Essai Audi SQ5 : feu d'artifices
par Cedric Pinatel

Essai Audi SQ5 : feu d'artifices

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Sur le papier, l'Audi SQ5 possède à priori tout pour dégoûter le puriste. Il présente une combinaison absolument impensable il y a encore moins d'une décennie, même pour les fans de la marque aux anneaux : pour la première fois dans l'histoire du constructeur et de sa division sportive, il propose d'accoler la lettre « S » sur la poupe d'un SUV. Un SUV qui embarque aussi un gros moteur diesel. Vous le détestez déjà ? Attendez quand même de voir comment ce Q5 très musclé compte s'y prendre pour vous enfumer.

En ces temps compliqués pour l'industrie automobile européenne, le travail du responsable marketing d'Audi est sensiblement plus facile que celui de chez PSA, Opel ou de la quasi-totalité des grands groupes généralistes. Au sein d'une armada Volkswagen déjà relativement hermétique à la crise, la marque aux anneaux n'en finit plus de progresser partout dans le monde. Dans la gamme Audi, tous les modèles ou presque se vendent très bien mais le Q5 garde une position particulière. Dès sa sortie en 2008, il s'est imposé comme le modèle le plus facile à vendre que ce soit en Europe, aux Etats-Unis ou dans le reste des marchés clés d'Audi.

Plus que les berlines ou que n'importe quel autre membre de la gamme, le Q5 est un hit commercial monumental et dépasse ses objectifs de vente avec une facilité étonnante. On comprend donc pourquoi son restylage de mi-carrière est aussi anecdotique : le changer plus en profondeur ne présentait absolument aucun intérêt. Audi a collé à ce Q5 nouvelle version des optiques modifiées, une calandre à peine différente sur les bords, des boucliers un chouïa remodelés et puis c'est tout. L'habitacle reçoit lui aussi son lot d'améliorations techniques habituelles, évidemment.

Une lettre en plus

Audi s'est décidé à franchir le pas du sport dans sa famille de SUV. Quelques années après le très exclusif Q7 V12 TDI, ses modèles hauts sur pattes reçoivent enfin des déclinaisons marquées des fameuses lettres d'or de Quattro GmbH. Le Q5 gagne un S et son petit frère Q3 vient de passer au traitement RS. Les SUV sportifs semblent de toute façon dans l'air du temps puisque BMW et Mercedes disposent depuis longtemps de déclinaisons M et AMG sur leurs modèles, mais c'est la première fois qu'on descend en gamme vers des SUV plus compacts.

Alors que le Q3 RS se contente de reprendre la motorisation des TT-RS et autres RS3 dans une variante légèrement moins puissante, le SQ5 préfère verser dans l'artillerie lourde non conventionnelle. Aux Etats-Unis, il est proposé avec un V6 TFSI de 354 chevaux proche de celui de la S4, mais Audi lui a aussi donné un bloc spécial Europe. Chez nous en France, il n'est proposé qu'avec un V6 3,0 litres diesel de 313 chevaux et 650 Nm. Le même que sur le haut de la gamme A6.

En terme d'aspect extérieur, la face avant se fait à peine moins discrète que sur un Q5 équipé du pack S-Line. Le badge SQ5 sur la partie gauche de la calandre rappelle qu'on n'a pas affaire à un Q5 TDI. Tout du moins, pas à un Q5 TDI d'entrée de gamme (sic). La poupe est plus distinctive avec deux doubles sorties d'échappements qui encadrent un diffuseur et là aussi, le badge SQ5 mais cette fois accompagné du logo TDI (sic bis). Entre ça et les grosses jantes de 21 pouces sur notre modèle d'essai, le SQ5 fait donc quelques petits efforts pour asseoir visuellement son statut d'engin sportif mis au point chez Quattro GmbH.

Pareil à l'intérieur où le petit S se montre sur le bas du volant et le levier de la boîte automatique. Pour le reste, on retrouve l'habitacle du Q5 avec sa planche de bord sobre et bien finie. Comme sur le reste des versions, l'espace à bord et généreux à l'avant et suffisant à l'arrière. Un peu moins raffiné que dans un A6 Allroad certes, mais difficilement critiquable que ce soit au niveau de la qualité perçue ou de l'ergonomie.

