24 Heures du Mans 2016 : Ford le retour, en GT cette fois
par Alain Monnot

24 Heures du Mans 2016 : Ford le retour, en GT cette fois

Le Mans a toujours exercé une fascination sur les constructeurs, nous en avons encore la preuve cette année. Cinquante ans après une victoire historique (triplé), Ford remet le couvert en engageant - non pas dans la catégorie reine des LMP1 - quatre superbes et vrombissantes GT portant les numéros 66, 67, 68 et 69.

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Connaître l’histoire…

Il faut connaitre l’histoire pour mieux préparer l’avenir dit-on, généralement. De fait, l'histoire qui nous intéresse est légendaire : Après de longues négociations avec Enzo Ferrari pour le rachat de la marque italienne, Ford se voit abruptement rejeté. Furieux de cette manoeuvre des Italiens, Henry Ford II décide de venir défier les autos du Commendatore sur le terrain d’excellence des 24 heures du Mans.

Tous les moyens sont alors lancés dans ce challenge avec le recours à la conception assistée par ordinateur, une première à l'époque, et la mise en place d'une équipe de pointures : Eric Broadley, l'ingénieur de la Lola GT qui servira de base à la future Ford de compétition, John Wyer, l' ex-directeur du team Aston Martin qui a tout gagné, Bruce McLaren le génial pilote-ingénieur et Roy Lunn, le père de la Mustang qui deviendra celui de la GT40.

Le résultat des travaux est spectaculaire avec une auto basse, bien profilée et bénéficiant d’un châssis en acier, original et léger coiffé d’une carrosserie en fibre de verre. La Ford GT40 est née mais de là à ce qu’elle puisse gagner au Mans la route est encore longue.

Les essais, début 1964, s’avèrent laborieux. Malgré tout, trois Ford GT 40 confiées aux équipages Schlesser-Attwood, Hill-McLaren et Ginther-Gregory vont affronter crânement l’ennemi juré, Ferrari alignant quant à lui, trois exemplaires de sa 275 P. Les moteurs américains sont de gros V8 de 4,2 litres, alors que chez Ferrari on a eu recours à des V12 de 3,3 litres. Après un début de course où Ford fait illusion, les ennuis arrivent successivement sur chacune des Ford (incendie, transmission et boîte de vitesses), laissant Ferrari ramasser la mise.

En 1965, les toutes nouvelles Ford GT 40 MKII ne réussissent pas mieux à franchir l’épreuve du Mans, malgré six exemplaires engagés.

Il faut alors sans doute à la fois beaucoup d’abnégation et de volonté pour ne pas renoncer à vaincre ce sortilège du Mans. Effectivement, Ford très critiqué par la presse, repart néanmoins à l’assaut des 24 heures. Le prestige de cette course mythique agit comme un irrésistible aimant, il faut battre Ferrari et surtout, gagner Le Mans.

En 1966, Ford porte ses espoirs sur une nouvelle version de la GT40. Plus performante et plus fiable, elle semble taillée pour la victoire en terre mancelle, surtout après un triplé aux 24 heures de Daytona et un doublé à Sebring. Pas moins de treize de ces GT40 sont alignées au départ, face à onze Ferrari 330 P3.

Le big boss Henry Ford II a donné le départ, sans doute impatient de voir ses autos triompher. Ford attaque, Ferrari semble bien résister mais un carambolage élimine la Ferrari de Rodriguez-Scarfiotti, alors que les deux autres Ferrari de pointe sombrent pour des questions de transmission défaillante.

Les trois Ford GT40 MK II passent quasiment ensemble la ligne d’arrivée après une chevauchée fantastique à plus de 200 km/h de moyenne et marquent ainsi, un vrai jalon dans l’histoire de Ford et de la course automobile.

…Ecrire l’avenir

Même si Ford a encore gagné officiellement en 1967 avant de déléguer sa participation à des teams privés en 1968 et 1969, c’est bien ce cinquantenaire que la firme américaine entend célébrer ces 18 et 19 juin 2016. Cette fois ce sera en alignant quatre exemplaires de sa nouvelle Supercar GT en course, placés sous la houlette du Team Ford Chip Ganassi Racing, que la marque entend renouer avec sa légende, comme le précise d’ailleurs Bill Ford (Président Exécutif de Ford) :

