote Anthony Perrin (31 ans). Ce décès tragique nous rappelle cruellement que le sport automobile, passion à la fois pour les acteurs et pour les spectateurs, reste un sport à risque, que ce soit sur route ou sur circuit.

Nous nous associons, évidemment, à la douleur des proches d'Anthony Perrin.

Pour ce « Charbo », Jean et Jérôme Galpin, managers de l'équipe alignaient 4 Skoda R5, 4 roues motrices Evolution 2017, dont certaines n'avaient été livrées qu'une semaine avant l'épreuve.

Une base d'essais préparatoires

On se doute bien, que tous les membres de l'équipe étaient impatients de vérifier, avant le début du rallye, que tout était OK. Pour cela, nous retrouvions, le jeudi  20 avril au matin, une partie l'équipe FJ (forte de 45 personnes) pour des essais sur une base neutralisée avec autorisation préfectorale et commissaires locaux, dans un charmant petit village : La Chapelle-sur-Coise (Rhône).

Les quatre autos, comme à la parade, attendaient leur tour pour que pilotes et ingénieurs aillent ensemble effectuer des allers-retours sur la mini spéciale afin de définir, puis de valider un set-up de départ conforme aux ressentis des pilotes mais aussi à l'efficacité chronométrique.

A partir de ce moment-là, il faut bien le dire, nous n'avons entendu parler que de tarage de ressorts, de dureté de pneumatiques et de réglages hydrauliques.

Pour bien comprendre la manœuvre il convient de savoir que Marco, ingénieur référent « suspension », supervise les 4 Skoda.

Jean-Jacques ingénieur systémiste, décide et coordonne toutes les opérations sur les Skoda N°5 et 14 de Vincent Dubert et Fabrice Bect, tout comme  Vincent pour les N°4 et N°12 de Pierre Roché et Ludovic Gal (N°12).

De la même manière, deux mécaniciens sont affectés par voiture et l'on peut dire que Tof et  Thomas (N°5) ; Jérémy et Romain (N°4), Fabien et Simon (N°12) et Thierry et Alison (N°10) n’ont pas les deux pieds dans le même sabot. Nous n'en sommes pourtant qu'à une mise au point d'avant course.

Logistique et organisation millimétrées

Ensuite, selon un plan logistique particulièrement complexe tous les acteurs vont mettre en place le matériel et/ou repérer pour les deux jours du rallye (parc d'assistance, parc de regroupement, zone départ, zone des vérifications, parcs fermés…). Chacun possède les numéros des téléphones portables de tous les autres et l'on aura l'occasion de vérifier dans les heures suivantes que les monts du lyonnais, superbes au demeurant font souvent écran à la propagation des ondes !

On assiste à une course dans la course ou presque, avec le collage des autocollants et numéros de course avant les vérifications techniques. La conférence de Presse de la FFSA en présence du Président Deschaux voit Vincent Dubert appelé à s'exprimer.

Le dîner de l'équipage Vincent Dubert-Alexandre Coria se passe en famille. Carmen et Frank, les parents d'Alexandre sont là avec deux amis montpelliérains. Jacques Dubert, pilote titré en son temps, échange sur les questions techniques alors que nous en profitons pour questionner Patrick Magaud, l'ouvreur des jeunes après l'avoir été pour Sébastien Loeb et Sébastien Ogier, à l'issue d'une brillante carrière en majeure partie chez Citroën.

LBA : Comment voit-on la fonction d'ouvreur pour un jeune pilote ayant envie de se hisser au meilleur niveau ?

Patrick Magaud : «  Déjà, le but d'un ouvreur c'est de faire ce que le pilote nous demande, en l'occurrence, Vincent sait ce qu'il veut et sait ce qu'il fait et on essaie de lui apporter notre expérience. »

Par exemple ?

« Comme je l'ai fait pour nos ‘Sébastien’, j'ai retenu un peu les idées de partout, afin de les apporter à Vincent pour qu'il s'améliore dans ses notes et ainsi qu'il puisse profiter de l'expérience de nos deux champions du monde. »

La météo ce matin est bonne alors que vas-tu pouvoir repérer d'utile pour l'équipage ?

« Aujourd'hui il fait froid ; alors c'est surtout dans les premiers passages qu'il faut repérer les plaques d'humidité. Je vais signaler les zones de goudron noir, parce qu'avec trois passages en recos c'est vraiment compliqué de pouvoir tout noter. Sur les cordes qu'il a marquées, je vais voir s'il n'y a pas de pierres, pour pas qu'il vienne crever.Ensuite, pour les seconds passages, justement dans ces cordes il me faudra marquer les rails graviers, ou les rails terre. »

Tu fais cela avec quelle voiture ?

