Histoires parallèles : Lotus F1 et Caterham F1
par Joest Jonathan Ouaknine

Histoires parallèles : Lotus F1 et Caterham F1

Ashes to ashes, dust to dust. Avec le rachat par Renault, Lotus va disparaître de la F1. Un an après l'ex-"autre Lotus", Caterham F1.

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Ashes to ashes, dust to dust. Avec le rachat par Renault, Lotus va disparaître de la F1. Un an après l'ex-"autre Lotus", Caterham F1.

Les origines

Colin Anthony Bruce Chapman est un jeune homme bouillant. Il hésite entre un destin de mathématicien, de pilote d'avions, de commercial... Pour finalement s'orienter vers le sport auto. S'il fonde Lotus en 1952 et construit des voitures, c'est pour mieux financer sa carrière de pilote. Les débuts sont héroïques, mais très vite, Lotus s'impose. En 1958, le Team Lotus débute en F1. En 1959, Lotus Cars s'offre une usine, à Chestnut. En 1963, Jim Clark lui offre un premier titre en F1. En 1965, Clark double la mise et s'impose aux 500 miles d'Indianapolis. En 1966, Lotus Cars déménage à Hethel. La production de voitures dépasse le millier d'unités annuelles.

Le Lotus Cars des années 60-70 n'est ni un artisan comme TVR ou Marcos, ni un véritable constructeur comme Porsche. Une situation inconfortable qu'il paye cash lors de la crise pétrolière. La mort subite de Chapman, en 1982, tombe au mauvais moment. Après des années de flottement, GM rachète le constructeur. Son plan de relance (avec l'Elan) est un bide et il revend à Bugatti Spa. Ce dernier est un feu de paille. Mais grâce à lui, Lotus peut développer l'Elise. Puis Proton prend la suite. Néanmoins, les Malaisiens sont avant tout intéressés par les capacités d'ingénierie et les voitures de sport sont laissées en friche.

L'écurie de F1 connaît des résultats en dent de scie, dans les années 70-80. GM n'en veut pas et le Team Lotus devient indépendant. En 1991, GM songe pourtant à motoriser l'équipe avec un V12 Isuzu. Mika Hakkinen aurait explosé les chronos de la McLaren d'Ayrton Senna, en essais privés. Hélas, la crise japonaise tue le projet. L'écurie glisse en fond de grille et c'est la valse des pilotes "à mallettes". A l'hiver 1994-1995, le Team Lotus annonce son retrait de la F1.

David Hunt (petit frère de James) rachète l'usufruit du Team Lotus. Pacific F1 porte ainsi les couleurs de l'équipe avant de faire lui-même naufrage fin 1995. En parallèle, l'équipe court en GT avec des Esprit GT1, puis une Elise GT1. Chaque hiver, Hunt annonce qu'il a trouvé un budget pour revenir en F1, soit en montant une écurie ad hoc, soit en badgant une équipe existante, notamment BAR. Mais rien ne se concrétise.

Le retour

En 2008, Litespeed débarque en F3 avec son propre châssis, en fait construit par l'Italien ATR. L'équipe obtient un podium en British F3. Litespeed rêve de F1. Mike Gascoyne, viré par Force India, est justement au chômage. Pour convaincre la FIA, il faut un projet ronflant. Ils songent à employer le nom Lotus. Propriétaire d'Air Asia, Tony Fernandes connaît les arcanes de la politique malaisienne et donc de Proton. Le voilà mandaté par Litespeed. Fernandes se prend au jeu. Une fois l'imprimatur de Lotus/Proton en poche, il fonde Lotus Racing et demande à Gascoyne de lui dessiner une F1. L'équipe débute en 2010, aux côtés de HRT et de Marussia.

Entre temps, Dany Bahar a pris les commandes de Lotus Cars. Venu de Ferrari, il veut dépoussiérer la marque. Une de ses solutions, c'est le branding : offrir des autocollants "Lotus" à des équipes. Du jour au lendemain, le constructeur se retrouve ainsi présent en F3, GP3, Indycar, WEC... Les relations entre Fernandes et Proton se dégradent. Lotus veut monter un projet concurrent avec ART Grand Prix. Pendant ce temps, le mystérieux fond Genii Capital s'offre la partie "châssis" de Renault F1. Un accord est trouvé avec Lotus Cars pour 2011 : l'ex-Renault GP portera la robe noir et or de Lotus.