 « Lorsque la GT40 a participé au Mans dans les années 1960, Henry Ford II a cherché à prouver que Ford pouvait battre les équipes de course des constructeurs les plus prestigieux. Nous sommes toujours très fiers d'avoir gagné cette course emblématique quatre fois d’affilée. L’esprit qui a guidé l'innovation de la première Ford GT continue de nous pousser encore aujourd'hui. »

Nous avons découvert les bolides lors des essais de début de saison sur le circuit Paul Ricard et avions été étonnés par les proportions impressionnantes de la bête de course. Avec 2 045 mm de large, et 4 763 mm de long l’auto en impose. En piste, la faible hauteur, seulement 1 030 mm, donne vraiment l’impression que la Ford GT est collée au bitume, nouvelle espèce entre la GT et le prototype. Avec un aérodynamisme très travaillé et un extracteur arrière généreusement dimensionné et un poids contenu à 1 310 kg grâce à l’usage de la fibre de carbone pour le châssis et la carrosserie,on pressent de belles choses en course.

Sur cette auto racée un tout nouveau moteur V6 Ecoboost suralimenté de 3,5 litres développant plus de 600 chevaux a permis, au team engagé avec deux autos en championnat WEC d’obtenir des résultats intéressants et en progression lors des deux premières courses 2016 , avec les places de 4ème et 5ème à Silverstone et de 2ème et 6ème à Spa, dans la catégorie GTE Pro.

Pour les 24 heures Ford double ses effectifs en appelant les autos qui courent aux Etats-Unis.

Le FORD CHIP GANASSI TEAM UK aligne :

- sur la N° 66 Olivier PLA FRA- P Stefan MÜCKE DEU- Billy JOHNSON USA

- sur la N°67 Marino FRANCHITTI GBR- Andy PRIAULX GBR-Harry TINCKNELL GBR

Le FORD CHIP GANASSI TEAM USA aligne :

- sur la N°68 Joey HAND USA-Dirk MÜLLER DEU-Sébastien BOURDAIS FRA

- sur la N°69 Ryan BRISCOE AUS-Richard WESTBROOK GBR-Scott DIXON NZ

Comme on peut le constater chez Ford on n’a pas fait les choses à moitié au niveau de la qualité des pilotes. Au sein du team la motivation n’a d’égale que celle de la firme, comme le confirme Chip Ganassi :

"Nous avons gagné des courses et des championnats, mais nous n'avons jamais couru Le Mans,” témoigne Chip Ganassi, le propriétaire de l'écurie. “Quelle équipe n’aimerait pas avoir la possibilité de concourir à la plus grande compétition automobile du monde avec la toute nouvelle Ford GT, et de célébrer ainsi le 50e anniversaire de l'une des victoires les plus légendaires de l'histoire de la course ? Ce sera un fantastique défi et nous ne pouvions pas nous y attaquer avec un meilleur partenaire que Ford"

Au regard de cette collaboration très internationale des pilotes, notons la présence de deux pilotes français : Sébastien Bourdais sarthois d’origine sera un peu l’homme de base de toute l’équipe. Il a participé directement au développement de la nouvelle Ford GT et a couru les dernières 24 Heures de Daytona avec l'allemand Dirk Müller. De plus, en prenant le départ des 24 heures pour la 10ème fois de sa carrière il sera en mesure de conseiller toute l’équipe sur ce qui peut constituer les spécificités de cette course si particulière, tout en collaborant à porter haut les couleurs du team sur la N° 68. On n'oubliera pas non plus le Toulousain Olivier Pla qui rebondit de belle manière après l'aventure avortée de la Nissan LM GT-R.

Les essais qualificatifs se sont bien passés pour la marque à l'ovale bleu, avec quatre autos dans le top cinq, un résultat qui a fait quelques vagues.

Ce défi de Ford, salué par le starter américain Brad Pitt, ne sera pas des plus faciles à gagner à cause d’une concurrence féroce, avec cette fois peut-être encore, Ferrari en empêcheur de tourner en rond comme ce fut le cas, dernièrement à Spa. L’histoire ne serait-elle qu’un éternel recommencement ?

Crédit photographique : 1-3-4 Gilles Vitry, 2 Ford

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Pour résumer

Le Mans a toujours exercé une fascination sur les constructeurs, nous en avons encore la preuve cette année. Cinquante ans après une victoire historique (triplé), Ford remet le couvert en engageant - non pas dans la catégorie reine des LMP1 - quatre superbes et vrombissantes GT portant les numéros 66, 67, 68 et 69.

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