24 Heures du Mans 2016 : Warm-up mouvementé et incertitudes météo (interview)
par Alain Monnot

24 Heures du Mans 2016 : Warm-up mouvementé et incertitudes météo (interview)

Le warm up a été plus mouvementé que prévu et s'est terminé de façon abrupte par un drapeau rouge à dix minutes de la fin de la séance. Toutes les voitures n'ont pu tourner, et les temps sont peu significatifs. C'est l'Audi no8 qui a réalisé le meilleur temps.

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Décidément le public aime vraiment la course des 24 heures car malgré des rumeurs concernant des menaces terroristes circulant sur les réseaux sociaux la foule s'est pressée en masse pour assister à la parade des pilotes. Une douche malvenue dispersa les spectateurs en fin de défilé. Ce matin samedi, il fallait également pas mal de patience pour accéder au circuit en voiture. Heureusement la circulation piétonnière était largement favorisée à partir d'une station de tramway idéalement placée.

Pour tous les personnels des écuries, le réveil avait sonné fort tôt afin d'être tout à fait prêts afin de présenter les voitures pour le warm up à 9 heures.Il faut dire que la soirée avait été déjà bien longue pour les mécaniciens et l'on comprend déjà pourquoi cette course si particulière doit se préparer également au niveau de la résistance physique de tous les personnels des équipes. Chez Alpine où l'on a pu l'observer, ou chez Porsche par exemple où l'accès était rigoureusement interdit tout  laisse à penser que la procédure très scrupuleuse d'un contrôle systématique était pratiqué.

La course déjà (mal) lancée pour certains

Le warm up a déjà apporté son lot de surprises avec de nombreuses incartades hors piste de la part des pilotes, qui pourtant n'avaient qu'à vérifier le fonctionnement normal de leur auto, la faute à une piste encore humide par endroits. Paul-Loup Chatin est ainsi allé tâter du bac à graviers avec la Ligier JS P2-Nissan no23 du Panis-Barthez Competition, mais la sortie violente de David Cheng sur l'Alpine N°35, qui a entraîné la fin de la séance, a bien semblé compromettre la mise en grille de l'auto.  Il fallait voir la tête décomposée de Philippe Sinault pour comprendre le désarroi dans lequel toute l'équipe était plongée.  (Dernière minute : selon nos informations, la voiture va être entièrement reconstruite (fond plat, train avant, etc.) et devrait finalement être prête pour le grand départ des 24 heures du Mans 2016.)

Au final, les 45 minutes prévues pour le warm up n'ont pas été à leur terme pour cause de drapeau rouge suite à la sortie de l'Alpine, écourtant pour nombre d'équipes une préparation pourtant précieuse.

Une nouvelle fois les teams managers vont analyser les données recueillies et les informations  rapportées par les pilotes et les confronter avec les données météo afin d'arrêter les stratégies les plus adéquates.

A ce propos, il nous paraît opportun de présenter comment le directeur technique de Dunlop Jean-Félix Bazelin explique la situation des teams face à la météo.

LBA : Pour anticiper des choix délicats est-ce que Dunlop très fortement impliqué dans la catégorie la plus disputée des LMP2 dispose d'une météo imparable ?

Jean-Félix Bazelin : "Nous avons une météo comme tout le monde. Elle aussi précise et aussi spéciale que tout le monde. Elle est très bonne lorsqu'elle s'est montrée fiable et on la voue aux gémonies quand elle s'est trompée dans les prévisions. Malgré tout en vue de la course nous sommes dans des conditions très compliquées.

Comme il a plu beaucoup depuis plusieurs semaines, on se retrouve avec une piste nettoyée avec des conditions d'adhérences évolutives, au fur et à mesure que les voitures vont y déposer de la gomme. Alors l'équilibre des voitures va changer. Il ne faudra pas être surpris quand les pilotes en descendant de la voiture diront qu'ils n'ont  aucune adhérence. Puis, au fur à mesure que la course va se dérouler, ils nous diront que ça va de mieux en mieux. Nous savons que les réglages que nous avons prédéfinis avec les teams, ne seront pas idéaux au départ."