« Avec une Citroën, évidemment, parce que je suis marqué chevrons, en l'occurrence c'est la voiture de reconnaissance de Vincent. »

Si l'organisation FJ est remarquable, celle des familles Dubert-Coria ne l'est pas moins.

Les parents d'Alexandre prennent en charge les pilotes pour les conduire au départ, aller les voir aux points Stop des spéciales, quand cela est possible en fonction des horaires et de la distance.

Le clan Dubert, lui, se donne pour mission d'aller observer le passage des 10 premières voitures dans un maximum d'épreuves spéciales, ce qui nous vaudra d'effectuer de belles séances de navigation sur des routes étroites traversant des lieux superbes.

La prise de chronos partiels et l'observation fine de passages spécifiques : enfilades, épingles, virages serrés, freinages permettent à papa Dubert de transmettre aux ingénieurs des informations en vue de l'ajustement du mariage pneus/suspension sur la voiture de Vincent.

Assistance efficace

Lors d'un retour pour 40 minutes au parc d'assistance, quand les quatre voitures arrivent quasiment en même temps, le ballet des mécaniciens est spectaculaire et impressionnant.

Alexandre Cordia remet à Jean-Jacques la clé USB d'acquisition de données de la N° 5. Celui-ci, après avoir échangé avec Vincent Dubert, va s'abriter dans le camion PC pour décrypter les données. Les deux mécaniciens réalisent les opérations de maintenance normales, démontent les suspensions en attendant les instructions quant au choix décidés au final, en accord avec le pilote.

Marco ingé référent pour les suspensions, nous confie lors d'une assistance :

«  Ce qui est compliqué pour nous c'est que nous avons quatre voitures identiques mais aussi quatre pilotes différents, donc pour adapter chaque voiture à chaque pilote ça n'est pas évident. On a cependant la chance d'avoir une météo calme. »

Vincent nous donne son avis de pilote :

« Pour moi ce rallye est un peu délicat parce qu’on n’a pas beaucoup de repères. Ici au Charbo avec ces longs appuis c’est quelque chose assez délicat à maitriser  avec nos voitures qui vont extrêmement vite. Du coup, mon manque d’expérience sur la voiture, plus mon manque d’expérience sur le rallye, font qu’on manque aussi d’un peu de clarté quant aux axes sur lesquels travailler.

Au demeurant on a quelques idées pour corriger certaines petites imperfections au niveau des réglages. En pilotage aussi, on va regarder les acquis pour voir ce qu’il faudrait corriger et puis voilà. »

Jean-Jacques l’ingénieur chargé de la synthèse, sans s’emballer, nous confirme chercher à mettre la voiture de Vincent à un niveau lui permettant de faire les temps de ses concurrents directs. Il précise d’ailleurs : « Vincent est extrêmement pénalisé par son manque de roulage sur des terrains comme ceux du Charbo, tout à fait particuliers. »

Au fil des épreuves spéciales du samedi matin, nous observons que la Skoda N°5 semble se comporter un peu mieux, même si son efficacité demeure, à l’œil et au chrono, un ton en dessous des DS3.

Que ce soit Pierre Roché (10 Charbo au compteur) sur la N°4 ou Vincent sur la N°5 ou encore les N°12 et N°14 de Gal et Bect, les Skoda se montrent moins incisives, moins stables que la concurrence.

Avec Jean Galpin, team manager

Nous faisons un point avec Jean Galpin Team manager, avant que les autos ne repartent pour la dernière boucle du rallye, alors que l’on travaille à nouveau sur les Skoda revenues, comme à la parade, pour une assistance de 40 minutes.

LBA : Comment se passent les choses pour le Team FJ ?

Jean Galpin : « Cela se passe bien, ça se passe même très bien. Il faut bien savoir pourtant qu’en sports mécaniques la victoire se prépare à l’atelier, beaucoup plus qu’en course. On peut penser que nos 4 Skoda étaient bien préparées, puisque jusqu’à maintenant on n’a mis que de l’essence. »

D’accord, mais il  semble bien que les DS soient plus efficaces.