Tonnerre sur les terres brûlées

Nous avons pu essayer ce nouveau SQ5 sur les terres (brûlées) du Connemara en Irlande, un cadre où la qualité des routes est inversement proportionnelle à la beauté des paysages. En traversant les petits villages de la région, notre SUV sait faire preuve de douceur, l'inverse eut été ballot dans une Audi à vocation sportivo-familiale. On s'y sent comme dans un Q5 normal, à quelques détails près : l'amortissement semble un peu plus ferme et la sonorité étonne. Feutrée en mode confort, elle est déjà loin d'un mazout standard lorsqu'on se contente de rouler paisiblement.

Attendez de sortir de la ville et de passer le Drive Select en mode Dynamic. Là, c'est l'hallucination totale. Plein gaz, vous découvrez que votre SUV vulgairement mazouté est capable de bondir aussi fort qu'une BMW 650i, dans un grondement absolument surréaliste. Les ingénieurs de la marque aux anneaux ont dû passer des nuits blanches sur le système acoustique de l'engin, le résultat est sidérant puisqu'en conduite sportive, ce V6 BiTDI de 313 chevaux à double turbo diffuse un son de V8 façon muscle car. Le pouvoir d'accélération est impressionnant, Audi annonce un 0 à 100 km/h en 5,1 secondes c'est à dire plus rapide qu'un Range Rover de 510 chevaux, qu'un Mercedes G63 AMG de 544 chevaux ou même que l'ancien Q7 V12 TDI et ses 500 chevaux. C'est simple, seuls les BMW X5/X6 M, Mercedes ML63 et autres versions haut de gamme du Porsche Cayenne sont capables de le battre sur un sprint en ligne droite. Pour un SUV relativement compact, c'est unique au monde en tout cas.

Dans sa valeur maximale, le couple est quasiment aussi élevé que dans une M5 ou une E63 AMG mais ici, il s'obtient forcément plus bas dans les tours. Oubliée la pauvre petite A1 Quattro (256 chevaux) qui nous accompagnait sur cet essai, sitôt la pédale de droite enfoncée au volant du gros SQ5. Au delà de la montagne de muscle développée par le TDI, l'auto n'est même pas mauvaise lorsqu'il s'agit de partir à l'assaut des routes défoncées du Connemara. Le freinage se montre suffisamment efficace (au début en tout cas), la boîte automatique à huit rapports surprend par sa réactivité en mode manuel, les suspensions font un travail monstre pour absorber les énormes irrégularités de la route dont le nombre impressionnant d'affaissements avait vite fait de mettre l'A1 Quattro en butée. Malgré ses deux tonnes et sa physiologie de SUV, cet engin se tient étonnamment bien en mode attaque totale sur les côtes irlandaises.

J'ai honte de le dire, mais j'ai réussi à prendre du plaisir au volant d'un SUV diesel. La conjonction de la fausse sonorité V8, des performances du moteur et de la rigueur de comportement offre un cocktail qu'on n'imaginait pas en observant ce Q5 affublé d'un badge TDI depuis l'extérieur. Encore moins si vous le regardiez de face avec le moteur tournant : c'est le seul angle où le système de retouche sonore ne parvient pas à masquer les claquements vulgaires de la motorisation diesel.

L'offre et la demande

Si vous avez la fibre intégriste, vous n'aurez sans doute aucune attirance pour cette Audi S pas comme les autres. Le SQ5 fait en tout cas l'effort de justifier sa lettre S par des aptitudes dynamiques vraiment étonnantes. Pour le reste, c'est peut-être le modèle sportif Audi le plus rationnel, commercialement parlant. Même à 69 900 euros, on imagine que la marque aux anneaux n'aura pas beaucoup de mal à mettre en avant ses performances spéciales et son niveau de consommation relativement faible (6,7 litres/100 km annoncés, nous avons difficilement dépassé les 13 litres aux 100 en le cravachant au maximum dans le Connemara). Les Audistes passionnés préféreront sans doute se contenter d'un Q5 d'entrée de gamme pour une utilisation familiale / utilitaire, et tartiner la route avec un TT-RS le week-end. Et si vous êtes intéressé par ce SQ5 aux prestations particulières, pensez aussi à l'A6 Allroad BiTDI équipé de la même motorisation, à peine plus chère et encore plus confortable.

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