LBA : Comment corrige-t-on le tir?

Jean-Félix Bazelin : "Alors là, nous avons deux solutions. Soit on a suffisamment de connaissances quant aux réglages de la voiture pour se permettre de les 'bricoler' entre le début et la fin de la course, soit on a une petite idée du temps qu'il fera en l'occurrence il fera sec la plupart de la course . On sait donc que la piste reviendra à ce qu'elle était au standard, on donc va partir avec les réglages de base et l'on va souffrir un peu au début, pas vraiment au niveau des performances  mais plus au niveau du ressenti du pilote, qui se sentira un peu sur des œufs."

LBA : Chaque team bénéficie d'un conseiller Dunlop en direct ?

Jean-Félix Bazelin : " Nous avons un ingénieur dans chaque team, qui d'une part fait de la récolte objective de données (températures et pressions) et d'autre part connaît les commentaires du pilote (accès au réseau radio du team) et enfin, il entretient un  dialogue permanent avec l'ingénieur  de piste pour définir les stratégies. On est vraiment intégré dans les teams avec briefings avant, et après essais et course. Nous avons tous compris que l'un des paramètres de la réussite, c'était la bonne entente entre les ingénieurs châssis et nous."

LBA : Alors vous travaillez avec combien d'écuries, ici au Mans?

Jean-Félix Bazelin : "Nous avons 20 teams en LMP2 et un partenariat avec Aston Martin avec 2 GTE Pro et GTE Am. Nous avons également un contrat en LMP1 non hybrides (les deux Rebellion et la By Kolles)".

LBA : D'une manière générale en LMP2 quel temps de roulage envisagez-vous de faire?

Jean-Félix Bazelin : "On vise systématiquement des double-relais, des triples, voire des quadruples relais. Si on considère avoir une bonne maîtrise, on changera les pneus au bout de deux relais. Pendant le second round on se dira, on fait deux ou on fait trois relais. En général les quadruples relais, nous les jouons pour la nuit. Les choses sont un peu stabilisées et le pilote va bien maîtriser l'évolution de ses pneus."

LBA : Je suppose que vous appuyez toutes vos propositions de pneumatiques sur une base de données considérable?

"En cinq années où nous étions dominants en LMP2, nous avons engrangé un nombre de données énormes en particulier au Mans, puisqu'ici c'est l'équivalent de quatre courses du championnat. On connaît bien les données voitures. On connaît bien les données piste. On sait également caractériser les revêtements. Ensuite, avec toutes ces données on fait des modélisations, affinées  chaque  année, nous permettant d'affiner des choix. Cela permet de sérier les problèmes et de converger plus rapidement mais heureusement, il reste l'interprétation humaine."

A l'évidence, le paramètre pneumatique tient dans cette course mancelle une place prépondérante. Nous espérons que la direction de course ne se montrera pas trop timorée en lançant de safety cars à la première goutte d'eau sur la piste.

En LMP1 les pilotes se sont montrés plus sages et ont efficacement sans doute vérifié que tout était en place. Audi qui avait pu paraitre un peu tâtonner lors de la première séance de qualifications termine cette ultime séance devant une Toyota et une Porsche. Pour autant tout reste à écrire et un programme de courses bien charpenté va entretenir la flamme de la passion jusqu'à cette solennelle cérémonie de départ, à 15 heures.

Crédit photographique : Gilles Vitry et Dunlop Racing

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Pour résumer

Le warm up a été plus mouvementé que prévu et s'est terminé de façon abrupte par un drapeau rouge à dix minutes de la fin de la séance. Toutes les voitures n'ont pu tourner, et les temps sont peu significatifs. C'est l'Audi no8 qui a réalisé le meilleur temps.

Alain Monnot
Rédacteur
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