«  Pour l’instant, que ce soit en Mondial  ou dans les championnats nationaux, Skoda a tout gagné. C’est très clair, c’est pourquoi nous avons opté pour la carte Skoda. Si on prend aujourd’hui le Charbo,  c’est un Charbo particulier parce que parfaitement sec, on ne les a pas tous vous comme ça… C’est un terrain qui devient très spécifique  avec des vitesses de passage dans des courbes en quatrième ou en cinquième. »

On voit Pierre Roché très à l’aise sur ce terrain, et Vincent Dubert beaucoup moins, comment analyses-tu la chose ?

«  Vincent vient de la traction avant, de la culture terre. Au Touquet, vu les conditions de glisse il se trouvait à l’aise, là, il est un peu plus à la peine. Gros grip, température, vitesses plus élevées et un peu moins de connaissance du terrain, font qu’il se cherche un peu. Vincent est un garçon intelligent, c’est un bon pilote. Jusque-là, il a pensé beaucoup plus aux réglages de son auto qu’à son propre pilotage. On l’a écouté pour essayer de lui mettre au point une voiture, qui lui convenait. Nous n’y sommes pas parvenus complètement. Là, on lui met copie conforme du set-up de Pierre (Roché) ainsi, avec ce même set-up, on aura un résultat qui sera ce qu’il sera, mais au moins nous donnera matière à réflexion pour la suite. »

Encore 4 spéciales

Ainsi, avant les dernières spéciales de l’après-midi, les mécaniciens s’appliquent à régler de manière identique la N° 5 de Vincent Dubert et la N° 4 de Pierre Roché.

Ce dernier, assez décontracté nous assure :

«  L’objectif raisonnable c’est de garder cette cinquième place là, de garder la seconde place au trophée Michelin. Devant il y a deux WRC qui tirent pas dans la même catégorie et deux R5 qui sont des pilotes officiels quasi intouchables, on est bien où on est. C’est un vrai plaisir quand on a une bonne auto, bien réglée et qu’il fait beau on ne peut prendre que du plaisir. »

Pourtant, il tapera dans la spéciale redoutable de Marchampt et son plaisir s’évanouira d’un coup.

Vincent Dubert, quant à lui n’avait rien dit à personne. Pourtant, suite à un coup de froid lors des essais, il n’était pas trop en forme. Pâle et affaibli il avait avalé quelques cachets avant se relancer dans les quatre dernières spéciales.

Le classement étant globalement figé les deux compères Alexandre et Vincent décidèrent donc avant tout, de ne pas faire de bêtises mais aussi de se donner un peu de plaisir avec de beaux passages pour le public. Les dernières spéciales leur permirent de confirmer une huitième place au rallye, assortie d’une quatrième au championnat de France et, cerise sur le gâteau, de prendre la tête du trophée Michelin.

Comme pouvaient le dire en chœur les deux amis, ce rallye reste malgré tout très positif avec une voiture sans souci, malgré quelques difficultés de réglages.

Gageons que l’analyse fine des données et des temps permettra de trouver pour l’Antibes un peu plus d’efficacité quant à l’accord pneus/suspension, notamment grâce à une analyse fine  des températures des pneus en fin de spéciale, lors d’essais à venir. En effet, pour savoir comment travaillent réellement les suspensions, le meilleur indicateur demeure la température des gommes. Ensuite, il est certain que Vincent sait dans quelle direction il doit aller pour adapter son pilotage à une quatre roues motrices. Il s’efforce de progresser également dans la compréhension du travail des suspensions en se formant techniquement à ces aspects fondamentaux, qui nous l’avons bien vu, ont dominé toutes nos observations et mobilisé l’équipe technique sur ces trois jours fabuleux que nous avons vécus au sein du team FJ.

Le rallye a été remporté par David Salanon (Ford Fiesta RS WRC). Désormais quadruple vainqueur de l’épreuve, il devance Yohan Rossel (DS 3 R5) et Yoann Bonato (DS 3 R5), longtemps en lute pour la victoire. Suivent Franck Lions (DS 3 WRC), Jérémi Ancian (Ford Fiesta R5), Charles Martin (Peugeot 208 T16 R5), Patrick Rouillard (Porsche 997 GT3 Cup) puis Vincent Dubert (Skoda Fabia R5).

Alain Monnot

Texte et photos

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Pour résumer

Une invitation à suivre la 69ème édition du Rallye Lyon Charbonnières totalement immergé dans le team FJ ne se refuse pas. D'autant moins d'ailleurs, que cela nous donnait l'occasion de voir évoluer au plus près Vincent Dubert, jeune espoir français. Après une étape WRC, suivez-nous dans les coulisses d'un Rallye France.

Alain Monnot
Rédacteur
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