Qualifications

Comme souvent cette saison il a fallu attendre les qualifications pour savoir qui était le plus rapide. Cette fois, c'est Audi qui a décroché la pole avec la no8 où Di Grassi et Jarvis, motivés comme jamais, ont brûlé la politesse aux deux Porsche, la no2 devant la no1, et l'autre Audi no7. Les deux Toyota ont été plus en retrait. En LMP2, Alpine tout auréolée de son titre ne lâchait pas le morceau pour autant et échouait pour deux petits centièmes face à l'Oreca du G Drive Racing... avant que celle-ci ne soit déclassée, offrant la pole à la voiture bleue.

Le GTE Pro et le GTE Am revenaient à Aston Martin, bien revenus après avoir été dominés par le duel Ford Ferrari en début de saison. En GTE Pro, c'était la Vantage no97 de Adam-Turner et en GTE Am la no98 de Dalla Anna-Lamy-Lauda qui prenaient les honneurs.

Course

Après un tour de de parade rien que pour elles en forme d'hommage, où les Audi R18 suivaient la voiture de sécurité, les deux bolides d'Ingolstadt bondissaient pour ne plus être rejoints durant six heures et se disputer la première position entre elles. La no8 et la no7 se sont partagées la tête de l'épreuve, échangeant les positions au gré des aléas des ravitaillements et des neutralisations. C'est finalement la no8 de Di Grassi, Duval et Jarvis qui passait la première sous le drapeau à damier, devant la la no7 de Fässler, Lotterer et Tréluyer.

Les deux Porsche n'ont rien pu faire pour aller chercher les Audi, et là encore l'ordre d'arrivée a été dicté par les aléas de l'épreuve. En l'occurence la no2 de Dumas, Jani et Lieb n'a jamais pu refaire son retard après une crevaison suite à un contact dans la première heure, alors que la no1 terminait troisième derrière les deux R18. Cela permettait à Mark Webber de savourer le champagne pour la dernière fois en WEC, ajoutant encore à la charge émotionnelle de cette cérémonie du podium. Les deux Toyota, après plusieurs courses passées au rythme des meilleures, accusaient à Bahrein une certaine baisse de forme et le pari de l'équipage de la no6 de prendre le titre pilotes ne pouvait prendre forme. Ce sont donc bien Romain Dumas, Neel Jani et Marc Lieb qui remportent la couronne de champions du monde, couronnant une belle saison dont le point d'orgue fut la victoire aux 24 heures du Mans.

Les champions LMP2 n'ont pu, eux, ajouter un nouveau podium à leur total. L'Alpine no36, pourtant en tête durant la majorité de l'épreuve, s'est faite déborder lors du dernier relais par les duellistes du G-Drive Racing sur l'Oreca no26 et la Ligier no43 RGR Sport, souvent en bagarre pour le LMP2 cette saison, ainsi que par la Ligier Tequila Patron/ESM no31. Il est intéressant de noter que dans les deux voitures qui terminaient aux deux premières places se trouvaient deux pilotes de l'effectif Audi, René Rast et Filipe Albuquerque, ajoutant au triomphe final du constructeur qui achevait à Bahrein son règne sur l'endurance.

Aston Martin emporte la catégorie LM GTE Pro avec Nicki Thiim et Marco Sorensen sur la Vantage V8 no95, raflant du même coup in extremis les titres pilotes et constructeurs. La saison ne fut pas de tout repos pour les Anglais, longtemps dominés par les Ferrari et les Ford mais qui ont su, à la faveur d'une redistribution de la balance de performance, profiter de leurs atouts quand il le fallait. Il n'en reste pas moins que la catégorie GTE Pro a fait l'objet cette saison de trop de débats hors de la piste, et qu'il faudra à l'ACO beaucoup de sagesse la saison prochaine pour bien gérer les choses, sachant que se rajoute à l'équation et la complique la nouvelle Porsche 911 RSR et sa révolution architecturale.

La 911 RSR 2016, elle, termine sa carrière avec une victoire en GTE Am avec le succès de la no88 du Proton Racing de Khaled Al  Qubaisi, David Heinemeier Hanson et Patrick Long. L'Aston no98, à cause d'une casse moteur, a dû abandonner la course en même temps que ses espoirs de titre qui revient à la Ferrari no83 de François Perrodo, Emmanuel Collard et Rui Aguas. C'est une belle récompense et une belle performance pour le gentleman driver breton et ses inséparables compagnons d'aventure, après un patient apprentissage au plus haut niveau de l'endurance.

Le rideau est donc retombé sur le WEC pour 2016 sur une note douce amère, l'hommage unanime au Docteur Ullrich et ses troupes qui rentrent définitivement au bercail ne pouvant cacher une certaine inquiétude face à l'avenir du WEC qui se retrouve à nouveau avec l'épée de Damoclès d'un retrait de constructeur au-dessus de son avenir. Il faut espérer que la lutte entre Porsche et Toyota sera belle pour redonner qui sait l'envie à un troisième larron de venir s'y frotter, même si le ticket d'entrée dans cette lutte technologique autant que sportive est plus élevé que jamais.

Crédit photos : Audi Sport, Porsche Motorsport, G-Drive Racing, Aston Martin Racing, FIA WEC

Résultat

WEC - 6 Heures de Bahrein - 19 novembre 2016