Succès

Fernandes ne s'avoue pas vaincu. Il part chercher David Hunt et lui achète l'usage de "Team Lotus". Lotus Cars crie au parasitisme, alors qu'il y a deux "Lotus" sur la grille 2011. Fernandes gagne face à Lotus Cars. Puis Gascoyne gagne face à Force India qui l'accusait d'avoir copié sa voiture 2009.

Au printemps, Fernandes s'offre Caterham. Le modeste artisan est métamorphosé. Il voit ses exportations musclées. Fernandes rachète un bureau d'ingénierie, il s'implique en GP2, en karting, sponsorise une WEC, rêve de motos... En 2012, Caterham et Alpine s'associent pour créer une voiture de sport. Pour certains analystes, Caterham finira par balayer Lotus !

La saison 2011 des "noir et or" débute par une très mauvaise nouvelle : Robert Kubica, son pilote N°1, se blesse grièvement. Le peu véloce Bruno Senna le remplace. Le département marketing est heureux de voir un "Senna" chez Lotus. Et c'est bien le seul. En 2012, Lotus réussit un coup de maitre : sortir Kimi Raikkonen de sa retraite. "Iceman" squatte les podiums. Il s'impose à Abu Dhabi et joue le titre jusqu'en fin de saison. Le Finlandais inaugure 2013 par un second succès. Pendant ce temps, Lotus Cars fait naufrage. Mais Genii s'en tient suffisamment loin pour éviter les remous.

Then It got worse

En 2012, le Team Lotus devient Caterham F1. L'équipe reste engluée en fond de grille avec les autres "nouveaux". Fernandes s'impatiente. Alors qu'elle était un modèle de stabilité, l'équipe connait plusieurs révolutions de palais et les pilotes valsent. En 2014, le projet avec Alpine capote. Fernandes s'est trouvé un nouveau dada, le football. Caterham F1 est priée de marquer des points, sans quoi, il change de crémerie. Au printemps, il y a des rumeurs de ventes, qui se concrétisent à l'été. L'ex-pilote de F1 Christijan Albers devient le nouveau patron ; il est la face émergée d'un "consortium d'investisseurs".

De leur côté, Lotus F1 et Genii sont régulièrement suspectés d'être en faillite. A l'automne 2013, Raikkonen claque la porte, faute d'être payé. Le mystérieux fond Infinity Racing achète des parts à Genii, avant de se rebaptiser Quantum Motorsports (pour ne pas être confondu avec Infiniti.) Pastor Maldonado est recruté, en lorgnant sur les deniers de son sponsor PDVSA.

La fin

A l'automne 2014, Caterham F1 n'est plus qu'un théâtre d'ombre. Albers serait l'homme de paille d'un projet roumain, Forza Rossa. Les Roumains ont sans doute sous-estimé le montant nécessaire pour maintenir l'ex-Caterham F1 à flot. En Russie, Kamui Kobayashi roule avec des triangles de suspension rafistolés. Les huissiers saisissent l'usine. Les patrons se volatilisent. Constantin Cocojaru, le balayeur (et ex-footballeur international) se rend seul au tribunal de commerce. L'huissier finance un déplacement à Abu Dhabi (pour la finale) en revendant une partie du matériel. Il dit avoir "des repreneurs". Personne ne se matérialise et le reste des actifs est dispersé au printemps 2015.

Lotus F1 ne va guère mieux. Début 2015, Eric Boullier, "team principal" et N°2 de Genii, part chez McLaren. Gérard Lopez, N°1 du fond, doit s'improviser chef d'équipe. L'équipe est désormais motorisée par Mercedes (suite à des impayés chez Renault ?) Charles Pic, Jolyon Palmer, Adderly Fong et Carmen Jorda sont "pilotes de développement" moyennant finance mais seul l'Anglais roule effectivement. Lopez déclare que Renault veut reprendre l'équipe. En Hongrie, Pirelli menace de ne plus lui livrer de pneus. En Belgique, Pic fait saisir le matériel, faute d'avoir eu ce pourquoi il a payé.

Et donc, début décembre, Renault rachète officiellement Lotus F1. Les tests post-saisons d'Abu Dhabi marquent donc la dernière apparition des "noir et or".

Crédits photos : Caterham (photos 1, 9 et 11), Ford (photo 2), Renault Sport (photos 3, 7 et 8), Alex Zanardi (photo 4), Renault Sport UK (photo 5), Lotus (photo 6) et Lotus F1 (photos 10 et 12.)

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Pour résumer

Ashes to ashes, dust to dust. Avec le rachat par Renault, Lotus va disparaître de la F1. Un an après l'ex-"autre Lotus", Caterham F1.

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